Chapitre 20 (Alex)

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Je n'avais pas eu à forcer mon talent pour venir à bout de ce propriétaire aux faux airs de voyou de bas étage. Il m'avait simplement fallu le rappeler à la loi et aux conséquences financières de ses actes pour qu'il se calme et se décide à aller brailler ailleurs. Je pensais pouvoir dire avec quasi-certitude que mon intervention avait été salvatrice et que Maelie n'aurait pas à patienter encore longtemps avant que les réparations qu'elle réclamait ne soient effectuées.

J'aimerais pouvoir dire que je m'étais décidé à agir par simple obligeance et d'une manière totalement désintéressée mais ce n'était clairement pas le cas. Habituellement, je n'aurais sans doute pas levé le petit doigt pour venir à l'aide d'une pauvre locataire harcelée par son bailleur.

Si j'avais revêtu mon costume de justicier cette-fois-ci, c'était uniquement pour Maelie. Je ne pouvais pas supporter de voir ce type au savoir-être semblable à celui d'un homme préhistorique la malmener brutalement en restant les bras croisés. Je m'étais fait un devoir de la protéger. Pourquoi ? Parce-qu'elle comptait pour moi. Une explication évidente et au combien lourde de sens.

Après le départ de son bailleur, Maelie demeura plusieurs secondes les yeux rivés sur moi. Je pouvais deviner à la manière dont elle me regardait toute sa gratitude pour l'avoir débarrassée, momentanément au moins, de son assaillant. Puis, elle se décida à rompre le silence pour mettre enfin des mots sur cette reconnaissance qu'elle me témoignait :

_ Merci beaucoup d'avoir volé à mon secours. Je dois bien avouer que ce monsieur a le don de me terrifier.

_ Il faut dire qu'il n'a pas un abord très chaleureux. Mais ne me remerciez pas. C'est tout naturel de se soutenir entre voisins. Je vous devais bien ça après le mauvais tour que je vous ai jouée concernant le mémoire.

Elle esquissa un sourire délicieux avant de m'interroger à son tour :

_ C'est vrai. A ce sujet, vous ne m'avez toujours pas dit pourquoi vous aviez dans un premier temps refusé mon projet ?

Elle ne perdait décidément pas le nord. Je me trouvai bien embêté pour trouver quoi dire. Je ne pouvais pas mentir car elle le verrait sûrement. Alors je bottai en touche, jouant sur les sous-entendus pour ne surtout pas risquer de trahir l'attirance que je ressentais pour elle :

_ J'aimerais vous répondre mais, pour être honnête, je n'ai aucune raison que je puisse véritablement assumer devant vous. Et puis l'essentiel est que je me suis ravisé et que j'ai finalement accepté d'encadrer votre mémoire.

_ Bien sûr, dit-elle dans un sourire poli qui ne laissait planer aucun doute sur le fait que ma réponse ne la contentait pas vraiment et qu'il n'était donc pas exclu qu'elle revienne à la charge par la suite.

Sans transition aucune, je me projetai déjà sur notre collaboration, espérant ainsi me faire pardonner de ne pas avoir su satisfaire toute sa curiosité sur sa précédente question qui crystallisait de toute évidence un certain malaise entre nous :

_ Peut-être pourrions-nous convenir d'un rendez-vous ?

_ Un rendez-vous ? me reprit aussitôt Maelie tout en me fixant d'un regard à la fois surpris et qui me semblait aussi témoigner d'un certain intérêt de sa part.

Sa réaction avait été si vive que je n'avais pas encore eu le temps de me rendre compte que ma proposition, ainsi faite, manquait cruellement de précision de sorte qu'elle pouvait facilement prêter à confusion. Aussi, quand ce fut enfin le cas, je m'en sentis terriblement gêné et je m'empressai de me corriger pour couper court à tout quiproquo :

_ Un rendez-vous pour que nous parlions du mémoire, voulais-je dire.

_ Oui, le mémoire. J'avais compris, me répondit-elle, feignant un certain soulagement que je jugeai trop marqué pour être véritablement sincère.

_ Que diriez-vous de demain à 13h dans mon bureau ?

_ C'est parfait pour moi, dit-elle simplement.

_ Bien, à demain alors.

_ A demain Monsieur Mavri.

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