Cette première journée dans l'enseignement s'était plutôt bien passée. Hormis un accrochage ou deux avec des étudiants de licence qui avaient visiblement du mal avec le sens du mot silence, elle s'était déroulée sans encombres. Mais si je devais retenir ne serait-ce qu'une chose de cette rentrée universitaire c'était Elle, la fille de l'ascenseur.
Elle était donc étudiante en Master. Aussitôt que je l'avais revue je m'étais trouvé chanceux de pouvoir me laisser fasciner par sa beauté encore une fois mais j'avais aussi goûté à une pointe de déception de la savoir là, dans cet amphithéâtre. Je ne m'expliquais pas le pourquoi de cette déception. Ou plutôt si, je savais déjà, tout au fond de moi, quelle en était la raison mais je n'étais certainement pas prêt à me l'avouer. C'était peut-être pour ça que j'avais pris soin de ne surtout pas lui dire un mot quand je l'avais croisée avec quelques unes de ses camarades à la fin de mon cours. Elle non plus ne m'avait rien dit d'ailleurs. Et pourtant j'aurais tant voulu entendre le son de sa voix.
De toute évidence, j'avais fait mine de l'ingorer et elle aussi. La concernant je n'en savais rien mais pour ma part mon indifférence n'était guère autre chose qu'une posture. C'était bien là ce qui m'inquiétait car mon intérêt pour elle n'avait rien de très classique ni de très souhaitable compte tenu du fait que j'étais un homme fiancé mais surtout que je savais désormais qu'elle était mon étudiante.
En tâchant de combattre son souvenir qui ne me lâchait plus, je courus jusqu'à ma voiture pour tenter d'échapper aux trombes d'eau qui tombaient du ciel. Je gaspillai de précieuses secondes à chercher mes clés et quand je les trouvai enfin j'étais totalement trempé. De quoi me mettre hors de moi.
Quel temps de merde, fustigeai-je encore tandis que j'avançais avec prudence sur des routes détrempées et à travers un rideau de pluie si épais qu'il me fallait me coucher littéralement sur mon volant pour voir où je mettais les roues. Heureusement que je n'avais que quelques kilomètres à parcourir pour rentrer chez moi parce-qu'avec de telles conditions météos c'était un coup à se foutre en l'air.
Tout au bout d'une longue ligne droite, j'aperçus une silhouette isolée qui marchait péniblement sur le trottoir. Je m'approchai et la silhouette se précisa dans la brume. C'était celle d'une femme qui tentait vainement de combattre le déluge avec son parapluie. Autant partir à la guerre avec une épée en plastique. Alors, pris d'un élan de sympathie qui ne me ressemblait guère, je m'arrêtai à sa hauteur et lui fit signe de monter. Elle ne se fit pas prier et se pressa dans mon véhicule.
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Love and Justice
RomanceQue seriez-vous prêt à sacrifier par amour ? Votre travail ? Votre ambition ? Votre honneur ? Vos fiançailles ? Votre famille ? Et a-t-on le droit d'aimer n'importe qui ? Jusqu'où Alex Mavri, jeune professeur en droit privé et spécialiste du droit...