De prime abord, sa proposition m'avait parue un peu surprenante à tel point que, l'espace d'un instant, je m'étais même demandée si ce n'était pas un moyen détourné et un peu original de me faire venir chez lui ce soir. Si je pouvais légitimement m'interroger, je m'étais pourtant vite raisonnée, songeant qu'un tel comportement ne collait pas du tout avec le personnage.
Alex Mavri était en effet bien trop fier et bien trop sûr de lui pour employer de telles méthodes. Il me semblait être le genre d'homme qui assumait ses envies et n'allait pas par quatre chemins pour dire ce qu'il voulait vraiment. Aussi, je pensais que, s'il avait souhaité m'inviter chez lui, il me l'aurait tout simplement demandé directement. Bien sûr, il y avait le fait qu'il soit mon professeur qui pouvait l'inciter à la prudence et le pousser à cacher davantage ses intentions à mon égard, mais je ne le voyais pas fuir ses responsabilités pour autant.
Bon sang ! Qu'est-ce que je racontais ? Avec tout ça, ce n'était plus un film que j'étais en train de tourner dans ma tête mais carrément toute une saga. Je parlais comme si j'étais certaine qu'il s'apprêtait à me proposer un rencard. C'était très présomptueux pour ne pas dire plus, complètement fantaisiste. Mais c'était surtout oublier une autre explication à sa curieuse invitation qui était sans doute beaucoup plus proche de la réalité : il avait juste voulu me rendre service. Peu m'importait au fond car je ne m'imaginais pas une seconde sonner à sa porte pour lui réclamer le séjour dans sa salle de bain qu'il m'avait gentiment offert.
Les ouvriers de l'entreprise chargée par mon bailleur de remplacer mon ballon d'eau chaude défectueux étaient finalement arrivés en fin d'après-midi et le moins que je puisse dire était qu'ils ne m'inspiraient pas vraiment confiance.
Quand je les avais fait entrer, c'était tout juste s'ils avaient daigné me saluer, trop absorbés qu'ils étaient par leur débat passionné sur les favoris du championnat de France de football. Je leur avais indiqués la salle de bain dans laquelle se trouvait l'appareil qui faisait des siennes puis je les avais laissés se mettre au travail. A peine quelques minutes plus tard, j'entendais déjà un vacarme assourdissant qui me faisait craindre l'état dans lequel ils étaient en train de mettre la pièce. Sans parler des cris d'horreur qu'ils poussaient chacune des nombreuses fois où il leur arrivait de faire une erreur dans leurs travaux. Ils ne s'illustraient clairement pas par leur professionnalisme et j'avais du mal à croire que je pourrai me doucher à l'eau chaude dès ce soir. J'avais raison.
Après plusieurs heures de labeur, les deux galériens des tuyaux se présentèrent finalement devant moi pour m'annoncer le bouche en coeur qu'en dépit de toute la bonne volonté qu'ils avaient mise à la tâche ils n'avaient pas pu terminer l'installation du nouveau ballon d'eau chaude et qu'il leurs faudrait donc revenir le lendemain pour le faire. Concrètement, cela signifiait que la salle de bain restait totalement inutilisable.
Je m'en trouvai absolument hors de moi et je ne me gênai pas pour leur témoigner mon mécontentement. Je m'époumonai ainsi durant de longues minutes à dénoncer leur incompétence mais eux, très loin de s'en émouvoir, se contentèrent d'un pitoyable « désolé » en guise de réponse avant de s'éclipser aussitôt après, me laissant seule avec ma colère et ma consternation.
Ils avaient réussi à me gâcher la soirée. Je suspectais que ce ne soit encore un mauvais coup de ce tortionnaire de Monso. Ça ne m'étonnerait pas qu'il ait fait exprès de choisir ces incapables pour me pourrir la vie encore un peu plus qu'il ne l'avait déjà fait. En tout cas, si c'était bien lui qui avait organisé cette mascarade dans le seul but de me démoraliser, c'était réussi. Je l'étais complètement, démoralisée.
Tandis que je ruminais encore ma frustration, je me souvins de la proposition d'Alex Mavri et je la reconsidérai. Au point où j'en étais, je n'avais rien à perdre alors je m'emparai d'une serviette et de mon nécessaire de toilette, et je filai jusqu'au palier voisin au mien. Je sonnai et patientai le temps que mon beau professeur vienne m'ouvrir.
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Love and Justice
RomanceQue seriez-vous prêt à sacrifier par amour ? Votre travail ? Votre ambition ? Votre honneur ? Vos fiançailles ? Votre famille ? Et a-t-on le droit d'aimer n'importe qui ? Jusqu'où Alex Mavri, jeune professeur en droit privé et spécialiste du droit...