XXV. The one you saw earlier

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Quand ils s'en vont, L. endormie, je la mets dans son lit. Et je vais m'allonger sur le notre, dans les bras de Kelly.

- Tu veux reparler de ce qu'il s'est passé tout à l'heure? Souffle-t-il à mon oreille.

Je hoche la tête et me relève doucement. Il se redresse pour mieux m'écouter et, avant que mes yeux ne soient pleins de larmes, je lâche son regard et me mets à parler.

- Celui que tu as vu, je le connais depuis longtemps. Je ne sais même pas depuis quand exactement mais c'était autour de notre collège ou lycée. On se connaissait mais sans plus, on n'était même pas vraiment amis. On ne se parlait même pas vraiment. Mais il y a eu ce moment...

Je fais une pause pour remonter mon regard vers lui.

- Tu sais, quand j'étais militaire, entre deux déploiements, j'étais à Paris pendant quelques jours ou quelques semaines. Et souvent, je passais mes soirées, et parfois même mes journées, à boire, à être à des fêtes, dans des boîtes... Et le truc, c'est que lui aussi, il était souvent dehors donc on se croisait souvent. La plupart du temps, c'était à peine si je lui disais bonjour.

Kelly essaie de ramener mon visage vers lui mais je l'en empêche, les larmes recommençant à me monter aux yeux.

- Mais il y a eu une nuit, une fois, après mon dernier déploiement, quelques mois avant que je vienne à Chicago. Il y a eu cette nuit qu'on a passé ensemble. Le truc, c'est qu'après cette nuit-là, je suis tombée enceinte. Mais je ne pouvais juste pas avoir un enfant à ce moment là, j'étais sur le point de déménager de l'autre côté de l'océan, commencer une nouvelle vie et il était hors de question que lui fasse parti de cette nouvelle vie.

Là, je dois retenir mes larmes pour continuer mon récit.

- Donc, j'ai décidé d'avorter. Et j'ai eu peur, j'ai eu très peur, j'ai eu encore plus peur après mes deux fausses couches. C'était terrifiant, j'étais complètement seule à ce moment-là, Myriam et Judith ne l'ont su qu'après. Le truc, c'est que sans que je ne sache comment, il a su que j'avais été enceinte et il a eu mon numéro. Et pendant des semaines, il m'a harcelée, il m'a accusée d'avoir tué son enfant. Il m'a menacé, il m'a terrorisée pendant des semaines, jusqu'à ce que j'arrive à Chicago et que je décide de le bloquer.

Je finis par me taire, des pleurs le long de mes joues. Et Kelly me serre dans ses bras, laissant couler mes pleurs. Puis il m'éloigne de lui, juste assez pour pouvoir me regarder dans les yeux.

- Il ne peut plus rien te faire, maintenant. Souffle-t-il.

Et il continue et parvient à me faire rire. Et nous nous endormons dans les bras de l'un, de l'autre. À mon réveil, personne n'est encore debout. Je me faufile hors de la chambre et vais à la boulangerie. J'en ramène des viennoiseries et un petit gâteau au chocolat. Puis je profite du chemin pour trouver un autre cadeau pour ma fille. Quand je reviens dans la chambre, elle se réveille doucement. Avec un grand sourire, je la prends dans mes bras.

- Bonjour, babygirl. Soufflé je avec un baiser.

Puis, en murmurant à moitié, je lui chante joyeux anniversaire. Elle m'applaudit en bougeant la tête. Et à peine ai-je fini qu'elle redemande la chanson. Avant que Kelly ne se réveille, je l'habille de la tête aux pieds et nous nous asseyons à terre. Un baiser sur ma tête m'indique le réveil de son père.

- Joyeux anniversaire, ma princesse. Glisse-t-il à sa fille qui s'attache à lui en glissant un baiser sur sa joue.

Et à nouveau elle me fait chanter. Puis Kelly nous rejoint et nous mangeons.

- Bo! Lance ma fille face au gâteau devant ses yeux. Mmm!

Je ris et, une fois qu'elle a fini de manger, sans en mettre absolument partout, je lui donne son cadeau. Avec l'aide de son père, elle l'ouvre. Je les prends rapidement en photo et elle découvre, ravie, le jouet contenu dans l'emballage, qui se trouve être un camion de pompiers.

- Mama! Cam'on pomp'er! S'exclame-t-elle en le brandissant.

Kelly s'éloigne pour aller chercher dans ses affaires un paquet presque aussi grand qu'elle. Dedans se trouve une peluche dont elle a choisi la forme et les vêtements à Londres. Au fur et à mesure qu'elle déchire le paquet apparaît donc un ours en peluche dont les pattes et les oreilles sont, par un pur hasard, aux couleurs des Chicago Cubs et, l'accompagnant, un costume de pompier. Avec l'aide de Kelly, elle l'habille et le serre contre elle, faisant rire son père. J'en profite pour les prendre en photo, photo que j'envoie à tous nos amis à Chicago. Et toute la journée, elle garde avec elle l'ours qui fait la moitié de sa taille.

- Aujourd'hui, c'est ton anniversaire! Lui souris je en français quand Kelly s'éloigne pour se préparer.

Elle me regarde avec de grands yeux et essaie d'imiter les sons qui sortent de ma bouche. Après que j'ai répété plusieurs fois le même mot, elle le dit fièrement.

- Nini'sai'! S'exclame-t-elle en riant.

Je l'applaudis en souriant et Kelly arrive dans mon dos. L. répète le même mot encore et encore en le regardant.

- Qu'est-ce que tu racontes, toi? Rit il en la prenant dans ses bras.

- Anniversaire. Traduis je, en français correct puis en anglais. Tu ne sais pas le dire, toi, hein?

Il redit le même mot que sa fille de son accent américain et je ne peux m'empêcher de sourire. Je me relève et nous sortons, L. répétant à qui veut l'entendre le mot qu'elle vient d'apprendre. Quand nous passons dans un magasin, elle me tient sagement la main et une vendeuse vient la voir.

- Nini'sai'! Dit encore une fois ma fille.

- Oh! C'est ton anniversaire? Comprend la vendeuse. Et tu me laisses voir ton bon doudou?

- Bo! Nounou'. Répond sérieusement L., tout en français. Pomp'er!

- Je vois ça! Sourit la vendeuse.

- Mama cam'on pomp'er, Dada secou' pomp'er. L'informe notre fille, passant à l'anglais.

Le regard de la vendeuse monte vers moi puis vers Kelly qui se tient à mes côtés et demande confirmation de ce que vient d'affirmer L. D'un simple signe de tête, je lui réponds et elle affiche un sourire.

- Merci. Merci de faire ce travail. Lance-t-elle d'un anglais à l'accent français très prononcé.

Je baisse la tête avec un sourire et prends ma fille dans mes bras. Elle pose sa tête contre mon cou, sa peluche entre elle et moi.

•••

On est déjà en Août. Ça passe vraiment trop vite. Et j'ai commencé à ranger ma chambre!

Leur feuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant