Lac [Terminée]

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Le jour de son anniversaire, Océane se leva de bonne humeur. Elle comptait bien profiter de sa journée pour se faire plaisir : une balade en forêt, une plongée dans le lac… Tout compte fait, la baignade n’était pas une si bonne idée : en ce début de février, le mois le plus froid de l’année, le lac devait être gelé. La piscine, en revanche, paraissait être une bien meilleure idée. Elle engloutit son petit-déjeuner en vitesse et fila avant que la maisonnée ne se réveille.

Océane commença par la balade en forêt. La jeune fille retrouva l’endroit où elle avait ramassé la bille. En dépit du temps écoulé, elle s’en souvenait comme si c’était hier.

Suivant ses souvenirs, Océane prit le même chemin que celui qu’elle avait emprunté ce fameux jour. Elle se retrouva devant le plus majestueux des arbres. La jeune fille se demanda comment elle avait fait pour ne pas le remarquer la dernière fois (l’adrénaline, songea-t-elle). L'adolescente se concentra alors davantage et s’aperçut que quelque chose avait changé en ce lieu : devant l’arbre, la terre était tassée, comme si quelqu’un s’y était allongé. Océane remarqua des symboles étranges tracés dans l’humus, ressemblant à des yeux. Elle se demanda si ces derniers étaient déjà présents la dernière fois, mais la réponse s’imposait d’elle-même : bien sûr que non, la pluie et le vent auraient tout balayé. Un inconnu s’était aventuré dans sa forêt, il y a très peu de temps.

Océane partit ensuite nager. N'étant pas d'humeur sociale, elle évita le monde le plus possible. La jeune fille enchaîna sans discontinuer les longueurs, alternant le crawl et la brasse. Au bout de trois kilomètres, elle décida que c’était assez et rentra chez elle. 

En arrivant, sa sœur et sa grand-mère l’attendaient, une lettre à la main. Elle la décacheta et lut à voix haute ; elle n’avait rien à leur cacher.

« Mlle Flores Océane, vous êtes la dixième prétendante du royaume. Une escorte viendra vous chercher le 9 février pour vous emmener au château de Lac, où vous suivrez votre formation. Emportez avec vous toutes les affaires que vous jugerez nécessaires et tenez-vous prête à partir aux alentours de dix-sept heures. En attendant, portez-vous bien, vous et votre famille. Avec tout mon respect, Tom Vallet, membre du Conseil supérieur. »

Seule Marine afficha une mine surprise et pour cause : elle était la seule à ne pas être dans la confidence. Océane et Christiane lui racontèrent toute l’histoire. Elles redoutaient sa réaction, car, après tout, elles l’avaient maintenue à l’écart, mais Marine, contrairement à Océane, comprenait qu’on puisse avoir un jardin secret. Et surtout Marine, la vraie Marine, n’était pas rancunière ; elle oubliait et pardonnait facilement. La jeune fille accusa le choc lorsqu'elle apprit sa malédiction. Mais quelque part, elle fut également soulagée : ainsi donc, son comportement inhabituel et sa mauvaise humeur trouvaient donc une explication...

Si cette lettre disait vrai, il ne leur restait que six jours à passer ensemble. Si Marine jugeait que c’était trop peu, Christiane, qui sentait ses forces l’abandonner, avait peur que cela ne soit trop. Océane, quant à elle, trouvait que c’était juste assez.

Les cinq jours suivants, les trois femmes vaquèrent à leurs occupations habituelles, faisant comme si de rien n’était. Elles faisaient en sorte de profiter de chaque moment ensemble, sachant pertinemment qu'il ne leur restait pas beaucoup de temps à passer ensemble. Mais toutes les trois étant très pudiques, elles ne se firent pas de grandes démonstrations d'affection.

Le dernier jour, Christiane, Marine et Océane se levèrent de bonne heure pour tout préparer : elles firent la lessive, le ménage et empaquetèrent les vêtements. Une matinée suffit pour tout terminer. L’après-midi, Christiane avait confectionné le gâteau préféré de ses petites-filles : une tarte au citron meringué. Océane concocta une tisane à l’hibiscus et elles répétèrent pour la dernière fois.