Chapitre 3 (Alex)

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J'y étais. La première rentrée universitaire de ma carrière de professeur. Je devais bien reconnaître que j'en ressentais une pointe d'excitation et de fierté même si je n'approuvais toujours pas qu'elle se fasse dans cette petite fac de province plutôt qu'à Paris.

Arrivé devant mon miroir, je ne pus que constater les dégâts qu'avait laissés la nuit courte que je venais de passer. Et pour cause, je ne l'avais pas consacrée à dormir mais plutôt à me disputer des heures durant avec Élodie.

Elle et moi étions ensemble depuis le lycée. Nous projetions de nous marier l'année prochaine et elle était tout aussi peu ravie que moi de mon affectation. A dire vrai, elle ne s'en était toujours pas remise. Et, hier encore, elle me reprochait avec véhémence de l'avoir acceptée. Je ne pouvais que la comprendre au fond. Je venais de lui faire ma demande en mariage et, quelques jours plus tard, je lui apprenais que je m'en allais travailler à plusieurs centaines de kilomètres de Paris. Elle avait de quoi se sentir frustrée. Je l'étais moi-même de me trouver si loin d'elle.

Au téléphone, j'étais finalement parvenu à la calmer en insistant bien sur le fait qu'elle me manquait atrocement et en lui réitérant ma promesse de rentrer la voir le plus souvent possible. Elle était infirmière et, avec toutes les gardes qu'elle devait enchaîner, elle n'aurait peut-être pas le loisir de venir me rendre visite ici.

C'était l'esprit occupé par ces considérations que je quittai mon appartement. Je me dirigeai vers l'ascenseur et, voyant que les portes de celui-ci étaient en train de se refermer, je pressai le pas pour arriver à temps et parvenir à m'enfiler à l'intérieur.

Une jeune femme s'y trouvait déjà. Sans même la considérer du regard, je me contentai de la saluer. Elle ne répondit pas, ne faisant que hocher de la tête ce que je sus car j'avais vu sa longue chevelure brune se secouer à ce moment-là.

Il y eut un court instant de latence. Puis, sans trop savoir pourquoi, j'en étais venu à jeter mes yeux sur elle pour ne plus parvenir à les décrocher de son visage. Elle était d'un charme pénétrant et d'une beauté déconcertante. Comme un paradoxe, elle dégageait une assurance évidente et en même temps une fragilité bouleversante. Elle était une curiosité, comme un mystère à explorer. Elle avait un regard d'une profondeur presque abyssale qui eut le don de me captiver et des lèvres délicieuses qu'aucun homme ne saurait se retenir d'embrasser s'il s'en voyait offrir l'opportunité.

J'ai continué à la détailler. Elle n'était pas très grande et elle avait une ligne superbe. Elle portait une petite veste en cuir qu'elle avait laissée ouverte sur un décolleté tout bonnement vertigineux sur lequel je ne pus me retenir de m'attarder. Et que dire de ses fesses dont je devinais les formes généreuses sous sa jupe. Elles étaient indécentes de perfection.

Cette fille avait tout pour plaire. L'impression qu'elle me fit était telle qu'après que les portes de l'ascenseur se soient rouvertes devant nous et qu'elle ait disparu dans la rue, je ne pus m'empêcher de penser à elle encore et encore. De ne penser qu'à elle. Et, bizarrement, ma dispute avec Élodie qui pourtant m'obsédait jusqu'alors semblait soudain avoir perdu toute son importance. Cela me troubla quelques peu d'ailleurs. Sans doute parce-que je savais déjà au fond de moi que cette rencontre n'avait rien d'anodine et qu'elle serait lourde de conséquences.

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