Chapitre 57 (Maelie)

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Je venais d'essuyer un refus mais je ne m'en sentais pas pour autant desespérée car il n'avait rien de ferme ni de définitif. En fait, j'étais à peu près certaine qu'Alex Mavri était à deux doigts de craquer. Il avait beau dire, il brûlait d'envie d'accepter ma proposition. J'avais pu le voir dans ses yeux. Et pour cause. Ils s'étaient littéralement illuminés lorsque je l'avais convié à venir dîner chez moi.

Il suffisait d'un rien pour qu'il change d'avis et j'étais bien résolue à trouver comment le faire basculer.

_ Sur ce, je vous laisse, me dit-il en commençant déjà à s'éloigner.

_ Attendez. Comme nous allons au même endroit, je viens avec vous, ajoutai-je en me lançant à sa poursuite.

_ Bien, si vous y tenez.

Je lui emboitai le pas et nous fûmes partis pour un bon quart d'heure de marche dans les rues du centre-ville alors encombrées d'interminables files de voitures. Durant tout ce temps, Alex Mavri ne dit pas un mot. Quant à moi, je ne fis rien non plus pour l'arracher à son mutisme. Je préférais le laisser ruminer sa frustration d'avoir refusé mon invitation car je ne doutais pas que c'était bien cela qui le préoccupait.

Il ne fut guère plus bavard une fois que nous fûmes arrivés à la résidence. Avant de pousser la porte de chez lui, il se contenta simplement de me saluer en faisant preuve d'une sobriété effrayante :

_ Ce fut un plaisir de boire ce verre avec vous mais que ça ne se reproduise pas. Je vous souhaite de passer une bonne soirée.

J'étais un peu amère qu'il m'ait quittée comme ça, d'une manière si indifférente. En fait,j'avais sans doute été un peu présomptueuse mais je croyais dur comme fer qu'il allait revenir sur sa décision quant à ma proposition. Je goûtais donc à une pointe de déception qu'il ne l'ait pas fait. Mais il en fallait plus pour me faire renoncer. Je n'avais pas encore rendu les armes. Loin de là. S'il ne me tombait pas dans les bras de son plein gré, j'allais devoir l'y contraindre en utilisant les grands moyens.

Je m'empressai de rentrer chez moi pour aussitôt filer à la cuisine. Je jetai un œil dans le frigo pour découvrir avec bonheur qu'il restait un peu du plat de farfalles aux légumes que je m'étais préparée la veille. Ça fera parfaitement l'affaire, songeai-je en m'en emparant. Après quoi, je dressai rapidement la table, prenant soin d'ajouter deux bougies histoire de donner un peu de chaleur à l'ensemble. Satisfaite, je courus jusque dans ma salle de bain. Je jetai un œil dans le miroir et en profitai pour mettre un peu d'ordre dans mes cheveux et recouvrir mes lèvres d'un peu de gloss. Je devais être parfaite.

Au comble de l'excitation, je quittai mon appartement et parcourus les quelques mètres qui me séparaient du palier voisin. Je sonnai à la porte et patientai quelques instants au cours desquels je tâchais de me souvenir de ce que j'avais à faire. Je comptais sur mes talents d'actrice sans même être certaine d'en avoir car je n'avais encore jamais joué la comédie comme je m'apprêtais à le faire.

Finalement, Alex Mavri ne tarda pas à venir m'ouvrir. Ça devenait presque une habitude mais il fut, une fois de plus, surpris de me voir. Quant à moi, pour couper court à toute hésitation, je lui dis, en prenant un air horrifié : 

_ S'il vous plaît, il faut vraiment que vous veniez voir. Je crois que quelqu'un s'est introduit chez moi.

_ Comment ça ? demanda-t-il à brûle-pourpoint.

Je renchéris, toujours aussi théâtrale :

_ Quand j'ai mis les pieds dans mon appartement, je l'ai trouvé littéralement sens dessus dessous. Quelqu'un est entré et a tout saccagé !

Histoire d'en remettre une bonne couche, j'improvisai une attaque de panique et, entre deux tentatives pour retrouver mon souffle, je lui lançai encore :

_ Je ne pouvais pas rester seule. J'avais trop peur. Et je ne savais pas qui aller voir. Alors je me suis dit que vous...

_ Aucun problème. Si ça peut vous rassurer, je vais venir jeter un coup d'œil. J'ose espérer que ça n'est pas une nouvelle tentative d'intimidation de votre bailleur sans quoi je peux vous assurer qu'il va m'entendre.

J'adorais quand Alex Mavri montait ainsi sur ses grands chevaux pour prendre ma défense. Et, surtout, je me réjouissais de voir qu'il venait de mordre à l'hameçon.

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