VIII. I'm here.

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À peine le jour levé, nous nous en allons vers la gare de Copenhague pour y prendre un train jusqu'à Stockholm.

- Si les réveils à la caserne pour courir dans des bâtiments en flamme en plein milieu de la nuit te manquent tant, tu es libre de rentrer à Chicago. Souffle Camille, ses yeux tueurs encore à demi fermés.

- Au lieu de râler, viens là. Souris je en l'attirant dans mes bras.

- Oh, je vois de quoi tu parles! Éclate de rire Gabby depuis mon téléphone quand elle la voit.

Elle lui tend un doigt d'honneur et pose un baiser dans mon cou avec de s'en aller.

- Mais, il n'est pas quelque chose comme 22 heures à Chicago? Qu'est-ce que vous faites à encore tous être à table? Interroge Camille.

- C'est notre premier moment de répit depuis le début de la garde. Répond Otis.

- Et vous? Qu'est-ce que vous faites debout si tôt?

- Notre cher lieutenant Severide a eu l'incroyable idée de nous faire prendre un train entre Copenhague et Stockholm à 5h30. Le matin.

Elle me sourit avant de se préparer et de réapparaître avec mon tee-shirt.

- J'ai retrouvé des photos. 2003, j'avais 8 ans. Dit elle en s'approchant de moi, son téléphone en main.

Elle montre d'abord la photo à nos amis avant de tourner son téléphone vers moi.

- Tu ne nous avais jamais dit que tu avais commencé ta carrière si tôt! Rit Cruz.

- Je suis sûr que j'ai la même photo de Severide quelque part. Commente le chef.

- Je suis sûre de l'avoir déjà vue... Celle-là, c'était à New York. Sourit Camille.

Mon regard alterne entre elle et la photo qu'elle me montre d'elle, une veste de feu sur les épaules, un casque de pompier sur la tête et une lance dans les mains, un grand sourire sur le visage à côté d'un ancêtre de nos camions.

- Je le savais, tu ne pouvais pas être si douée en si peu de temps, raconte moi tout sur ta vie secrète. M'exclamé je avec un regard.

Et ce regard, elle l'attrape pour ne plus le lâcher. Nous sommes ramenés à la réalité quand l'intercom sonne à Chicago et que nos amis s'en vont en coupant la conversation. Je pose mon téléphone et me retourne vers Camille, rattache son regard au mien et glisse un main derrière sa tête. Elle la rapproche de moi en passant une main dans mes cheveux et l'autre dans mon cou. D'une infinie douceur, nos lèvres se touchent et nous restons immobiles quelques minutes.

- On a un train à prendre, non? Glisse-t-elle d'une voix cassée.

Pendant que j'attrape nos bagages, elle prend notre fille dans ses bras sans la réveiller. Je pose son bonnet sur sa petite tête puis couvre les épaules de sa mère de son long manteau. Elle me lance un beau sourire en coin et nous nous en allons. L. se réveille juste avant que nous ne passions la frontière. À cette frontière, le train s'arrête et des hommes y montent. Je montre mon passeport et Camille tend sa carte d'identité française en même temps que celle de notre fille. Quand elle les range, j'attrape la sienne.

- Elle date de quand cette photo? Interrogé je avec un sourire devant son visage qu'elle penche.

- Fait moi voir la date. 10 ans. Oh, il va falloir que j'aille la refaire.

- Attends, tu ressemblais à ça à.. 15 ans? Impossible. Tu en as au moins 20 là-dessus. Et tu faisais 1, 65 m. Comme maintenant, pas vrai? Oh, tu fais 15 cm de moins que moi!

- 15 cm, oui, 6 pouces, je sais. Tu me rends mes affaires maintenant?

- Mama pomp'er! S'exclame L. en attrapant l'insigne de pompier de Camille.

Elle pouffe avec un immense sourire quand j'attrape un à un tous ses passeport, cartes, téléphone et autres insignes que je peux en lançant un clin d'œil à ma fille. Avec un baiser sur ses lèvres, je fais éclater de rire Camille. L. se lève et viens jusqu'à moi. Je la fais voler et elle rit. Elle s'assoit sur mes genoux et laisse tomber sa tête sur mon torse. D'un sourire, je tourne la tête vers sa mère qui grimace.

- Toujours la nausée? Interrogé je.

Elle balance sa tête d'avant en arrière comme réponse avant de la poser sur mon épaule. Les deux s'endorment contre moi et je finis par faire la même chose. Un baiser dans mon cou me fait rouvrir les yeux puis les abaisser vers Camille.

- Je t'aime. Souffle-t-elle avec un doux sourire.

Pendant que son regard alterne entre mes yeux et ma bouche, je me penche vers elle et l'embrasse.

- Qu'est-ce qu'il y a? Demande-t-elle alors que je la regarde sans un mot.

- Rien. Sauf que je t'aime et que je t'aimerai toujours, qu'on aura bientôt un autre bébé et que je veux t'avoir près de moi pour toute ma vie.

- Calme toi coco, j'ai déjà un mariage à gérer pour ma cousine...

- Ça doit faire, quoi, un an qu'elle t'a demandé de t'en occuper, non?

- Oui, peut-être.. Mais j'ai avancé! Et, de toutes façons, avec ou sans bague au doigt, je t'aime de la même façon. Souffle-t-elle avant de sortir sa chaîne militaire, ornée de sa plaque d'identification et de nos deux précédentes bagues de fiançailles. Et puis, ces bagues-là, elles sont toujours avec moi.

Elle m'envoie une grimace souriante à laquelle je réponds avec une bouche tordue. Elle rit en tombant sur mon épaule et, pendant qu'elle l'embrasse, je dépose un long baiser sur ses cheveux. Notre fille se réveille pour s'asseoir sur les genoux de Camille qui passe doucement ses mains dans ses cheveux avant de se mettre à tresser les boucles noires. Leslie finit par avoir deux tresses collées qu'elle semble adorer si on en croit son immense sourire.

- Mama, t'aime! Lance-t-elle en confirmation.

Elle se lève et colle un baiser sur sa joue, du moins comme elle le peut. Puis elle essaye d'arriver jusqu'à moi mais tombe sur mes genoux.

- Viens là, ma chérie. Je suis là, tout va bien aller, je suis là. Soufflé je avec un baiser dans ses cheveux en la prenant dans mes bras.

•••

Je suis en colère. Je suis même complètement furieuse. Contre le monde entier. Mais surtout, je suis en colère contre moi. Parce que ne jamais rien dire, ne jamais agir, ce n'est pas toujours la solution. Parce que, souvent, c'est même plutôt l'inverse. Donc, oui, je suis en colère. Et cette colère, elle grandit tous les jours.

Leur feuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant