Chapitre 86 (Alex)

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Encore sous le coup de l'agacement qu'avait suscité mon entrevue avec le doyen, je marchais d'un pas nerveux sur le parking de la faculté pour rejoindre ma voiture. J'eus la bonne surprise d'y trouver Maelie. Elle m'attendait assise à même le sol, adossée contre la portière. Elle accueillit mon arrivée d'un sourire et, aussitôt, je me sentis mieux car je songeais que, quoi que mon avenir me réserve, il ne pourrait être que merveilleux si je le passais avec elle.

Nous nous embrassâmes puis nous prîmes place dans mon véhicule. Après quoi, je lui lançai :

_ Merci d'avoir attendu. C'est très gentil. J'espère que tu n'as pas trouvé le temps trop long.

_ Non, ça va. J'ai eu de quoi m'occuper, dit-elle laconiquement.

_ Tu as fait quoi de beau ?

Je me surpris à voir que ma question la mettait un peu mal à l'aise.

_ Rien de spécial. Je suis allée à la bibliothèque avec Sofia pour travailler mes cours.

_ C'est que madame est studieuse, plaisantai-je, espérant ainsi parvenir à la détendre quelque peu car je voyais bien qu'elle était en proie à une vive tension.

Je m'en doutais mais elle ne tarda pas à me poser la question qui fâchait :

_ Qu'est-ce qu'il te voulait le vieux ?

Autant jouer franc-jeu. Je lui avais déjà bien assez menti comme ça pour ne pas en rajouter. Et puis j'avais besoin d'évacuer un peu de la frustration et de la colère que j'avais accumulées depuis plusieurs dizaines de minutes.

_ Il m'a demandé de te quitter, sans quoi il menace de me virer.

Je vis le visage de Maelie se couvrir d'un air qui oscillait entre l'inquiétude et la culpabilité. Je m'efforçai de la tranquilliser :

_ Ma belle, écoute-moi. Tu n'y es pour rien. Et ce dinosaure peut bien me menacer autant qu'il veut, je m'en fiche pas mal. Tout ce que je sais c'est que je t'aime et que tant que nous serons ensemble tout ira bien.

Mes paroles rassurantes n'y firent rien et elle demeura soucieuse comme encore je ne l'avais jamais vue l'être. D'ailleurs, elle ne dit pas un mot du trajet qui nous ramena à la résidence et ne fut pas plus bavarde une fois que nous fûmes rentrés à son appartement. Son mutisme me préoccupait, il ne lui ressemblait pas. Quelque chose la tourmentait et je devais savoir quoi.

_ Qu'est-ce qu'il y a ? Tu es bien silencieuse...

Elle était assise sur le bord de son lit. Soudain, elle se leva, croisa les bras et me lança un regard larmoyant avant de se décider enfin à me confier la raison de son tracas :

_ J'ai vu David tout à l'heure.

David. Mince. Je compris aussitôt ce qu'elle s'apprêtait à me dire et j'avais comme le pressentiment qu'après la discussion qui s'amorçait plus rien ne serait jamais comme avant. Nous étions à un tournant de notre relation, à un moment décisif pour l'avenir de notre couple. Je le sentais, j'en étais même persuadé.

_ David n'a pas été très loquace mais il m'a tout de même dit deux choses.

A cet instant, il n'y avait plus aucune confiance qui soit entre nous. Elle me défiait. L'affrontement était inévitable.

_ Il a d'abord prétendu que tu sais qui a pris les photos. D'ailleurs, je pense que c'est lui qui en est l'auteur car il n'a pas nié et aussi parce-qu'il ne m'a donné aucune raison valable de le disculper.

J'avais comme l'impression de me trouver en plein procès, réduit à jouer le rôle de l'accusé quand Maelie, elle, avait revêtu le costume du procureur et menait l'accusation avec toute la poigne requise par l'exercice de la fonction.

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