Love and Justice

Épilogue

Quelques années plus tard...

C'était une belle journée comme le sud de l'Italie en offrait si souvent. Le soleil faisait briller l'eau des côtes napolitaines, des plaisanciers fuyaient le rivage pour prendre du bon temps au large, et les restaurants en bord de mer étaient bondés. Assis tranquillement en terrasse, Alex Mavri profitait de ce cadre idyllique, son téléphone collé à l'oreille. A l'autre bout du fil, Servone qui lui téléphonait depuis Paris :

_ Alors mon vieux, prêt à faire le grand saut ?

_ Il faut bien se lancer un jour ou l'autre, non ?

_ Oui, et ne t'en fais pas. Je suis sûr que ça va bien se passer.

_ Je croise les doigts.

Mavri fut coupé dans sa conversation avec son associé quand une jeune femme lui lança avec un faux air de réprimande :

_ Ce n'est pas vrai ! Tu es décidément incorrigible. Il suffit que je m'absente quelques secondes pour que tu te remettes à travailler. Tu avais pourtant promis de tomber la robe d'avocat ce week-end.

Alex Mavri la dévisagea un instant d'un air coupable. Après quoi, il dit à son interlocuteur :

_ Bon, il va falloir que je te laisse Servone. Je me fais sermonner par Madame la procureure.

_ Il ne faudrait pas la contrarier. Ce n'est vraiment pas le moment, répondit l'intéressé d'un air amusé.

_ En effet. A bientôt mon ami.

_ A bientôt et bonne chance !

_ Merci, lui dit encore Mavri en guise de conclusion avant de raccrocher.

Maelie Aurano vint s'asseoir près de lui et lui demanda :

_ Servone va bien ?

_En mon absence il croule sous le travail mais il fait aller.

_ Et bien il va devoir faire sans toi car, pendant encore quelques jours, tu es tout à moi.

_ J'en ai de la chance, lui répondit-il dans un sourire.

Un serveur s'approcha au pas de course de leur table pour s'enquérir de leur commande :

_ Avez-vous fait votre choix ?

Ils prirent le temps de jeter encore un coup d'œil à la carte.

_ Pour moi, ce sera une scaloppine alla napoletana, dit Alex Mavri avec un accent pour le moins approximatif ce qui ne manqua pas d'amuser sa voisine de table.

_ Molto bene, s'exclama le serveur en griffonnant à la hâte sur son carnet. Et pour vous signora ? 

_ Les pennes à la Napolitaine, répondit-elle sans hésitation.

_ Perfetto. Je reviens tout de suite vous apporter ça.

_ Grazie, répondit Maelie Aurano avant de s'apercevoir qu'Alex Mavri était en proie à un intense fou rire.

_ Qu'est-ce qu'il y a ? s'enquit-elle en faisant mine d'être vexée.

_ Rien, c'est juste que j'aurais parié que tu prendrais des pâtes.

_ On est en Italie, je te signale.

_ Ah oui mais quand même. Je crois que je n'ai pas vu quelqu'un manger autant de pâtes depuis Jean Reno dans Le Grand Bleu.

_ Tu sais que tu me l'as déjà dit ? Franchement, tu n'es pas un peu jeune pour radoter mon chéri ? le charria-t-elle en retour.

Ils échangèrent un même éclat de rire. Après quoi, Alex Mavri recouvra un peu de son sérieux et lança à sa compagne :

_ Tu sais quoi ?

C'était une question rhétorique. Il enchaîna :

_ Pour te prouver que je ne radote pas, je vais te dire quelque chose que je ne t'ai encore jamais dite.

_ Tu m'en vois curieuse. De quoi s'agit-il ? demanda-t-elle, impatiente.

Alex Mavri se leva de sa chaise. Il glissa sa main dans la poche de son pantalon et en ressortit une écrin en velours. Il vint poser un genou à terre tout près de Maelie qui esquissa aussitôt un sourire ravi, devinant sans doute ce qu'il s'apprêtait à faire. D'une voix empreinte d'émotion, il se lança :

_ Ma chérie, je t'aime tellement. Tu es cette présence qui me rassure. Ce sourire qui m'éblouit. Cette oreille qui m'écoute. Cette voix qui me conseille. Ce regard qui m'électrise. A tes côtés, mes jours sont plus beaux et mes nuits merveilleuses. Tu es celle à qui j'ai confié tous mes secrets, même les plus terribles d'entre eux. Tu aurais pu fuir mais tu ne l'as pas fait. Tu as su voir ce qu'il y avait de meilleur en moi quand tant de gens n'auraient retenu que le pire. Tu as fait avec mes démons et tu as décidé de m'aider à les combattre, convaincue qu'ensemble nous pourrions les terrasser. C'est ce que nous avons fait. Chaque fois qu'il m'est arrivé de vouloir baisser les bras, je me suis repris en me disant que même si tout dans ma vie était noir une lumière finirait bien par jaillir de l'obscurité. Cette lumière c'est toi et j'aimerais faire que jamais elle ne s'éteigne. Alors, je te le demande très solennellement. Maelie Aurano, veux-tu me faire l'honneur de m'épouser ?

_ Oui ! Bien sûr que je veux ! répondit-elle avec un enthousiasme qui témoignait de l'immense bonheur qui la traversait.

Alex Mavri accueillit sa réponse avec un mélange de soulagement et de joie. Ils'empara de la bague qui se trouvait à l'intérieur de l'écrin et la passa au doigt de sa belle. Après quoi, les autres convives, qui avaient assisté à toute la scène, se levèrent à leur tour de leur chaise comme un seul homme et applaudirent les deux amoureux. Les serveurs du restaurant, qui avaient eux aussi pris part à la liesse, se pressèrent ensuite jusqu'à leur table.

_ Champagne pour vous ! Il faut fêter ça. C'est offert par la maison.

Alex Mavri les remercia chaleureusement pour cette attention. Il s'empara de la bouteille et entreprit de servir sa fiancée. Mais, à sa grande surprise, elle l'en empêcha.

_ Je ne peux pas pour le champagne, lui précisa-t-elle ainsi.

Un peu circonspect parce-qu'il savait combien sa future épouse aimait le champagne, il s'enquit :

_ Pourquoi tu ne peux pas ?

D'abord silencieuse, elle attrapa sa main pour la porter jusqu'à son ventre. Puis, elle lui dit :

_ Ce ne serait pas prudent pour lui.

Alex Mavri comprit aussitôt. Elle attendait un enfant, leur enfant. Il serait bientôt père. Il allait enfin fonder cette famille qu'il n'avait jamais eue et dont il avait toujours rêvé, comme une ultime revanche prise sur le passé.

Fin.

LP