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Jules

Finalement, la reine était docile. Emilie signait tout sans rechigner et ne lui posait aucune question. Elle semblait éperdument se moquer de la politique du moment qu’elle était couverte de robes bouffantes et de bijoux étincelants. Une reine comme il les aimait.

Ce qui l’inquiétait en revanche, c’était ses rêves. Il faisait le même cauchemar, nuit après nuit. Il n’était pas Oracle, ça, il en était certain, mais quelqu’un cherchait à lui délivrer un message. Il ne savait pas qui ni pourquoi, mais il en avait saisi la teneur : il n’avait pas choisi la bonne reine et sa décision aurait des conséquences fâcheuses pour les personnes concernées. La première en avait déjà payé le prix fort, quant à la seconde, ce n’était plus qu’une question de temps. Tout ça parce qu’Océane était amenée à régner. Tout ça parce qu’il l’en avait empêchée.

Était-ce pour le punir que son rêve revenait sans cesse ? Mais même s’il souhaitait désormais s’amender, il ne pouvait plus rien faire. Il avait fouillé dans de nombreux livres, consulté les meilleurs experts et tous lui avaient délivré la même réponse : une fois qu’une reine était désignée, le seul moyen de la destituer était de la tuer ou de la rendre folle. Il n’y avait pas d’autres solutions…

Océane

Océane ne comprenait pas du tout la reine : elle lui avait demandé son aide pour changer les choses alors que sa politique ressemblait à toutes les autres. Pourquoi faisait-elle semblant d’être en accord avec la politique du Conseil ? À moins qu’elle ne fasse pas semblant… ou qu’elle n’ait aucun impact sur Jules et sa politique…

Émilie était en train de berner quelqu’un, mais Océane était bien incapable de déterminer si c’était elle ou Jules qui en était la victime. Peu importe : elle n’était pas reine et ne le serait sans doute jamais, autant qu’elle se fasse à cette idée. De plus, aucune des actions effectuées par la reine ne l’entacherait. Émilie pouvait faire ce qu’elle voulait, mais elle lui saurait gré d’au moins ne pas envenimer la situation du royaume.

Océane était lasse de toute cette mascarade, en particulier en ce qui concernait la formation. Elle avait l’impression de ne plus rien avoir à apprendre ici. Son temps serait mieux employé à se former grâce aux grimoires de sa grand-mère et à chercher un moyen de délivrer Lacifleur, les disparus (ou les punis comme on les appelait) et sa sœur, sans impliquer la reine actuelle.

Émilie

Tout se passait pour le mieux : Océane lui soufflait de bonnes idées qu’elle mettrait tôt ou tard en application et Jules ne se méfiait pas d’elle.
Emilie était belle, élégante et admirée de tous. Tout le royaume était suspendu à ses lèvres, impatient de découvrir ce qu’elle allait mettre en place, attendant beaucoup d’elle, tout comme les résidents du château : ils avaient souhaité son élection presque autant qu’elle.

Émilie vaquait au mieux à ses occupations. Être reine, c’était ne plus jamais avoir un seul moment pour soi ; même prendre soin d’elle faisait partie de ses fonctions. Ce qu’elle préférait par-dessus tout, c’était les bains de foule. Contrairement à la reine précédente, elle ne se faisait pas prier pour honorer le peuple de sa présence et pour participer à la moindre fête de village.

Tout allait pour le mieux, mais quelque chose l’agaçait : la jeune femme ne cessait de voir l’un des juges (celui qui était tout le temps fourré avec Océane). Qu’était-il en train de manigancer ? Cherchait-il à la tuer pour offrir la couronne à Océane ? Et sa rivale, était-elle au courant ? Si oui, Emilie l’avait sacrément sous-estimée ; jamais elle ne l’aurait cru capable d’une telle bassesse, d’une telle maîtrise de la manipulation et du mensonge : lui faire croire qu’elle lui offrait son aide pour gouverner le royaume tandis qu’elle complotait pour s’approprier le trône…

Lac [Terminée] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant