Chapitre 37 (Alex)

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A défaut d'avoir pu la voir à l'université, j'avais fini par croiser Maelie dans la montée de la résidence ce qui avait eu de quoi m'étonner quelque peu car je la pensais cloîtrée chez elle et occupée à se soigner. De toute évidence, elle n'allait pas si mal que ça. En réalité, elle se portait même comme un charme et je compris que son absence à mon cours n'avait strictement rien à voir avec un hypothétique coup de froid qui l'aurait clouée au lit comme l'avait pourtant prétendu son amie.

Ma première intuition selon laquelle il existait peut-être un lien entre sa défection matinale et les évènements de ces derniers jours était en fait la bonne. J'en avais eu la confirmation brutale lorsque j'avais voulu lui présenter mes excuses pour lui avoir fait vivre une rencontre agitée et inoubliable (dans le mauvais sens du terme) avec ma future femme. Elle s'était alors braquée brusquement et elle était entrée dans une colère noire qui m'avait laissé stupéfait. Abandonnant toute retenue, elle m'avait livré ce qu'elle avait sur le coeur et le moins que je puisse dire était qu'elle n'avait pas été tendre.

Bien sûr, elle avait de bonnes raisons de s'en prendre à moi mais je n'aimais pas le ton qu'elle avait employé. En fait, je ne comprenais pas qu'elle se soit emportée à ce point. Je me doutais bien qu'elle avait assez peu goûté de se retrouver sous les feux nourris d'Elodie qui n'avait de toute évidence pas brillé par sa délicatesse. Mais je trouvais qu'il était exagéré de m'en tenir pour seul responsable. Après tout, j'avais été aussi surpris qu'elle de voir ma fiancée débarquer chez moi à l'improviste. Comment au juste étais-je censé le prévoir ?

Un peu échaudé, je projetai de la recadrer, la rappelant au respect qu'elle me devait. Pourtant, ça n'eut pas pour effet de l'impressionner ni même de la calmer. Au contraire, elle repartit de plus belle. Et alors je compris enfin ce qui la mettait en rogne exactement.

« Ah oui le respect ! Parlons-en. Parce-que vous vous me respectiez peut-être quand vous vous fendiez d'un discours grandiloquent devant votre fiancée pour lui expliquer combien vous l'aimiez et combien je ne vous inspirais que de la pitié ? Oui, la pitié. C'est le mot que vous avez utilisé. »

Et mince ! Je ne savais pas comment mais elle avait tout entendu de ma conversation musclée avec Élodie. Partant de là, ce n'était pas étonnant qu'elle m'en veuille. De prime abord, mes propos avaient ce petit quoi de rabaissant qui était en réalité uniquement destiné à amadouer ma fiancée car, sans cela, elle n'aurait jamais cessé ses allégations d'infidélité. Bien sûr, je ne pensais pas un mot de ce que j'avais dit ce soir-là mais, ça, Maelie l'ignorait et l'en convaincre n'était pas gagné.

A force de jouer de mensonges, j'étais parvenu à me la mettre à dos et il allait me falloir ramer sans doute un bon bout de temps avant qu'elle ne me pardonne les termes déplorables en lesquels j'avais parlé d'elle. Je les regrettais tellement. Je voyais bien que je l'avais blessée. Ça n'avait jamais été mon intention et je m'en sentais terriblement coupable. Aussi, je cherchais un moyen de me rattraper. Mais la tâche était ardue pour ne pas dire plus, presque impossible.

A cet instant, j'aurais tant voulu lui dire toute la vérité. Mais je ne le pouvais pas. Les sentiments que je ressentais pour elle m'étaient interdits. J'étais un homme sur le point de se marier et j'étais aussi son professeur. J'avais bien trop à perdre pour me risquer à lui confier, qu'en réalité, je m'étais épris d'elle. En fait, j'étais même terrifié à l'idée de le lui avouer. Alors, usant de lâcheté, j'oeuvrai à faire que mon secret en reste un et me contentai d'une réponse bateau dont j'étais tout à fait conscient qu'elle ne suffirait sans doute pas à me réhabiliter auprès d'elle.

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