Mon initiative avait tourné au fiasco. J'aurais dû m'en douter. Quelle idée aussi d'aller sonner à la porte de Maelie avec l'intention de lui ouvrir mon coeur ?
J'avais tout simplement paniqué. Je supportais si mal le fait qu'elle se tienne à l'écart de moi que j'en étais arrivé au point d'être prêt à tout pour me rapprocher d'elle. Jusqu'à lui déballer mes sentiments. Bien sûr, je n'avais quand même pas prévu de lui dire texto que je l'aimais comme j'avais fini par le faire. Mais elle s'entêtait à penser que je me fichais d'elle. Alors, comme j'étais au pied du mur, j'avais commis l'immense erreur de prononcer ces trois mots si lourds de sens et sans doute de conséquences ; « je vous aime ».
Je n'avais pas réfléchi. C'était bien la peine de lutter durant des semaines pour contenir cet amour que je lui vouais si c'était pour le lui avouer de but en blanc sur le pas de sa porte. Pour le coup, j'avais été consternant de bêtise et, à présent, il n'y avait plus rien à faire. J'avais tout gâché et je ne pouvais plus revenir en arrière.
Je lui avais révélé que je l'aimais et elle n'avait pas eu l'ombre d'une réaction. Aucun geste. Aucun mot. Rien. Guidé par le désespoir, j'étais pourtant demeuré plusieurs minutes planté devant elle, comme un idiot, à attendre qu'elle dise quelque chose qui puisse ressembler de près ou de loin à une réponse. En vain. Selon l'expression populaire consacrée, je m'étais pris un vent qui, à ce stade, faisait plutôt figure de véritable bourrasque. En somme, je venais de vivre une sacrée humiliation.
Quand j'avais enfin compris qu'elle ne me répondrait pas, j'avais décidé de me retirer, prenant soin, avant d'aller me terrer dans mon appartement pour y consommer ma désillusion, de m'excuser pour lui avoir fait cette déclaration dont je comprenais qu'elle était complètement déplacée et hors de propos. Et dire que je m'étais imaginé que Maelie m'aimait elle aussi. Je m'étais bien trompé.
De retour chez moi, je me faisais réchauffer un plat préparé au micro-ondes. Puis, je m'affalai dans mon canapé pour le déguster après avoir fait un crochet par le frigo afin d'y attraper une bière. Tout en mangeant ce repas qui me paraissait pour le moins fade, j'allumai la télévision et perdis mon temps à regarder un épisode d'une série soporifique qu'une grande chaîne généraliste avait pourtant trouvé bon de diffuser à une heure de grande écoute. Cela dit, j'aurais bien pu avoir sous les yeux un chef d'oeuvre du septième art que ça n'aurait pas suffi à susciter mon enthousiasme tant j'accusais le coup que venait de me donner Maelie.
Mieux valait que je mette un terme au plus vite à cette soirée en tout point désastreuse. Alors, sitôt que j'eus fini de manger, je décidai d'aller directement me coucher. J'espérais que, peut-être, la nuit aurait de quoi apaiser ma déception et qu'ainsi, demain matin, je me lèverai avec un peu moins d'amertume. En réalité, j'en doutais fortement mais il fallait bien que je me raccroche à quelque chose.
Je me délestai de ma chemise et de mon pantalon de costume, et je m'étendis de tout mon long sur mon matelas. De là, je restai de longues minutes allongé, parfaitement immobile dans l'obscurité, les yeux fixant le plafond, à songer inlassablement à Maelie et à son mutisme. Je savais déjà que je ne fermerai pas l'oeil de la nuit car je me sentais bien trop désœuvré pour cela. Qu'importe, j'avais une certaine habitude des insomnies de toute façon. Sauf que d'ordinaire je ne les devais pas à un chagrin d'amour mais plutôt aux démons de mon passé qui revenaient me hanter.
Tandis que je m'efforçais tant bien que mal de trouver le sommeil, le retentissement de la sonnette de l'entrée vint soudain rompre le silence.
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Love and Justice
RomanceQue seriez-vous prêt à sacrifier par amour ? Votre travail ? Votre ambition ? Votre honneur ? Vos fiançailles ? Votre famille ? Et a-t-on le droit d'aimer n'importe qui ? Jusqu'où Alex Mavri, jeune professeur en droit privé et spécialiste du droit...