Et si jamais c'était possible ? [BoyxBoy]

Une vérité trop lourde à supporter

C'est dix-huit heures. J'attends depuis deux heures devant le lycée à la recherche de Gabriel. Je sais qu'il finit maintenant et qu'il va pas tarder à sortir du lycée. Pourquoi je l'attends ? J'ai un rictus faible et triste : parce que je fais pitié. Je peux pas m'en empêcher. Je veux savoir ce qu'il se passe et qui il va voir ce soir. Je veux être sûr, comprendre et dans le fond j'espère clairement me tromper. J'espère secrètement que tout était un malentendu, parce que si c'est le cas, ça signifie que je peux peut-être le récupérer et que tout n'est pas perdu sinon c'est qu'il se foutait royalement de moi et qu'il ne m'a jamais aimé. Je renifle et sèche une larme qui perlait aux coins de mes yeux.

- Oh !

J'aperçois Gab. Je regarde mon portable et fais semblant de taper quelque chose dessus. Je suis mort de froid. Mes doigts me brûlent, mon nez est tout gelé et je sens même plus mes orteils à force de l'attendre. Vous me direz, ouais je suis con d'avoir attendu deux heures dans le froid. Je le sais, je suis bête mais j'avais pas la force de bouger pour être honnête. Je me sens lessivé et complètement mort. Gab regarde sur son portable, un petit sourire naît sur son visage ce qui me fait mal. Le voir sourire avec quelqu'un d'autre que moi, m'ennuie, me tracasse et est déchirant. Je me faufile entre les élèves et me glisse assez loin derrière Gab pour le suivre discrètement. J'enfourne mes mains gelées dans mes poches et remonte mon écharpe sur mon nez. Celle que Gab m'a offerte. Elle porte encore son odeur...

- Yoongi !

Je sursaute et me retourne violemment. Jin me sourit et me fait signe. Je regarde derrière moi, Gab est toujours visible mais il s'éloigne. Merde, j'ai pas le temps là !! Il s'approche rapidement de moi.Je commence à paniquer. Avant même qu'il n'arrive à mon niveau, je m'empresse de parler :

- Désolé, pas le temps !

Et je pars dans la direction opposée pour ne pas perdre Gabbriel de vue. Je ne sais pas où il va donc je suis clairement obligé de le suivre. Je suis désolé pour Jin, je l'ai laissé comme un con mais j'avais pas le temps ! J'espère surtout que Gab a pas entendu qu'il m'a appelé... Sinon, tout est foutu. Il va s'énerver, être froid et violent et je pourrais pas savoir ce que je veux savoir. Je m'enfonce dans mon manteau pour cacher le plus possible mon visage. Je doute que ça marche bien mais je peux pas faire mieux en fait. Je fixe le dos de Gab et me sens tristounet. Il amène son portable à son oreille et je l'entends à peine :

- Ouais, j'arrive... Mmh... ouais j'ai réussi, donc je pense que ça marchera. Fais pas tout capoter steup'... Ça va être à toi de prendre les dessus là, je vais en avoir besoin.

Je fronce les sourcils et suis pris d'un haut le cœur. Je veux pas savoir de quoi il parle, plutôt c'est plus fort que moi, je m'imagine automatiquement des choses suite à la dernière chose qu'il a dit avant de raccrocher. Des larmes remontent à mes yeux. Mais merde Yoongi sois un homme et arrête de pleurer ! Je sèche mes larmes et le suis d'un pas peu assuré et tremblant. On arrive dans une rue plus fréquentée que la précédente. Il y a des boutiques, des cafés, restaurants, ce genre de choses quoi. Il marche d'une façon si assurée et provocatrice à la fois ce qui me décroche un petit sourire rapidement effacé quand il traverse la route mais que moi je ne peux pas car le feu est rouge et que les voitures circulent. Je soupire et reste de ce côté de la rue, en le fixant. Il sourit de toutes ses dents et se dirige vers un jeune gars qui lui fait signe. Alors, c'est lui ? Je tremble plus fort et mon cœur commence à me faire mal. J'ai peur de ce qu'il va se passer, de ce qu'ils vont faire ou non et tout ce qui va avec. Je serre mes poings dans mes poches et les fixe sans oser respirer.

- Du calme...

Je me dis ça pour moi-même, histoire de me redonner un peu de courage pour affronter ce que je vais voir. Je dois savoir. Je déglutis péniblement. Gab est devant le mec. Ils se sourient et rapidement deviennent très proche. Mes yeux manquent de sortir de leurs orbites. Ils se tournent légèrement et mon muscle vital manque de s'arrêter.