Chapitre 26 (Alex)

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J'ouvris la porte et je tombai littéralement des nues.

_ Élodie ! Mais qu'est-ce que tu fais là ? m'écriai-je avec un air
presque horrifié.

Avant même de me répondre, elle se jeta dans mes bras pour m'embrasser amoureusement. Encore sous le choc, ce fut tout juste si je fus en mesure de lui rendre ses baisers.

Ma fiancée. Ici. Ce soir. Et Maelie qui était dans ma salle de bain. J'avais soudain l'impression de vivre le scénario catastrophe.

Je ne devais laisser Élodie entrer chez moi sous aucun prétexte sous peine d'encourir un drame conjugal. Raté. Lorsqu'elle me libéra enfin de son étreinte, elle s'engouffra dans mon appartement sans me laisser le temps de faire quoi que ce soit pour l'en empêcher. Une fois à l'intérieur, elle me lança, débordante d'enthousiasme :

_ Tu te rappelles la surprise dont je t'avais parlé ? Et ben voilà !

Des gouttes de sueur perlaient sur mon front, mon coeur s'emballait et mon souffle se faisait plus haletant tandis que l'angoisse me gagnait.

Je tendis l'oreille. Je n'entendais plus l'eau couler. Maelie avait vraisemblablement fini de se doucher. Elle allait sûrement sortir d'une minute à l'autre. La situation était critique. Je devais vite trouver une parade pour éviter d'avoir à affronter ce qui serait sans doute un véritable cataclysme. 

_ Ah ça pour être une surprise c'en est une...

Tandis qu'elle se délestait de sa veste et du sac de sport qu'elle portait en bandoulière, abandonnant tout ce fardeau sur mon canapé, elle me confia :

_ Au fait, je suis navrée de ne pas t'avoir prévenu mais, sinon, ça n'aurait plus été une surprise. Et puis, de toute façon, je ne pouvais pas le faire parce-qu'il se trouve que j'ai réussi à oublier mon téléphone à Paris en partant ce matin.

Ceci expliquait pourquoi elle ne me répondait pas.

_ En effet, je me suis un peu inquiété...

_ Oh c'est trop gentil ! Mais maintenant que je suis là tu peux être rassuré, me dit-elle tout naturellement dans un sourire.

« Rassuré ». Ce n'était pas vraiment le terme que je choisirais pour qualifier mon état actuel.

_ Et comment tu as fait pour venir avec le travail ? la questionnai-je ensuite.

_ Figure-toi que mon chef m'a miraculeusement donné ma journée et, comme je suis aussi de repos ce week-end, je me suis dit que j'allais en profiter pour faire un petit coucou à mon futur époux. Alors ? Elle n'est pas géniale mon idée ! me répondit-elle avec entrain.

_ Si si ma chérie... dis-je en tâchant de ne pas trop trahir le fait que je jugeais en réalité son idée très mauvaise.

Comme elle ne me trouvait pas assez démonstratif à son goût, elle me dit d'un ton de réprimande :

_ Cache ta joie. Je m'attendais tout de même à un peu plus d'emballement de ta part. Tu es content de me voir au moins ?

_ Bien sûr... Évidemment... m'empressai-je de répondre en essayant de dissimuler autant que faire se peut la panique qui me guettait et qui se faisait chaque seconde un peu plus pressante.

_ Tu es tout pâle, tu es sûr que ça va ? me demanda-t-elle finalement, voyant que je n'avais pas bonne mine. 

_ Ne t'en fais pas, je vais parfaitement bien.

En réalité, ça n'allait pas. Ça ne pouvait pas aller puisqu'elle venait sans le savoir de me tendre un guet-apens et que je n'avais pas la moindre idée de comment en sortir. Je devais trouver une solution et vite car, j'en étais persuadé, ce n'était qu'une question de secondes avant qu'elle ne découvre le pot aux roses.

L'éloigner de chez moi. Bien sûr. C'était là que se trouvait mon salut. Je me dépêchai donc de lui proposer une sortie en amoureux :

_ Que dirais-tu d'un dîner romantique pour fêter nos retrouvailles ?

Je venais tout juste de manger alors une escapade gastronomique était bien la dernière chose qui me fasse envie. Mais peu m'importait car l'essentiel était de trouver de quoi faire quitter les lieux au plus vite à Élodie.

_ Oui, tiens. Pourquoi pas ? répondit-elle, visiblement emballée.

L'espace d'un court instant, je me crus sorti d'affaire. C'était aller un peu vite en besogne. Je n'allais pas tarder à le comprendre à mes dépens.

Sûr de mon fait, j'attrapai la veste d'Elodie et plaçai ma main sur le bas de son dos pour l'inviter à me suivre jusqu'à l'extérieur de l'appartement. Je tenais le bon bout. Plus que quelques pas à accomplir...

Soudain, un éclat de verre sur le sol et ce furent tous mes plans qui se brisèrent.

Élodie se stoppa net et jeta sur moi un regard semblable à celui d'un inspecteur de police qui venait de démasquer un coupable. Elle me questionna d'un ton accusateur :

_ Il y a quelqu'un chez toi ?

_ Non, feignis-je, pensant naïvement pouvoir encore nier l'évidence.

_ Dans ce cas, d'où vient ce raffut qu'on vient d'entendre ?

_ Quoi ? Quel raffut ? De quoi tu parles ?

_ C'est ça, prends-moi pour une conne !

Elle me bouscula d'un violent coup d'épaule pour m'écarter de son passage et se dirigea tout droit vers la salle de bain. A présent totalement affolé, je me lançai à sa poursuite. Je tentai de la retenir en l'attrapant par le bras mais, inarrêtable, elle se dégagea de mon emprise. Alors je ne pus l'empêcher de commettre l'irréparable.

Elle ouvrit la porte de la salle de bain et entra.

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