Chapitre 48 (Alex)

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Qui pouvait bien me réclamer à cette heure-ci ? C'était un peu étrange. Bien sûr, j'aurais pu croire à une nouvelle « surprise » d'Elodie mais c'était impossible. Et pour cause. Un peu plus tôt dans la soirée, elle m'avait envoyé un message dans lequel elle me précisait qu'elle était de garde toute la nuit. Qui d'autre alors ? Des jeunes gens éméchés qui, incapables de retrouver le chemin de leur domicile, en étaient réduits à frapper à toutes les portes du quartier ? Ça ne serait pas la première fois que ça arrivait. Cela dit, rien n'était moins sûr et il pouvait aussi s'agir d'une urgence. D'un voisin qui se sentait mal ou d'une alerte au gaz peut-être... Dans le doute, il valait donc mieux que j'aille voir ce qu'il en était exactement.

Je me levai. J'enfilai à la hâte un pantalon de survêtement ainsi qu'une chemise sans même prendre la peine de la boutonner complètement. Je me dirigeai d'un pas pressé jusqu'à mon hall d'entrée tandis que mon mystérieux visiteur était en train de se défouler sur la sonnette voyant que je tardais à lui répondre. De là, je collai une oreille contre la porte. Il n'y avait plus aucun bruit. Finalement, je me décidai à ouvrir.

Maelie se tenait immobile devant moi, en pyjama et les cheveux en désordre. Elle me fixait de ses yeux cernés par la fatigue. Elle avait l'air de quelqu'un qui venait tout juste de s'arracher à son lit ce qui n'avait rien d'étonnant puisque c'était sûrement ce qu'elle avait fait.

Aussitôt, je fus assailli par une question. Pourquoi était-elle là, si tard, sur le pas de ma porte d'entrée ? Il m'apparaissait évident que cette visite nocturne devait avoir un lien avec mon déballage de tout à l'heure. Elle avait beau être demeurée silencieuse, je savais bien qu'elle n'avait pas pu être indifférente à ma déclaration. Restait à savoir ce qu'elle en avait pensé réellement.

Elle était peut-être venue pour me le confier justement. Je redoutais de connaître sa réaction mais c'était toujours mieux qu'une absence totale de réaction qui avait ce vilain inconvénient de me laisser dans une insoutenable expectative. Au moins, ainsi, je serai fixé.

Je guettais ses premiers mots avec impatience. Mais ils se firent désirer. Alors je décidai de les devancer, comme un moyen de parer le pire, à savoir le cas où elle aurait mal accueilli ma révélation :

_ Écoutez Maelie, je vous renouvelle mes excuses. Je n'aurais jamais dû vous faire une telle confession. Je ne sais pas ce qui m'a pris. Je crois que je ne sais plus trop où j'en suis en ce moment. Un nouveau boulot dans une nouvelle ville. C'est le début d'une nouvelle vie en somme. Ça fait beaucoup de changements d'un coup... Enfin, voilà. Sachez que si vous êtes venue me reprocher mon attitude, je le comprends tout à fait.

_ Je ne suis pas venue vous reprocher quoi que ce soit, me coupa-t-elle enfin de sa voix douce.

_ Non ? demandai-je, partagé entre la surprise et le soulagement.

_En fait, je n'ai même rien à vous dire.

_ Vraiment ? 

_ En revanche, j'ai quelque chose à faire. Une chose que j'ai très envie de faire depuis un certain temps déjà.

_ Quoi donc ? la quetionnai-je encore à brûle-pourpoint.

_ Ça, dit-elle simplement.

Elle attrapa d'abord le col de ma chemise pour me tirer vers elle. Puis, elle enroula ses bras autour de ma nuque et se colla contre moi. Elle inclina légèrement la tête et elle approcha doucement ses lèvres des miennes jusqu'à venir les toucher. Elle m'embrassa longuement et amoureusement, figeant le temps et me précipitant dans un état second.

Ce baiser me fit l'effet d'une véritable déflagration. J'étais envahi d'une immense émotion ; plus puissante et plus vraie que toutes celles que j'avais connues jusque-là. J'eus alors l'impression fantastique de toucher du doigt ce qu'était le bonheur. Il m'était apparu dans toute sa superbe et sous sa forme la plus pure qui soit. Les mots me manquaient pour dire à quel point cet instant était merveilleux à vivre. C'était bien simple, il était si bon que j'aurais voulu qu'il dure toujours. Aussi, quand Maelie retira enfin ses lèvres, cela me fit l'effet d'un véritable déchirement et je n'avais plus qu'une seule envie ; qu'elle m'embrasse à nouveau.

Je l'espérais tant. Pourtant, elle n'en fit rien. Au contraire, elle mit fin à son étreinte et fit un pas en arrière. Puis, elle entreprit de regagner son appartement, sans jamais me perdre du regard. Juste avant de retourner à l'intérieur, elle me lança dans un sourire, devinant sans doute ma frustration et semblant presque s'en amuser :

_ Il ne faut pas abuser des bonnes choses. Il faut laisser le temps au temps. Bonne nuit Monsieur Mavri.

Enfin, elle disparut tandis que je me trouvais toujours en pleine lévitation.

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