Lac [Terminée]

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Laurent

Mais pourquoi avait-il fait ça ? Pourquoi avait-il invité Océane à danser ? Et elle, pourquoi avait-elle accepté ? Laurent avait perçu son malaise et avait agi sans réfléchir... pour la sortir de là. Mais quelle idée !

Bientôt le jeune homme aurait fini sa formation et devrait rentrer à la barrière, là où était sa place. Et Océane, elle, resterait au royaume pour gouverner. Il ne devait donc jamais, jamais, jamais refaire une chose pareille.

L'Oracle eut du mal à trouver le sommeil ; il avait honte de lui. Et ses songes n'arrangèrent pas les choses : il avait rêvé d'un avenir où Océane ne serait plus reine et où il ne serait plus un membre du Conseil. Ils résideraient tous les deux dans la forêt des mirages, vivraient normalement et leurs problèmes existentiels se résumeraient à choisir la couleur des volets ainsi que le nom de leurs chatons. Ils posséderaient une maison avec un grand et beau jardin. Auraient même un enfant ou deux : un garçon et une fille. Et ils seraient heureux : lui, un simple homme faisant de temps en temps un rêve prémonitoire et Océane, une femme aux multiples talents. Le royaume coulerait des jours heureux, sans leur intervention. Évoluant côte à côte jusqu'à un âge avancé, ils mourraient dans leur sommeil, ensemble. Ils seraient alors enterrés par leurs enfants près d'un lac et des roses recouvriraient leur tombe commune.

Le réveil de Laurent sonna, l'arrachant à son doux rêve. Il aurait préféré continuer à dormir. Quitte à ne jamais se réveiller.

Océane

Lorsqu'Océane se leva, les soldats étaient déjà en train de prendre leur petit-déjeuner. Si on disait généralement qu'Océane était un ogre le matin, ce n'était pourtant rien à côté des soldats : on aurait dit qu'ils n'avaient rien avalé depuis des jours. Ou alors était-ce pour absorber l'alcool de la veille... En tout cas, ils avaient chacun pris un café, quatre grosses tranches de pain avec du beurre et de la confiture d'abricot, des céréales, un croissant et un pain au chocolat. Le tout arrosé d'un généreux bol de lait. Laurent arriva juste après elle : peut-être l'avait-elle réveillé. Dans tous les cas, plus tôt ils seraient partis et mieux ce serait.

La reine remarqua que Laurent n'avait pas très faim ; il se contenta d'un verre de jus d'orange pressé accompagné d'une brioche au sucre. Océane fit un effort pour faire plaisir à leur hôte : elle prit également un verre de jus d'orange pressé qu'elle compléta avec des crêpes au sucre, ainsi qu'un thé vert à la cerise.

Ils remercièrent chaleureusement leur hôte puis rassemblèrent leurs affaires et se mirent en route vers le mini bus. Leur chauffeur, qui avait passé la nuit avec eux, s'était levé plus tôt afin de préparer leur départ et les attendait à la porte de l'établissement. Avant de monter, Laurent partit pour une ultime vérification, puis Océane se rendit sur la grande place pour un dernier au revoir. Enfin, tout le monde s'installa pour le départ.

La prochaine étape était à quelques heures de la capitale. Océane s'arrêtait à chaque village, mais pour quelques minutes seulement. Elle s'entretenait avec les figures locales et se présentait à la population. Les habitants ne s'en offusquaient pas : ils savaient très bien qu'Océane ne pouvait pas s'arrêter partout et étaient déjà ravis de cette attention ; c'était en effet la première fois qu'une reine leur rendait visite.

Aucun des moyens qu'Océane avait utilisés pour en savoir plus sur la future reine ne lui avait indiqué qu'elle résidait dans un village : tous lui montraient plutôt une ville de taille moyenne. Pas aussi importante qu'une capitale, mais pas un village non plus. La jeune femme avait aussi eu un sentiment de déjà-vu, comme si elle était déjà venue dans la ville en question, mais elle avait beau se pencher sur la question, elle ne voyait pas de quelle ville il s'agissait. Océane en avait tant visitées ces derniers temps, sans compter celles où elle s'était rendue avec ses parents ou grands-parents ! Elle devait donc être patiente et visiter les villes les unes après les autres.

Après être passés dans plusieurs villages, ils arrivèrent enfin à destination. Océane était sûre qu'elle n'était jamais venue ici ; ce n'était donc pas là que se trouvait sa successeuse. Mais peu importe, elle devait quand même se renseigner sur la population locale et mieux cerner leurs besoins et difficultés. Eux aussi étaient ravis de sa visite et avaient préparé une fête en son honneur. La reine et ses compagnons auraient la chance de dormir dans un ancien château.

Océane se rendit vite compte du principal problème de la ville : l'insécurité, la délinquance et l'injustice. Tout le monde avait peur ; il y avait beaucoup de vols et de crimes. Ils manquaient de places en prison et ces dernières n'étaient pas suffisamment sécurisées : nombreux étaient les prisonniers qui s'en échappaient et ceux qui ne le faisaient pas étaient souvent enfermés pour rien. Il n'existait pas de moyen permettant de prouver les dires des suspects, alors certains d'entre eux étaient enfermés à tort, car pour enrayer le phénomène et décourager les criminels, les dirigeants de la ville avaient décidé d'appliquer la présomption de culpabilité.