Chapitre 47 (Maelie)

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J'avais toujours eu une certaine appétence pour la contradiction mais, là, j'avais battu tous les records. Je ne comptais plus les nuits au cours desquelles j'avais rêvé mon idylle avec Alex Mavri et, pourtant, quand ce rêve avait été sur le point de devenir réalité, j'avais trouvé le moyen de tout gâcher parce-que je m'étais mise à avoir la trouille.

En fait, je le considérais comme l'archétype de l'homme inaccessible et je pensais donc qu'il ne serait jamais plus qu'un fantasme inavoué et inavouable. Aussi, le trouver sur le pas de ma porte en train de m'expliquer laborieusement qu'il était tombé amoureux de moi m'avait paru totalement surréaliste. J'avais été incapable de trouver quoi lui répondre. Il m'aurait pourtant suffi de lui dire la vérité, à savoir que j'éprouvais moi aussi des sentiments à son égard. Finalement, c'eut été tellement plus simple. Je ne savais pas ce qu'il serait advenu de la suite de l'histoire mais, au moins, je n'en aurais pas été réduite à me morfondre dans la solitude de mon appartement durant des heures comme c'était le cas en ce moment même.

J'avais d'abord fait les cent pas pour tenter tant bien que mal d'apaiser mon tourment. Puis, quand j'avais été suffisamment épuisée, je m'étais directement couchée, sans même prendre le peine de dîner. De toute façon, mon acte manqué avec Alex Mavri avait eu raison de mon appétit et je n'avais plus pour seule envie que de m'endormir au plus vite pour oublier cette soirée catastrophique. Seulement, encore fallait-il pour cela que je réussisse à trouver le sommeil ce qui était loin d'être acquis tant je me sentais dévorée par le remords.

J'avais beau me contorsionner dans mon lit en quête de la position qui me fasse enfin sombrer dans les bras de Morphée, il m'était impossible de fermer l'oeil. La faute à mon esprit qui me faisait revivre sans cesse la scène avec Alex Mavri. A croire qu'il se plaisait à attiser les braises de ma désolation.

« Maelie, je sais que je ne devrais pas mais je crois que je vous aime. »

Ces quelques mots ne me quittaient plus. Et, chaque fois que j'y repensais, mes regrets s'en trouvaient renforcés. Comment avais-je pu rester muette devant une telle déclaration venant de l'homme que j'aimais ? Plus je me posais cette question et plus je trouvais ma réaction totalement indécente.

Je m'en voulais tellement. Le pauvre. Le voir ainsi, complètement abattu et traînant péniblement sa déception jusqu'à son appartement, avait été un véritable crève-coeur. J'imaginais le courage qu'il lui avait fallu pour me faire un tel aveu et, franchement, il méritait mieux qu'un silence gêné en guise de réponse. Cela dit, ce qui est fait est fait. Je ne pouvais évidemment plus revenir en arrière.

Fallait-il pour autant en conclure que tout était fichu entre nous ? Je me refusais à le croire. Plus encore, je me l'interdisais. Alex Mavri me plaisait trop pour cela et, maintenant que je savais que mon attirance pour lui était réciproque, il était hors de question que je renonce. Je n'avais peut-être aucune prise sur le passé mais je pouvais encore faire que l'avenir soit différent. Il avait eu l'audace de me dire ce qu'il avait sur le coeur. C'était à mon tour de lui donner la preuve de mon amour.

Je consultai l'horloge de mon téléphone. Il était tard. Presque minuit. Qu'importe, il n'y avait pas d'heure pour faire ce que je m'apprêtais à faire. Alors, étrangement sûre de mon fait, je me hissai hors de mon lit et, sans perdre une minute, je filai jusqu'à son appartement. Je pressai la sonnette et patientai le temps qu'il daigne venir m'ouvrir, habitée d'une excitation telle que je n'en avais encore jamais ressentie.

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