Chapitre 12.2 - Vera

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Première étape, changer de vêtements. Je dois être l'une des seules à porter du blanc ici. C'était soi-disant pour que je supporte mieux la chaleur de la cité, mais je ne suis pas dupe. On me repère beaucoup mieux ainsi.

Terminé ! Je remercie en silence les braves Khapys qui ont étendu leur linge un peu plus tôt. Il est encore un peu humide et un peu grand, mais je m'en contenterai. J'ai opté pour une tenue à motif chocolat et doré. Plus je me fondrai dans le décor, plus difficile sera la tâche d'Hori pour me retrouver.

J'aurais éprouvé une once de culpabilité vis à vis de mon geôlier s'il avait accepté de s'ouvrir à moi. Mais étant donné... Bref. Je chasse toutes ces vilaines pensées et me reporte sur mon nouvel objectif : trouver une foule.


C'est là que je me rends compte que je n'ai jamais vraiment été intégrée dans Khapyphis. J'ai toujours été (surveillée) accompagnée, on ne m'a pas donné l'occasion de m'adapter. Apprendre la langue, les coutumes, à faire la connaissance de Khapys... Mais bon, étant donné leur faible ouverture vers le monde extérieur, je doute que l'accueil touristique puisse être aussi chaleureux que le climat.

Ce n'est donc pas le moment d'ouvrir la bouche. Je dois à tout prix me fondre dans la masse.


C'est raté. Les regards insistants qu'on me lance à tous les coins de rue me rappellent que la cité n'est pas si grande que ça. Par conséquent, tout le monde se connaît. Évidemment...

Changement de plan. J'accélère la cadence pour trouver mon père.

Je pars à sa recherche dans tous les endroits fréquentés sur lesquels je tombe. Je cours partout. Je ne donne ainsi pas le temps aux Kaphys de me dévisager.

Une bonne heure plus tard, toujours aucune trace de mon père. Or, ma tenue n'est plus humide, mais trempée. Je ne dois cependant pas m'arrêter, Hori est toujours sur ma trace. Et il suffirait que je me fasse remarquer plus de cinq minutes au même endroit pour retourner en cage.

Je suis sur le point de rentrer dans une sorte de « café » où on sert un de ces substituts infâmes, quand un signal sonore retentit à travers l'intégralité de la cité. S'il s'agit d'un signal d'alerte, il est drôlement efficace, pas comme nos sirènes d'alarme. Ici, c'est l'effervescence totale. Si bien que je fais tâche en plein milieu, à tous les regarder prendre une direction bien précise.

Personne ne se concerte. Personne ne parle (ou ne crie). Chacun semble savoir ce qu'il a à faire. L'organisation à Khapyphis ne cessera jamais de me surprendre. Comment ne pas être admirative d'une chose pareille ? Je décide néanmoins d'admirer en suivant le mouvement... Sait-on jamais.


Moi qui cherchais une foule, je suis servie ! J'aimerais prendre de la hauteur pour estimer combien nous sommes a avoir convergé sur cette énorme place. Ça serait également plus simple pour distinguer un certain visage familier. Aussi familier puisse-t-il demeurer après six ans.

En attendant, me voilà coincée au milieu d'une tribu d'inconnus. Ils regardent tous dans la direction d'un porte-parole devant un écran énorme. J'y prête vaguement attention. De toute façon à quoi bon ? Je ne comprends pas un traître mot de khapy. Et quelque chose me dit que c'est le moment ou jamais de parvenir à mes objectifs, la tournure des évènements me confirmant les propos de Hori : quelque chose de grave se trame ici, effectivement.

Je me fraye des petits passages à travers la foule. Les Khapys n'y prêtent même pas attention. Une chance pour moi dans leur malheur. Je ne sais même pas vers quel endroit je me dirige, mais je finirai bien par sortir de ce troupeau.

KhapyphisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant