J'étais enfin parvenu à calmer Élodie mais à quel prix ? Bien sûr, le fait de m'être réconcilié avec elle me déchargeait d'un certain poids mais je n'aimais pas la manière que j'avais employée pour ce faire. J'avais dû lui mentir. Encore une fois. Je m'en trouvais honteux mais, en même temps, c'était un mal nécessaire pour éviter que le mauvais coup que m'avait fait le hasard ne vienne réduire à néant ce lien si précieux que nous entretenions.
Dans quelques mois à peine, je me trouverai à ses côtés devant l'autel, prêt à lui dire oui pour la vie. Ce devait être un pas immense de franchi dans mon existence. Je tenais là une occasion peut-être unique de me construire cette famille qui m'avait tant manqué et dont j'avais toujours rêvé, et de prendre une belle revanche sur mon douloureux passé que me hantait depuis de bien trop longues années. Je ne pouvais donc pas décemment prendre le risque de devoir faire une croix sur cet avenir prometteur en avouant à ma future femme que j'en pinçais pour une autre. C'eut été totalement inconscient et parfaitement stupide.
Je n'avais pas à me sentir coupable. J'avais fait ce que j'avais à faire. Ni plus ni moins. Et puis, comme on dit, la fin justifie les moyens. J'avais toujours appliqué cet adage à la lettre et je n'allais certainement pas en démordre maintenant.
Ce week-end en amoureux improvisé avait beau avoir très mal commencé, il s'était dans l'ensemble plutôt bien passé. En apparence au moins, nous avions su en profiter comme l'aurait fait n'importe quel couple sur le point de se passer la bague au doigt. Notre dispute n'était plus qu'un lointain souvenir et Élodie ne m'avait plus reparlé de cet épisode embarrassant. A croire que tous ses soupçons avaient miraculeusement disparu. En somme, tout semblait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes. Pourtant, je sentais bien que quelque chose clochait. Et ça n'avait rien d'un détail.
Aussi terrible qu'il soit pour moi de l'admettre, je croyais que je n'étais plus amoureux d'Elodie. En effet, au cours de ces deux jours que j'avais partagés avec elle, pas une seconde je n'avais éprouvé cette sensation grisante que provoquait l'amour. Jamais mon coeur n'avait trouvé matière à s'emballer. Jamais l'euphorie de nos débuts n'était revenue m'envahir. Jamais les frissons n'avaient gagné ma peau.
Je me lassais de nos conversations qui me semblaient toujours tourner autour de la même chose. J'écourtais nos étreintes quand j'aurais normalement dû souhaiter qu'elles se prolongent encore et encore. Je restais atrocement insensible à ses baisers. Et, ce qui était sans doute le pire de tout, je n'avais plus aucun désir pour elle. C'était à tel point que je m'étais même mis à douter d'être capable de lui faire l'amour. J'y étais finalement parvenu mais je préférais taire le comment du pourquoi. Être contraint de penser à une autre pour réussir à honorer sa future femme, cette expérience avait été proprement insupportable à vivre.
Il y avait donc de quoi se poser des questions. Mais il était trop tôt pour tirer des enseignements et, de toute façon, je n'en avais pas le courage. Je préférais me dire que la désaffection que je ressentais pour Élodie n'était que passagère et que tout finirait bien par rentrer dans l'ordre. Après tout, peut-être n'était-ce que le fait de la distance qui nous séparaient ou bien le stress du mariage qui s'annonçait. J'aurais aimé pouvoir m'en convaincre mais je savais bien que c'eut été me voiler la face car je connaissais déjà la véritable cause de ma confusion. Elle avait un nom. C'était Maelie Aurano.
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Love and Justice
RomanceQue seriez-vous prêt à sacrifier par amour ? Votre travail ? Votre ambition ? Votre honneur ? Vos fiançailles ? Votre famille ? Et a-t-on le droit d'aimer n'importe qui ? Jusqu'où Alex Mavri, jeune professeur en droit privé et spécialiste du droit...