Chapitre 13 (Maelie)

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J'avais guetté des jours durant ma boîte de réception mais rien. Je n'avais pas reçu l'ombre d'une réponse d'Alex Mavri. Ma patience atteignait ses limites et je commençais à me demander si je ne devrais pas rapidement trouver un plan B. Seulement, je risquais de me heurter à un problème. Presque une semaine s'était déjà écoulée depuis la réunion de début de projet et le nombre de sujets disponibles avait fondu comme neige au soleil. Bien sûr, il en restait quelques uns mais je n'avais aucune envie de consacrer des centaines d'heures à plancher sur le thème de l'affacturage ou des clauses de réserve de propriété. Je songeais d'ailleurs qu'aucun étudiant ne saurait sûrement se résoudre à s'infliger un tel ennui.

Cela dit, je n'allais peut-être pas avoir le choix car le temps filait et je ne pouvais pas attendre éternellement que Mr Mavri daigne se manifester.

Mais pourquoi était-il si long à me répondre ? Évidemment je savais qu'il était un homme très occupé entre ses cours, ses recherches et les conférences qu'il devait donner ici où là pour faire un peu grimper sa rémunération qui, sans cela, devait être d'une modestie effrayante pour quelqu'un de son acabit. Mais quand même. Il pourrait faire un effort car écrire un mail n'avait rien d'une tâche pharaonique.

Son silence prit fin un samedi matin et le fait de voir, presque miraculeusement, apparaître la notification de sa réponse sur l'écran de mon téléphone me fit l'effet d'une véritable libération. Mon euphorie n'avait pourtant pas duré et il avait suffi que j'ouvre son message pour qu'elle retombe aussi net.

Le contenu était d'une brièveté consternante. Il tenait en à peine quelques mots :

Bonjour,
Je suis navré de devoir refuser votre demande mais le sujet est déjà pris par l'un de vos camarades.
Vous souhaitant cependant des recherches fructueuses.
Cordialement,
Alex Mavri

Je n'y croyais pas. Je ne pouvais pas le croire. Il venait de m'envoyer sur les roses à la faveur d'une excuse ridicule qu'il avait mis près d'une semaine à trouver. Et dire que je le pensais intelligent. Pour le coup, il me faisait plutôt pitié.

Passée cette première réaction un peu épidermique, je me questionnai sur les raisons qui pouvaient le conduire à refuser d'encadrer mon projet de mémoire. La plus évidente était sans doute celle consistant à dire qu'il n'avait pas envie de s'embêter à diriger de tels travaux et qu'il n'avait glissé un sujet dans la liste mise à notre disposition par l'université que pour se donner bon genre. Du classique en somme. Il ne serait ni le premier ni le dernier enseignant à se comporter de la sorte.

Il y avait aussi une autre explication qui était de nature à m'embarrasser bien davantage : il ne voulait tout simplement pas travailler avec moi. Cette hypothèse m'était terrible à imaginer, d'autant plus que j'avais comme la douloureuse intuition qu'elle n'était pas si éloignée de la réalité. Mais qu'est-ce que j'avais bien pu faire pour qu'il me fasse subir un tel traitement ? J'ignorais la réponse à cette question autant que je la redoutais.

En revanche, j'étais sûre d'une chose. Alex Mavri se payait ma tête avec son histoire de sujet déjà attribué et j'étais bien décidée à le mettre face à ses responsabilités.

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