Chapitre 66 (Alex)

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Maelie ne perdait pas de temps. Nous avions à peine passé une nuit ensemble qu'elle voulait déjà savoir si j'étais prêt à m'engager avec elle. Au fond, je savais qu'elle cherchait simplement à se rassurer. C'était bien normal tant j'avais brillé par mon indécision ces derniers jours.

Comme, je l'imaginais, ce devait être le cas de beaucoup d'hommes, je n'avais pas un sens inné de l'engagement. Loin de là. Pour preuve, il m'avait fallu près de six ans pour demander à Élodie de devenir ma femme et il fallait croire que ça n'était pas encore assez puisque j'avais fini par la quitter. Alors dire à Maelie que nous allions former un jolie petit couple... D'ordinaire, je ne l'aurais pas fait. Au contraire, j'aurais pris mes jambes à mon cou. D'autant plus que j'étais encore fiancé à une autre femme il n'y avait pas si longtemps et que j'aspirais plutôt à une période de célibat qu'à vivre une nouvelle aventure amoureuse.

En toute logique, j'aurais donc dû fuir. Mais voilà. Je n'écoutais plus la logique depuis déjà un bon moment. Depuis que j'avais rencontré Maelie en fait. Rien d'étonnant donc à ce que je me sois fendu d'une nouvelle effusion sentimentale, et celle-ci avait été plus longue et plus vraie encore que la précédente. Que devais-je en déduire ? C'était évident, que j'étais complètement fou de Maelie au point d'être prêt à m'engager avec elle.

M'entendant le lui dire, j'avais vu Maelie se laisser gagner par l'enthousiasme. Aussi, je m'étais empressé de la tempérer car je ne tenais pas à ce qu'elle se fasse de fausses idées quant à mes réelles intentions :

_ J'aimerais vraiment pouvoir crier sur les toits que je t'aime. Mais ce ne serait pas raisonnable. Je crois que nous avons tout intérêt à nous aimer secrètement. Du moins dans un premier temps. Ensuite, nous aviserons. Tu veux bien ?

Elle n'avait émis aucune objection. Elle avait même semblé partager mon avis et j'étais soulagé de constater que nous étions sur la même longueur d'onde. Nous n'allions pas compliquer davantage une situation qui l'était déjà bien assez comme ça.

Les jours et les semaines qui avaient suivi, nous avions donc vécu notre amour cachés. A l'université, nous nous efforçions de garder toute la distance attendue dans une relation entre un professeur et une étudiante, et nous évitions à ce titre tout geste ou tout comportement de nature à trahir la véritable nature de nos rapports. Chaque fois que nous le pouvions, nous nous retrouvions le soir chez l'un ou chez l'autre et nous passions la nuit ensemble. Des nuits d'ivresse dont ni elle ni moi ne pouvions plus nous passer et qui étaient devenues si fréquentes que dire que nous habitions ensemble n'eut pas été exagéré.

Pendant un temps, nous étions ainsi parvenus à nous aimer à l'abri des regards et à nous satisfaire de cette double vie que nous menions. Cette période avait sans doute été la plus belle et la plus douce de ma jeune existence et, pour le première fois, je pouvais me targuer d'avoir été un homme heureux.

Si seulement il en était demeuré ainsi. Si seulement nous n'avions pas commis cette imprudence...

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