Chapitre 28 (Alex)

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Élodie face à Maelie dans ma salle de bain. J'avais la terrible impression d'avoir attéri directement en enfer et je m'attendais à passer un très mauvais quart d'heure. Je ne m'y trompai pas et Élodie ne tarda pas à faire feu sur moi, s'affranchissant de toute retenue :

_ Dire que je viens de m'infliger plus de 500 bornes en train pour rendre une visite surprise à mon futur mari. Et tout ça pour quoi ? Pour découvrir qu'il se tape une gamine dans mon dos !

_ Écoute Élodie, ce n'est pas du tout ce que tu crois, protestai-je une première fois.

_ C'est ça, paye-toi me tête en plus ! renchérit-elle, excédée.

_ Mais puisque je te dis que ce n'est pas ce que tu crois. Maelie est mon étudiante et...

Elle me coupa, en prenant un air outré :

_ Ton étudiante ? C'est de mieux en mieux. En plus d'être un enfoiré qui saute sur tout ce qui bouge, tu es donc aussi un gros pervers. J'en apprends des choses aujourd'hui.

_ Écoute-moi jusqu'au bout s'il te plaît. Elle avait un problème avec son ballon d'eau chaude depuis des semaines. J'ai plus ou moins convaincu son bailleur de le faire remplacer et, en attendant que ce soit fait, je lui ai proposé d'utiliser ma salle de bain. D'où sa présence ici ce soir. Je lui ai rendu service. C'est aussi simple que ça.

Elle ne répondit pas tout de suite, se contentant d'abord de me dévisager d'un oeil impassible. L'espace d'un instant, je pensai être parvenu à la raisonner. Elle eut vite fait de me montrer que j'avais tort lorsqu'elle me lança dans un sourire presque sarcastique :

_ Tu ne penses pas sérieusement que je vais avaler ça ?

Il était vrai que de prime abord mes explications avaient de quoi laisser perplexe et pouvaient ressembler à s'y méprendre à une tentative maladroite de me trouver une fausse excuse.

_ Il va bien falloir parce-que c'est la stricte vérité, insistai-je cependant.

_ Mais bien sûr. Donc non seulement tu me trompes avec cette trainée mais, en plus, tu n'as même pas la décence de me l'avouer après que je t'ai pris sur le fait. Tu me dégoûtes, assena-t-elle.

Maelie était restée jusqu'alors silencieuse et en retrait, à nous regarder nous écharper, sans jamais intervenir. Mais, cette fois-ci et à ma grande surprise, elle se décida à sortir de sa réserve pour prendre ma défense avec vigueur et par la même occasion recadrer brutalement Élodie :

_ Déjà et d'une, je ne vous permets pas de m'insulter comme vous venez tout juste de le faire. Vous ne me connaissez pas alors faites-moi le plaisir de garder vos préjugés et vos propos injurieux pour vous. Par ailleurs, ce que vient de vous dire Monsieur Mavri est entièrement vrai. Il n'a fait que se montrer serviable avec moi ce qui ne constitue pas un crime que je sache. C'est même une très belle qualité. Et je pense que, plutôt que de proférer des accusations sans aucun fondement, vous feriez mieux de faire un peu confiance au type formidable que vous vous apprêtez à épouser. Cela étant dit, je vais vous laisser.

« Un type formidable ». J'aurais voulu prendre le temps de savourer ce compliment qui me remplissait de bonheur mais je n'en avais pas le loisir.

Sitôt qu'elle eut terminé sa mise au point, Maelie se fraya un chemin hors de la salle de bain, sans un regard ni un mot de plus à l'attention d'Elodie à qui elle venait ni plus ni moins que de clouer le bec.

Enfin et juste avant de quitter mon appartement, elle me lança dans un sourire bienveillant :

_ Merci encore Monsieur Mavri.

Cet instant d'affrontement vint consacrer l'admiration que j'éprouvais déjà pour Maelie depuis sa prestation remarquable et remarquée dans mon cours par laquelle elle avait dénoncé mon refus d'encadrer son mémoire. En plus d'être superbe et brillante, cette fille était aussi bourrée de charisme, dotée d'une force de conviction admirable et d'un répondant fantastique. Tout cela en faisait quelqu'un de rare et, l'un n'allant pas sans l'autre, de précieux. Il n'était pas étonnant qu'elle me fascine autant car j'avais depuis toujours un goût prononcé pour l'extraordinaire. Or il se trouvait justement qu'elle n'avait rien d'ordinaire. Elle était même tout à fait unique en son genre.

L'impression très positive que m'avait laissée Maelie offrait un contraste saisissant avec la déception que m'inspirait le comportement d'Elodie. Je n'avais guère apprécié ce procès injuste qu'elle m'avait fait et son obstination à faire la sourde oreille face à mes justifications. Sans parler du manque de respect criant dont elle avait fait preuve. Bien sûr, je pouvais comprendre que la situation puisse prêter à confusion mais ce n'était pas une raison pour s'emporter de la sorte.

J'espérais qu'elle se soit enfin calmée mais, au contraire, elle reprit de plus belle immédiatement après que Maelie soit partie. Je n'étais visiblement pas au bout de mes peines...

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