Chapitre 7.1 - Hori

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La jeune femme a été placée dans un siège adapté à sa morphologie, dans une pièce spécialement aménagée. Là encore, les murs ne sont pas vraiment des murs, et nous observons depuis l'extérieur les médecins lui injecter une drogue puissante, composée de diverses substances qui influenceront sur son agressivité et sa coopération, entre autre, en agissant sur certaines zones du cerveau.

Les avantages de cette méthode, c'est qu'elle ne présente aucun danger pour le sujet et permet d'obtenir des résultats extrêmement satisfaisants.

Le désavantage, comme me l'a appris Ounamon plus tôt, serait donc qu'on passerait à côté de beaucoup d'informations importantes, simplement en ne posant pas les bonnes questions, en rangeant le caractère du sujet en arrière-plan et en n'ayant pas accès aux données non-conscientes ?

Ça me paraît quand même énorme. Je n'avais jamais remis en cause la fiabilité de cette méthode d'interrogatoire. Là...

Bon. J'imagine que les données que nous recueillerons pourraient tout de même se révéler capitales, mais on passera forcément à côté de quelque chose, non ?


Ounamon me fait signe, interrompant mes réflexions :

— Hori, à toi. Vous ne serez que trois dans la pièce, la fille incluse... L'interrogateur ne sera pas extrêmement visible, mais toi si. Il posera les questions... Et c'est sur toi que l'attention de la fille se focalisera. Même si ça n'aura aucune influence massive sur elle, il lui restera probablement quelque chose et ça pourrait nous servir...

— Où est-ce que je me place ?

— À droite de l'interrogateur, en retrait, vers la porte. Debout.

Pas étonnant. Mais rester debout des heures, voire des jours entiers, ne me pose aucun problème.

Un homme de petite taille me fait signe d'approcher de la porte. Il me présente à l'interrogateur et nous entrons ensemble dans la pièce.


Sombre. Ils ont créé une ambiance sombre, sans être froide. Elle doit aider à ce que le sujet se focalise le plus possible.

La fille semble détendue. Tranquille. Elle nous regarde entrer sans rien faire, elle se contente de nous fixer du regard. Mais dès que l'interrogateur s'assied, dans un coin sombre, elle ne fixe plus que moi. Je m'appuie contre le mur, bien droit, à côté de la porte.

Et l'interrogatoire commence.


Une heure. Nous avons — enfin, l'interrogateur a— mis une heure pour obtenir les informations personnelles de cette femme. Juste les choses comme son nom, âge, et autres. Rien encore sur l'expédition elle-même, ni quoi que se soit sur sa vie. Je commence à comprendre pourquoi les interrogatoires peuvent présenter des marges d'erreurs dans les résultats, ou plutôt des absences de résultats. Elle met beaucoup plus de temps à répondre, j'en suis sûr, que normalement. Et il lui arrive de ne carrément pas répondre si la question n'est pas formulée très précisément.

Mais rien que cette heure nous a déjà appris tellement de choses... Enfin, probablement aux autres. Je les sens s'agiter derrière les murs. La voix de l'interrogateur a même vibré d'excitation à un certain moment. Pour ma part, c'est un peu le néant.

À part que l'interrogatoire se déroule maintenant en français, qu'elle est archéologue, qu'elle a vingt ans et qu'elle s'appelle Vera Perez, je ne sais toujours pas grand-chose sur elle.


C'est durant les heures qui suivent que je commence à comprendre. Forcément, ils ne peuvent pas déduire grand-chose, ni attendre de Vera qu'elle déballe tout. Il doivent donc cibler leurs questions, et tirer des conjonctures avec les réponses obtenues et ce qu'ils savaient déjà.

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