Love and Justice

Chapitre 52 (Maelie)

_ Vous ne comptez plus vous marier ? dis-je, stupéfaite. 

_ En effet, renchérit-il, laconiquement.

Je n'en croyais pas mes oreilles. Alors comme ça il avait renoncé à passer la bague au doigt d'Elodie. Pourquoi fallait-il que cette nouvelle me remplisse ainsi de joie ? J'avais ma petite idée sur la question. D'abord parce-que cette fille était tout bonnement détestable et que je n'allais donc certainement pas éprouver de la peine pour elle. Et puis, aussi et surtout, parce-que je venais d'avoir la confirmation que ces regrets qu'Alex Mavri semblait exprimer n'étaient en réalité rien de plus qu'une posture. Il pouvait bien nier autant qu'il le voulait, je savais désormais que sa déclaration d'amour n'avait rien d'un simple coup de folie comme il le prétendait. Au contraire, elle était tout ce qu'il y avait de plus sérieux sans quoi il n'aurait jamais abandonné ses projets de mariage de la sorte.

Cela étant, je ne comprenais pas pourquoi il me repoussait alors même qu'il venait de se libérer de ses obligations envers Élodie. Ça n'avait pas de sens et, une fois de plus, je devais bien reconnaître que sa logique m'échappait.

Je le questionnai, espérant que ses réponses m'apportent de quoi résoudre ce mystère :

_ Comment se fait-il que vous ayez pris une telle décision ?

_ Disons simplement que je me suis rendu compte que je faisais une erreur, me dit-il avant d'ajouter en guise de confession. Je n'aime pas Élodie. En fait, c'est terrible mais je crois même que je ne l'ai jamais aimée. Par conséquent, ça n'aurait pas été honnête de ma part de poursuivre ma relation avec elle.

Ces quelques mots sortis de sa bouche eurent le don de susciter mon enthousiasme au moins autant que mon incompréhension. Aussi, je m'enquis :

_ Je ne vous suis pas. Pourquoi vouloir mettre de la distance entre nous dans ce cas ?

Cette fois-ci, il jeta sur moi un regard indigné et me rétorqua sèchement, comme un rappel à l'ordre :

_ Je ne sais pas quel genre de type vous avez l'habitude de fréquenter. Mais sachez que, pour ma part, je suis un homme responsable. Je n'ai pas quitté Élodie pour aussitôt remettre le couvert avec la première venue. D'autant que je me sens bien assez coupable comme ça de vous avoir laissé m'embrasser l'autre soir. J'entends faire preuve de respect.

« La première venue ». Voilà que, de nouveau, il me témoignait une insupportable condescendance. Dire qu'il me traitait ainsi alors qu'il venait tout juste de se vanter d'être quelqu'un de respectueux...

Bien sûr, si je n'avais écouté que ma vexation, je me serais sûrement braquée et je l'aurais envoyé promener car, après tout, c'était bien ce qu'il méritait. Cela dit, il devait s'attendre à ce que je réagisse ainsi. C'était même peut-être précisément pour parvenir à ce résultat qu'il se comportait si mal. Je n'allais quand même pas agir conformément à ce qu'il prévoyait. Au contraire, j'avais bien l'intention de le surprendre et de le pousser dans ses retranchements jusqu'à triompher de sa mauvaise foi. Je savais pertinemment que je n'étais pas la première venue comme il voulait pourtant me le faire croire. En réalité, j'étais celle qu'il aimait suffisamment pour renoncer à son mariage. Et j'allais me faire un plaisir de le contraindre à le reconnaître une fois pour toutes.

Je lui répondis finalement, comme pour le mettre au défi :

_  Si je ne m'abuse, c'est bel et bien vous qui êtes allé sonner à ma porte pour m'annoncer la bouche en coeur que vous étiez amoureux de moi et, ce, alors même que vous étiez toujours fiancé. Permettez-moi donc de remettre en cause votre soi-disant sens des responsabilités. Et puis, comme vous venez vous-même de le relever, vous n'avez rien fait non plus pour m'empêcher de vous embrasser. D'ailleurs, je suis à peu près sûre que vous rêvez autant que moi que nous recommençions.

_ Alors là vous délirez complètement, répliqua-t-il avec sarcasme.

_ C'est ce qu'on verra Monsieur Mavri, dis-je dans un sourire délicieux avant de m'éclipser, le laissant seul en train de gamberger.