Chapitre 34 (Alex)

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Depuis toujours, je détestais les lundis. Cette année n'échappait pas à la règle. Il fallait dire que mon début de semaine n'était pas très réjouissant.

Il y avait d'abord le réveil qui sonnait à une heure indécente et qui signifiait qu'il était temps de faire le deuil du week-end et de se lever pour retourner au travail. Puis, les bouchons monstres sur la route et les coups de klaxon des conducteurs excédés quand ce n'étaient pas carrément des coups de pare-chocs. Le parking de l'université déjà bondé ce qui rendaient la tâche de trouver une place presque impossible. Les collègues silencieux et de si mauvaise humeur à la machine à café qu'il n'avaient même pas le courage de lâcher ne serait-ce qu'un « bonjour ». Et, enfin, les étudiants de première année qui garnissaient déjà les rangs de l'amphithéâtre à mon arrivée, braillant à tout-va pour raconter leurs exploits alcoolisés du samedi soir. Ils étaient pour la plupart bruyants, dissipés et dilettantes au possible. Ce n'était pas pour rien qu'aucun professeur ne voulait jamais leur enseigner. Alors pourquoi moi ? Ce n'était pas que j'avais le sens du sacrifice. Loin de là. Simplement, j'étais le petit nouveau et on ne m'avait pas vraiment laissé le choix. C'était donc à moi qu'était revenu la tâche ingrate de leur dispenser le cours d'introduction au droit. En fait, c'était une sorte de bizutage.

Comme à chaque fois, j'en sortis littéralement épuisé. Il était vrai que faire virer un demi-douzaine d'étudiants tout juste sortis de l'adolescence par heure était assez sportif.

Fort heureusement, j'avais désormais rendez-vous avec les Master 1 en procédure pénale. Ils étaient moins nombreux, plus calmes et plus instruits aussi. Cette seule pensée suffit à me requinquer quelque peu et me procura un certain soulagement. Mais le principal sentiment qui m'animait était encore l'excitation.

J'étais impatient de retrouver Maelie. Je ne l'avais pas vue depuis deux jours et cette soirée agitée au cours de laquelle Élodie avait fait irruption chez moi sans prévenir. Je n'avais par conséquent pas encore eu l'occasion de m'excuser pour l'avoir mise dans cette situation au combien embarrassante. Or je tenais absolument à le faire.

Le temps de changer de salle et je pénétrai dans l'amphithéâtre dont les rangs, encore clairsemés, se remplissaient peu à peu. Je patientai encore quelques instants histoire que tout le monde soit installé et que le silence gagne les lieux. J'en profitai pour guetter la présence de Maelie dans l'intention d'aller à sa rencontre à la fin du cours. Je consacrai ainsi plusieurs secondes à parcourir chaque visage du regard en quête de mon étudiante préférée. En vain. Il y avait bien l'une des deux filles avec qui elle était toujours fourrée mais aucune trace d'elle à ses côtés. Étrange. D'ordinaire, elle faisait pourtant partie des élèves les plus assidus à tel point que je n'avais pas souvenir qu'elle ait déjà manqué un seul de mes cours.

Son absence me posait question ou, plus exactement, elle m'inquiétait. En fait, je craignais qu'elle ne soit liée au regrettable incident de la semaine passée. Je tentais de me rassurer en songeant qu'il était ridicule de me monter la tête avec une telle supposition. En effet, il y avait bon nombre de raisons tout à fait rationnelles qui pouvaient expliquer que Maelie ne soit pas là. Après tout, elle avait peut-être simplement eu un problème de transport, un empêchement familial ou que savais-je d'autre encore.

Pour en avoir le coeur net, je décidai d'aller directement me renseigner auprès de son amie. Sitôt mon cours terminé, j'escaladai quelques marches pour la rejoindre dans les gradins de l'amphithéâtre. Tandis qu'elle finissait de ranger ses affaires, je m'enquis auprès d'elle :

_ Je m'excuse de vous dérangez mais j'ai quelque chose à vous demander. 

Elle jeta sur moi un regard surpris et me répondit :

_ Bien sûr monsieur. Quoi donc ?

_ Vous êtes proche de Maelie, n'est-ce-pas ?

_ En effet.

_ Dans ce cas, vous êtes sûrement en mesure de me dire pourquoi elle n'est pas venue aujourd'hui ?

Je vis à l'air gêné qui recouvrit son visage que ma question la mettait mal à l'aise. Elle tarda d'ailleurs à y repondre, cherchant d'abord longuement ses mots :

_ Et bien, en fait, elle est venue ce matin. Mais, comme elle ne se sentait pas très bien, elle a préféré rentrer chez elle pour se reposer.

_ Je vois. Rien de grave j'espère ? la questionnai-je, un peu soucieux.

_ Non, c'est simplement un coup de froid. Ne vous en faites pas pour elle. Elle est solide et je suis certaine qu'elle va récupérer très vite, me dit-elle dans un sourire.

_ Vous m'en voyez rassuré.

_ Vous vouliez la voir pour quelque chose en particulier ? me demanda-t-elle ensuite.

_ Rien qui ne puisse attendre. Je voulais juste faire le point avec elle quant à l'état d'avancement de son mémoire. Je patienterai le temps qu'elle se rétablisse. Souhaitez-lui un prompt rétablissement de ma part voulez-vous.

_ C'est promis, je n'y manquerai pas.

_ Je vous remercie.

Je tenais l'explication que je cherchais. Maelie n'avait pas pu honorer mon cours de sa présence parce-qu'elle était malade. Comme quoi, je m'étais fait des idées là où il n'y avait pas lieu de m'en faire en imaginant qu'il puisse y avoir un quelconque rapport entre son absence et les évènements de la semaine dernière. 

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