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Le toboggan était très long et devait se trouver très en deçà de la surface de la Terre. Laurent et Océane atterrirent dans une salle entièrement plongée dans le noir et furent soudain un peu mal à l'aise. Ils tâtonnèrent à la recherche d'un interrupteur, qu'ils finirent à leur grand soulagement par trouver.

La pièce était en désordre, sans doute un grenier. Océane trébucha plusieurs fois tant il y avait d'obstacles. Il n'y avait aucun bruit, ni dans la pièce, ni, leur semblait-il, en dehors. Soudain, un animal bondit devant eux. C'était un chat écaille de tortue, qui semblait minuscule. Océane se pencha pour le caresser quand l'animal se dressa subitement sur deux pattes comme un humain et leur annonça d'une voix grave :

- Ma maîtresse va vous recevoir. Suivez-moi, je vous prie.

Ils le suivirent, à peine surpris : cela faisait déjà quelques jours qu'ils étaient dans la forêt des mirages et plus rien ne les étonnait. Le chat les conduisit dans un dédale de couloirs et ils songèrent que, sans guide, jamais ils ne parviendraient à retrouver leur chemin. À plusieurs reprises, ils eurent l'impression de repasser par les mêmes endroits. Les deux amis commençaient à penser que le chat cherchait à les embrouiller lorsqu'enfin, ils arrivèrent devant une porte en or, ornée de gargouilles.

L'animal tapa trois fois puis attendit... Ils aperçurent un œil au niveau du judas, puis la porte bascula et s'ouvrit. Des lampes torches accrochées aux murs s'allumèrent d'un coup et le chat les invita à marcher sur le tapis rouge qui se déroulait devant eux. Laurent et Océane obtempérèrent et au bout d'un instant, ils trouvèrent deux fauteuils. Un autre siège apparut en face d'eux, mais tourné de façon à ce qu'on en distingue le dos.

- Asseyez-vous, leur intima la voix émanant du fauteuil.

Laurent et océane s'installèrent. Le siège se retourna alors, laissant apparaître Lacifleur. Le chat, qu'elle appelait Salem, reprit une allure de chat classique et sauta dans les bras de sa maîtresse. Le visage de cette dernière s'illumina peu à peu : elle semblait ravie.

Lacifleur avait été mise au courant de leur visite par son amie Marjorie. Elle avait pu observer tout le reste de leur parcours depuis la petite île de Skye et avait été épatée par les deux jeunes gens. D'un côté, Laurent, mystérieux, discret, introverti, fiable et efficace, était l'ombre d'Océane ; il pouvait facilement passer inaperçu alors qu'il était d'une aide inestimable. Océane, quant à elle, était une candidate hors norme. Sa sœur était maudite et elle-même n'avait pas spécialement envie de devenir reine. Mais c'était une ensorceleuse et une créatrice hors pair, probablement la meilleure qui ait jamais existé. Elle s'était malheureusement mis à dos une grande partie du Conseil.

Une des choses qu'elle avait beaucoup appréciée chez les deux jeunes gens était qu'ils n'avaient pas hésité à plonger dans la source. Ils n'avaient pas paniqué lorsqu'ils avaient découvert leur nouvelle physionomie et n'avaient manifesté aucun effroi lorsqu'ils avaient aperçu la sienne. Cela se voyait même à leur allure : sans être négligés, Laurent et Océane étaient vêtus simplement, bien loin des canons de la mode et leur coupe de cheveux était classique, sans ornements.

Elle alluma un feu et les invita à boire un thé et manger des petits biscuits.

- Félicitations, vous êtes parvenus jusqu'à moi. Que puis-je faire pour vous aider ?

- Nous avons une lettre à vous remettre de la part du Conseil.

Bien sûr, ça, elle le savait déjà.

- Très bien, je vais la lire maintenant. Il faut toujours vite se débarrasser des choses désagréables.

Si Jules avait envoyé Océane lui remettre un message, c'est qu'il comptait qu'elle n'y parviendrait pas ou que, si elle y arrivait, ça se passerait mal. Elle décacheta la lettre et la lut mentalement : « Si Océane a pu vous retrouver, c'est que vous n'êtes pas aussi bien cachée que vous le croyez ». Une menace même pas voilée. Jules attendait d'elle qu'elle se débarrasse d'Océane. Or elle ne le ferait pas. Lacifleur savait que son secret était en sécurité avec la jeune fille et que de toute façon, Jules ne parviendrait jamais jusqu'à sa cachette. Cela allait le rendre fou de rage mais après tout, c'était en partie sa faute si elle avait été bannie et condamnée à la laideur.

Lac [Terminée] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant