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Le lendemain, Océane se leva de bonne heure, avala un petit-déjeuner très léger et partit explorer le château. Cette dernière avait entendu dire qu'il y avait une salle de musculation quelque part dans l'aile gauche. Elle se mit en quête de cette pièce et croisa une bande de combattants. La jeune fille décida de les suivre : ils allaient s'entraîner.

La salle était située tout au fond du couloir. Une devise était inscrite sur la porte : « on ne s'arrête pas lorsqu'on a mal, on s'arrête lorsqu'on a terminé ». Océane entra et referma la porte sans faire de bruit. Elle inspecta la salle : il y avait vraiment de tout : vélos d'appartement, tapis de course, vélos elliptiques, appareils de musculation, mais aussi petit matériel... L'adolescente se trouva une place assez près du groupe pour les observer, mais suffisamment loin pour ne pas se faire repérer. C'était une séance de sport, mais avant tout une mission d'espionnage.

La prétendante fit ses abdos, son gainage, puis travailla les cuisses en faisant des exercices avec élastique et en cherchant à tenir le plus longtemps possible en chaise. Elle finit sa séance par le travail des bras et des épaules avec des poids. En même temps, Océane observait le groupe qu'elle avait suivi jusqu'ici. Il n'y avait que très peu de chances pour qu'ils discutent de leur test d'entrée, mais elle pouvait toujours découvrir leur particularité. C'est à la toute fin de la séance qu'elle le remarqua : ils avaient tous dans leur poche une sorte de couteau suisse (la jeune fille en avait vu un tomber de la poche d'un des garçons et avait vu qu'ils avaient tous un objet de la même forme dans leur poche gauche). Si jamais ils se rendaient à la salle avec un objet de ce genre, ça ne pouvait qu'être leur signe distinctif.

Océane eut alors l'idée de se rapprocher du groupe pour obtenir les informations qu'il lui manquait : elle demanda à une fille comment se servir d'une des machines de musculation. La fille en question, Sonya, le lui expliqua et elles engagèrent la conversation ; elle lui proposa de se joindre à son groupe pour le repas du midi. L'adolescente accepta et partit se doucher.

La prétendante arriva pile à l'heure. Les combattants la rejoignirent et la conduisirent à leur table habituelle. L'ambiance qui y régnait était très différente de celle dans laquelle elle évoluait d'ordinaire. Ce n'était pas aussi silencieux qu'avec Laurent ni aussi bruyant et épuisant qu'avec la bande de sa sœur. Ici, on se charriait les uns les autres, mais on ne se moquait jamais des autres derrière leur dos. L'adolescente les trouva d'emblée sympathiques.

Tout au long du repas, les combattants s'intéressèrent à elle, lui posèrent des questions et répondirent aux siennes. La jeune fille n'avait plus l'impression d'être une prétendante ; elle était devenue l'une des leurs. Ils commencèrent par des questions générales, puis au fur et à mesure, ils abordèrent des sujets plus personnels. Au bout d'un moment, Sonya lui posa la question qu'ils se posaient tous : comment était-elle devenue l'une des candidates ? Ils ne connaissaient que les rumeurs et voulaient vérifier leurs fondements. Océane leur parla alors de la bille perdue, de sa trouvaille dans la forêt, de la lettre du Conseil, de l'arrivée de la garde royale et de Tom pour venir la chercher... Elle en profita pour leur demander comment eux avaient intégré leur formation et ils lui racontèrent qu'ils avaient tous passé un test. Tous les membres du groupe s'étaient retrouvés témoins d'une scène d'agression entre un homme armé d'un couteau et une jeune fille sans défense. Ils s'étaient tous interposés entre la victime et son agresseur, avaient désarmé ce dernier, avant de le combattre au corps à corps. Les combattants avaient remporté leur combat et fait fuir leur agresseur.

Océane savait désormais ce qui reliait les combattants entre eux, mais plus qu'un couteau suisse et un test, c'était leur sens de la justice, leur courage, leur honneur et leur sens de la solidarité qui les unissaient. En les regardant, l'adolescente se dit qu'il devait être agréable d'être ami avec ces gens-là. En tant que reine, si elle le devenait un jour, elle serait condamnée à la solitude. Jusqu'à présent, la prétendante n'avait jamais vu cela d'un mauvais œil, elle qui avait toujours apprécié l'isolement. Pourtant, aujourd'hui, en voyant ce à côté de quoi elle passait, la jeune fille commença à l'envisager comme un fardeau.

Lac [Terminée] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant