Chapitre 10 (Maelie)

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_ Je vous ramène chez vous.

C'était tout ce qu'Alex Mavri avait dit durant le restant du trajet. A croire que de me trouver là, dans sa voiture, ne lui faisait ni chaud ni froid. Il s'était simplement contenté de conduire, en silence, tandis que je demeurais assise à ses côtés. Je ne savais pas quoi faire ni même quoi dire. Un instant, j'avais pensé me risquer à lui faire la conversation mais je m'étais ravisée. Il m'intimidait trop pour que je daigne franchir le cap.

De temps à autre, j'avais jeté de discrets coups d'oeil vers lui. Il était si près et si loin à la fois. Si près parce-que sa main se trouvait à quelques centimètres à peine de ma cuisse dénudée quand elle venait attraper le levier de vitesse et alors je ne pouvais m'empêcher d'espérer qu'elle dévie de son objectif pour atterrir sur ma peau frissonnante. Si loin, aussi, parce-qu'il semblait perdu dans des pensées dont je ne soupçonnais aucunement la substance. 

Après quelques minutes de route seulement, nous étions arrivés à la résidence. Il avait garé sa voiture sur le parking et nous avions rejoint l'immeuble au pas de course car il pleuvait toujours. Nous étions montés dans l'ascenseur, sans échanger aucun mot ni aucun regard. Il avait appuyé sur le numéro de son étage. C'était le même que le mien. La machine avait mis quelques instants à l'atteindre puis sa mâchoire métallique s'était rouverte. Nous avions quitté la cabine et nous nous étions séparés pour nous diriger vers nos appartements respectifs qui étaient mitoyens. En plus d'être mon professeur, il était donc aussi, comme je le préssentais, mon nouveau voisin. De quoi nourrir les films que je tournais déjà dans ma tête depuis l'instant où je l'avais rencontré.

Je m'étais voilée la face. Comme souvent, je m'étais laissée gagner par des sentiments qui étaient aussi forts qu'ils étaient irréalistes. Les trop nombreuses comédies romantiques que j'avais gaspillé mon temps à regarder avaient décidément cultivé ma naïveté. Un simple échange de regards dans un ascenseur avec un beau garçon avait suffi à me faire m'imaginer des choses ridicules.

La suite de la journée avait eu vite fait de souffler mes illusions. Alex Mavri était mon professeur de droit pénal. Ainsi, la situation avait le mérite d'être claire. Il ne pourrait jamais se passer quoi que ce soit entre lui et moi. Et puis de toute façon, si l'idée que nous puissions nous aimer un jour m'avait peut-être bien traversée l'esprit, ce n'était certainement pas son cas. Bien au contraire. Il était évident que je ne lui inspirais guère autre chose qu'une totale indifférence. Sans quoi il m'aurait dit quelque chose, il m'aurait regardée ou il m'aurait demandé mon nom. Or il n'avait rien fait de tout cela.

Un peu démoralisée par ces considérations, je glissai ma clé dans la serrure de la porte de chez moi. Je m'apprêtai à rentrer quand soudain j'entendis une voix me retenir. Celle d'Alex Mavri :

_ J'aimerais savoir quelque chose.

Un peu surprise, je me retournai pour le regarder :

_ Quoi donc ?

_ Comment vous vous appelez ? me demanda-t-il.

_ Maelie Aurano...

_ Ce fut un plaisir Maelie, me dit-il dans un sourire.

Il disparut dans son appartement tandis que je restai sur le palier, le coeur chargé de bonheur pour avoir vu mes illusions ravivées.

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