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Jules

Quelle déception, quelle honte ! Émilie avait de la chance que peu de personnes soient au courant. Une reine qui se faisait ridiculiser par sa dauphine, ça ferait jaser. Oui, il était au courant, comme toujours.

Si Emilie pensait pouvoir se moquer impunément d’Océane, elle n’était qu’une pauvre sotte. Jules espérait qu’au moins, elle ait pu en tirer une quelconque satisfaction, mais cela semblait peu probable. Ce que Jules savait, il le tenait de la formatrice en magie. Cette dernière ne lui avait pas tout raconté pour nuire à Émilie, mais pour prouver à Jules qu’il aurait dû l’écouter. Oui, la formatrice l’avait averti qu’Océane était faite pour être reine. Émilie n’avait jamais été sa préférée, sa favorite. Non parce qu’elle avait quelque chose contre la jeune femme, mais simplement parce qu’elle vouait une profonde admiration à sa rivale : l’ensorceleuse la plus puissante qui n’ait jamais existé. Pas vraiment la personne idéale à enquiquiner.

Bien sûr, Jules n’avait pas prononcé un mot, mais il avait essayé de le lui communiquer par le regard. Il était évident que la reine avait compris sa déception et elle semblait d’ailleurs lui en vouloir. Il n’était donc pas sûr qu’elle ait tout saisi.

Jules commençait vraiment à regretter ses choix : cette reine n’était pas mieux que la précédente et il lui apparaissait maintenant clairement qu’Océane était la seule légitime.

Quant à lui, il était de plus en plus mal en point : il dormait peu, était plus fatigué que jamais et ce mal au crâne… Et encore, s’il n’y avait qu’au crâne… Mais le président du Conseil avait également des nausées terribles et des vertiges. Une nuit, il avait même vomi en jet.

Il avait constaté d’autres changements en lui, au départ rares, mais de plus en plus fréquents. Il butait sur ses mots, lui qui avait toujours été un excellent orateur.

Jules avait par ailleurs l’impression que ses jambes ne le soutenaient plus. Il avait beaucoup de mal à coordonner ses mouvements et se retrouvait parfois étendu par terre, sans savoir ce qui lui était arrivé.

Pas besoin d’être un génie pour comprendre qu’il était malade. Et que c’était grave. Un cancer du cerveau très probablement. Un guérisseur confirmerait probablement son diagnostic.

Océane

Bien. Elle avait réussi à se « débarrasser » de la reine. Elle ne la suivait désormais plus nulle part et était beaucoup moins démonstrative envers Laurent.

Océane partit se coucher de bonne heure. Elle espérait rattraper son sommeil, mais ce ne fut pas le cas. La jeune fille fit un nouveau rêve prémonitoire, concernant Jules cette fois-ci. Son temps était compté ; elle ne parvenait pas à dater précisément sa mort, mais elle l’estimait inférieure à un an. Océane ignorait si ce dernier se savait malade.

Était-ce une bonne ou une mauvaise chose ? Jules avait beau être ce qu’il était, arrogant, accaparant le pouvoir, manipulant les gens et élaborant des complots, il n’en était pas moins un assez bon politicien. Il lui manquait certaines valeurs comme l’humilité, un meilleur sens de la justice et l’amour de l’innovation, mais il avait tout de même des qualités.

Et la reine actuelle avait bien besoin de ses conseils. Car sinon, qui la raisonnerait et l’aiderait à gouverner ? Seul Jules en avait les épaules…

Lac [Terminée] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant