De retour de mon périple dans le sud, je n'avais pas pu m'empêcher d'aller frapper à la porte de ma voisine préférée. Il était tard, minuit passé, mais je voulais la voir. Après que j'eus sonné, plusieurs secondes s'écoulèrent sans que je n'obtienne la moindre réponse de sa part. Peut-être qu'elle dormait car, après tout, c'était ce que faisaient les gens au beau milieu de la nuit.
Non, elle ne dormait pas. Je pouvais entendre le bruit de la télévision qui tournait encore de l'autre côté de la cloison. Ou peut-être s'était-elle assoupie devant un programme soporifique comme les grandes chaînes en proposaient à foison.
Espérant obtenir plus de succès cette fois-ci, je sonnai une nouvelle fois. Je fis bien car Maelie vint enfin m'ouvrir.
_ Je sais qu'il est tard mais je ne pouvais pas me résoudre à aller dormir sans t'avoir embrassée. J'espère que tu ne m'en veux pas de te faire cette petite surprise, lui dis-je dans un large sourire qui offrait un contraste saisissant avec l'air triste qui couvrait son visage.
Elle avait les yeux embués, signe qu'elle venait de pleurer. Presque immédiatement, je m'enquis de la raison de son chagrin :
_ Ma puce, ça ne va pas ?
Elle ne me répondit pas, se contentant de faire volte-face pour aller s'écrouler sur son lit et fondre en larmes. Le coeur serré de la voir dans un tel état, je m'empressai de la rejoindre dans l'intention de la réconforter. Je m'assis auprès d'elle et passai mon bras autour de ses épaules pour l'inciter à venir se blottir contre moi, ce qu'elle fit. Après quoi, je lui demandai :
_ Qu'est-ce qu'il y a ?
La voix sanglotante, elle me répondit :
_ Ils sont tous au courant...
_ Qui est au courant de quoi ?
_ A l'université, ils savent pour nous... Il y a des photos qui circulent sur internet, confia-t-elle enfin.
Ce que je craignais tant venait d'arriver. Élodie n'avait pas tenu parole. Elle avait craché son venin sur les réseaux sociaux et, à présent, il allait se répandre comme une traînée de poudre, faisant voler en éclats le secret de mon amour pour Maelie. La pauvre, elle en était dévastée. Quant à moi, j'enrageais de savoir qu'Elodie avait eu la bassesse de faire ça. Elle ne perdait rien pour attendre. Je n'allais pas me priver de mettre à exécution mes menaces de poursuites judiciaires. Et, qu'elle se le dise, je ne lacherai rien avant qu'elle paye le prix fort pour avoir jeté en pâture notre intimité.
Cela dit, pour l'instant, ma priorité devait être d'apaiser un peu Maelie qui vivait très mal la situation. Aussi, je me questionnai. Fallait-il que je lui dise que je savais qui était derrière tout ça et que j'étais même intervenu pour tenter en vain de faire avorter cette odieuse tentative de déstabilisation ? C'eut été un gage de vérité mais toute vérité n'était pas forcément bonne à dire et je craignais qu'en lui faisant cette confidence ça ne fasse qu'ajouter encore à son désarroi. Je choisis donc de feindre l'ignorance sans vraiment savoir si je faisais bien ou pas.
_ C'est quoi cette histoire ? dis-je en m'efforçant d'avoir l'air sous le choc.
_ Je n'en sais rien... Qu'est-ce qu'on va faire maintenant ? dit-elle encore, en se prenant la tête à deux mains.
C'était une bonne question et je dus réfléchir de longues secondes avant de trouver quoi répondre.
Les photos étant sans équivoque, il était parfaitement inutile de nier notre liaison. Personne ne s'y laisserait prendre de toute façon. Partant de là, il ne nous restait que deux solutions. Faire le dos rond en attendant que l'orage passe, en espérant que le temps fasse son œuvre et nous permette de retrouver rapidement un peu de notre tranquilité (je n'y croyais guère). Ou alors nous pouvions prendre le taureau par les cornes et décider d'assumer. Il me semblait d'ailleurs que c'était encore la meilleure chose que l'on puisse faire. Bien sûr, cela nécessitait de faire preuve de beaucoup de courage. Mais Maelie avait beau être très affectée par cette mauvaise publicité, elle n'en demeurait pas moins l'une des personnes les plus courageuses qu'il m'ait été donné de rencontrer. Je me décidai donc à lui proposer de contre-attaquer et je tâchai de lui présenter cette situation pénible comme étant en fait une opportunité :
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Love and Justice
RomanceQue seriez-vous prêt à sacrifier par amour ? Votre travail ? Votre ambition ? Votre honneur ? Vos fiançailles ? Votre famille ? Et a-t-on le droit d'aimer n'importe qui ? Jusqu'où Alex Mavri, jeune professeur en droit privé et spécialiste du droit...