Chapitre 25 (Maelie)

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Alex Mavri avait semblé stupéfait de me trouver sur le seuil de sa porte. A croire qu'il ne s'attendait vraiment pas à ce que j'honore son invitation à utiliser sa salle de bain. Je pouvais le comprendre car j'étais moi-même encore surprise de mon choix.

Il m'invita à entrer et ce fut envahie d'un mélange d'excitation et de curiosité que je découvris son appartement.

Il me mena d'abord jusque dans son séjour. C'était une pièce relativement petite et assez quelconque. Elle était décorée sobrement pour ne pas dire tristement. Les murs étaient peints de gris, le sol était recouvert d'une moquette brune totalement passée de mode et le plafond blanc commençait à se craqueler ici ou là. Le mobilier était sommaire et se résumait à un canapé, un petit meuble sur lequel se trouvait une télévision et une table qui faisait aussi office de bureau. Aucun artifice ou effet personnel de nature à me renseigner sur qui était vraiment l'homme qui se cachait derrière le professeur Alex Mavri. Visiblement, il cultivait le secret jusque dans l'agencement de son domicile. Je m'en trouvais frustrée car j'espérais en apprendre davantage. Mais il fallait aussi voir le bon côté des choses. Il n'y avait ni photo ni aucune trace d'une éventuelle épouse ou petite-amie. L'endroit ressemblait en fait à l'archétype de la tanière d'un jeune actif célibataire. Pourquoi fallait-il que je m'en sente à ce point réjouie ? Je m'efforçai de me reprendre :

« Bon sang Maelie, ce type est ton professeur. Arrête un peu de t'imaginer tout et n'importe quoi. Il ne se passera rien avec lui pour la raison évidente qu'il ne doit rien se passer. Il t'a proposée d'utiliser sa salle de bain simplement pour te rendre service. Il n'a aucune arrière-pensée. Alors tu vas te doucher et filer d'ici. Comme c'est prévu. »

Déterminée à me conformer à cette résolution, je tâchai de couper court à toute tentative de sa part d'engager la discussion avec moi pour m'en tenir à l'essentiel :

_ Où est la salle de bain ?

_ Vous suivez le couloir et c'est la première porte à droite, me précisa-t-il.

J'appliquai à la lettre ses indications et, avant de quitter la pièce, je lui promis de faire au plus vite. Il n'eut pas l'air de me croire (il faisait bien) et m'assura que je pouvais prendre tout le temps qu'il me fallait. Il était si prévenant avec moi.

Je me dépechai de retirer mes vêtements, tirai la paroi coulissante et m'enfilai à l'intérieur de la cabine de douche. Sitôt que l'eau chaude vint envelopper mon corps, je ressentis une sensation de bien-être inouïe. Je savourais d'autant plus cet instant qu'il me semblait être une aubaine, une aubaine que je devais à mon charmant voisin.

Je le connaissais si peu mais il m'obsédait tant. Presque chacune de mes pensées lui était dédiée depuis notre rencontre. Tout était prétexte à le revoir encore et encore. Des cours à l'université à mon projet de mémoire en passant par ma présence ici dans sa salle de bain, car si j'étais là ce soir ce n'était pas seulement du fait de la frustration que m'avaient procurée les charlatans censés réparer mon ballon d'eau chaude mais aussi et surtout pour lui.

J'éprouvais envers cet homme une attirance incoercible et inédite qui me captivait autant qu'elle m'effrayait. Il était un idéal que je savais a priori inaccessible mais auquel je voulais tout de même croire. Comme un rêve inavoué que je me refusais à abandonner. Alors, je me raccrochais au moindre signe d'intérêt de sa part. Et il y en avait eu, des signes. Ce premier regard que nous avions échangé dans l'ascenseur en était un. Son refus d'encadrer mon mémoire pour des raisons qui étaient selon ses propres dires inassumables ou encore la manière dont il avait pris ma défense face à mon affreux bailleur aussi. Et maintenant cette étrange invitation. Il ne m'en fallait pas plus pour espérer.

Alex Mavri faisait plus que me plaire. Il suscitait en moi des désirs irréprimables et presque pulsionnels que jamais je n'aurais soupçonné pouvoir éprouver. Les assouvir me devenait de plus en plus nécessaire et le savoir dans la pièce voisine avait le don de me mettre dans tous mes états. Tandis que je me savonnais, je pensais à lui, encore, et je poussais le vice jusqu'à imaginer qu'il me rejoignait. Il entrait dans la cabine et venait coller son corps d'Apollon contre le mien. Il m'embrassait passionnément durant plusieurs secondes puis il en consacrait d'autres à me contempler tout en câlinant tendrement ma joue avec le dos de sa main. Sans jamais cesser de me fixer du regard, il faisait descendre ses doigts entre mes seins puis le long de mon ventre. Enfin, il les faisait courir jusqu'à mon intimité. Alors, il me caressait, d'abord doucement puis plus rapidement et avec davantage de vigueur. Ses yeux remplis d'excitation toujours braqués sur moi, il se languissait de voir le plaisir me consumer peu à peu et savourait chacun de mes gémissements tandis que je me laissais inéxorablement gagner par l'extase...

Maelie ! me réprimandai-je encore. Ce n'était ni le lieu ni le moment de me laisser aller à ce genre de fantasme. Je devais me ressaisir. Alors je me rinçai et me pressai de sortir de la douche pour me rhabiller sans avoir la moindre idée du temps qui avait bien pu s'écouler depuis mon entrée dans la salle de bain.

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