Chapitre 38 (Maelie)

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_ Je suis sincèrement navré des paroles que j'ai pu tenir l'autre soir mais vous devez savoir que chacun des mots que j'ai prononcés avait pour seul but de mettre un terme aux soupçons d'Elodie. Aussi, je vous fais la promesse que je ne pensais aucun d'entre eux, me dit-il d'un ton qui sonnait atrocement faux à mes oreilles.

Il était trop docile pour être honnête et je ne pus me retenir de laisser échapper un sourire ironique tant sa défense me semblait ridicule.

_ Des promesses et encore des promesses. Il n'y a pas qu'en droit pénal que vous êtes doué. Vous l'êtes aussi pour vous moquer du monde. Mais laissez-moi vous dire une bonne chose. Peut-être que ce genre de petit discours parfaitement maîtrisé fonctionne avec les autres mais ça ne sera jamais le cas avec moi. La seule vérité qui vaille, c'est que votre comportement à mon égard est totalement inadapté. C'est pourquoi, désormais, je ne veux plus avoir affaire à vous de quelque manière que ce soit en dehors de l'université. Je vous demande donc de me laisser tranquille. C'est bien compris ?

Je ne lui laissai même pas le temps de répliquer. Je fis un pas de côté afin de m'éloigner de lui et me pressai d'escalader les quelques marches qui me séparaient encore de mon étage. Pas une fois je ne me retournai pour juger de sa réaction. Mais je me plaisais à penser qu'il était demeuré stoïque, sous le choc de ma mise au point.

En quelque sorte, j'avais la conviction d'avoir pris ma revanche sur lui. Et je devais reconnaître que j'en avais d'abord ressenti un bien fou. Cela dit, passé l'euphorie de ce modeste triomphe, je m'effondrai littéralement en prenant soudain conscience des conséquences potentielles de notre accrochage et du fait qu'il risquait bien d'avoir valeur de fin de non-recevoir.

En réalité, j'avais tout sauf envie de prendre mes distances avec Alex Mavri. Il avait d'ailleurs commencé à me manquer presque immédiatement après que j'avais franchi le seuil de mon appartement. C'était donc peu dire que j'allais trouver le temps long si je devais me résoudre à l'ignorer durant toute une année. Pourtant et même si je savais que ce serait difficile, j'étais intimement convaincue que c'était encore la meilleure chose que je puisse faire.

Il était évident que les sentiments que j'éprouvais pour lui n'avaient rien de très sains et je songeais donc qu'il me fallait les faire disparaitre au plus vite si je ne voulais pas m'infliger des souffrances inutiles.

Avec sa prestation de l'autre soir, il avait réussi à doucher toutes mes illusions. Alors autant faire que cela serve à quelque chose. Je n'avais qu'à puiser dans la rancune immense que je ressentais pour lui la force nécessaire pour m'affranchir de l'attraction qu'il exerçait sur moi. Mais, pour y parvenir, encore fallait-il que je coupe complètement les ponts avec lui. A ce sujet, il était bien entendu que je ne pouvais rien changer au fait qu'il était mon professeur pour le semestre ni même au fait qu'il était mon voisin (sauf à déménager mais c'était une solution à peu trop radicale à mon goût). En revanche, je pouvais au moins tâcher de réduire au maximum nos rapports.

Par conséquent, je pris une décision douloureuse mais que j'espérais fondatrice dans ma quête d'émancipation amoureuse. Je me saisis de mon ordinateur et commençai à rédiger un mail destiné à Alex Mavri et dans lequel je manifestais ma volonté de renoncer à notre travail en commun sur mon mémoire. Pour être tout à fait honnête, je le faisais un peu à regret mais il était important que je joigne les actes aux paroles pour lui montrer que mon recadrage était on ne pouvait plus sérieux. De toute façon, je trouverai bien un autre directeur de mémoire.

Toujours aussi déterminée, j'envoyai mon message.

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