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Le voyage se poursuivit et les jours semblaient se dérouler de la même manière, comme si Océane était coincée dans une boucle sans fin. Elle remarqua que dans le royaume, des difficultés étaient communes à tous les villes et villages : elle en ferait donc sa priorité. Mais la reine s'apercevait également que certains étaient confrontés à des problématiques différentes, qu'il ne fallait pas ignorer. Le système politique actuel du gouvernement ne fonctionnait pas ; toutes les décisions étaient prises depuis la capitale et les provinciaux étaient dès lors laissés pour compte.

Océane décida que sa première mesure serait de nommer un conseiller sur chaque territoire du royaume : celui-ci serait élu par la population locale et il en serait le représentant auprès de la reine et du Conseil. Toutes les demandes seraient examinées, mais loin de cantonner les conseillers à un simple rôle consultatif : elle voulait qu'ils aient un réel pouvoir local. Ainsi, la jeune femme comptait confier à chacun des responsabilités. La reine (avec l'aide du Conseil) fixerait ses lois, mais en cas de difficultés des communes pour les appliquer, les conseillers pourraient toujours demander une dérogation. Et si des territoires nécessitaient des lois spécifiques, ces derniers pourraient soumettre à examen leurs propres propositions de lois. Océane était consciente que certains territoires étaient trop éloignés de la capitale pour obliger les conseillers à se déplacer jusqu'au château en cas de demande et c'est pourquoi elle comptait mettre au point un agenda qui leur permettrait de prendre rendez-vous avec elle (ce dernier serait visible et les Conseillers n'auraient alors qu'à s'inscrire sur un créneau libre) et à la date du rendez-vous, ce dernier serait télétransporté directement dans la salle de réunion du Conseil. Dès que l'entrevue prendrait fin, il pourrait immédiatement retourner chez lui.
La plupart des problématiques pouvaient facilement être résolues à l'aide d'un peu d'imagination. Or de l'imagination, la reine n'en manquait pas.

Un village par exemple, était confronté à un problème de créativité. Les personnes n'ayant plus de rêves et d'espoir, elles ne parvenaient plus à raconter des histoires à leurs enfants. Quelques livres existaient, mais ils étaient anciens et racontaient tous la même chose. C'était triste et les enfants en pâtissaient : ils se contentaient de vivre au jour le jour, sans projet ni aspiration. Ils étaient étrangement terre-à-terre et ne croyaient en rien. Pour eux, Océane créerait un dispositif permettant à l'histoire de changer en fonction de la personne qui la lirait et de son état d'esprit au moment de sa lecture. Ainsi, avec un seul livre, les possibilités seraient infinies et de plus, le lecteur serait le héros de sa propre histoire.

Dans une autre ville, le problème était celui de la confiance en soi : les personnes n'osaient plus déclarer leur flamme à l'élu(e) de leur cœur par peur de se faire rejeter. Les couples étaient de moins en moins nombreux, les enfants également. La survie de la ville était donc en péril. Océane pensa à leur mettre au point un dispositif qui leur permettrait de savoir si la personne qu'ils aimaient (et uniquement celle-là) les aimait en retour. Si c'était le cas, ils n'auraient alors plus aucune raison de ne pas se déclarer.

Dans la plupart des villes ou villages, les jeunes personnes n'avaient pas connaissance de leur vrai talent, de ce pour quoi ils étaient faits. La reine concevrait donc un détecteur de talent. Cet appareil leur indiquait quelle formation et quel métier leur convenaient.

Un autre point concernait la difficulté à évaluer si quelqu'un disait la vérité : un détecteur de mensonges ultra perfectionné devrait faire l'affaire.
Concernant le problème d'argent, de logement et de nourriture, Océane songea à mettre en place un système qui assurerait à chaque travailleur, en fonction de ses moyens et de ses capacités, un logement à lui (et pour sa famille) et de quoi se nourrir. Le logement et la nourriture de base seraient gratuits. Des suppléments devraient être versés par ceux qui aspireraient à une plus grande maison ou des aliments non essentiels tels que des bonbons, des sodas, de l'alcool... Ainsi, les besoins fondamentaux seraient satisfaits pour tout un chacun.

Concernant les transports, la santé et l'éducation, la jeune fille comptait développer la télétransportation et les tapis volants, plus écologiques. Les transports seraient gratuits, mais appartiendraient à l'ensemble de la communauté.

S'agissant de la santé, Océane jugeait que tout le monde devait pouvoir accéder aux soins, ce qui était loin d'être le cas. En contrepartie, tous devaient se montrer responsables de cette dernière et en prendre soin : ceux qui ne respecteraient pas ce principe paieraient pour tous. En effet, tout ce qui détériorait la santé servirait à rembourser les frais : achats de cigarettes, d'alcool, de mets sucrés, de voiture... Les guérisseurs seraient mieux répartis et il y en aurait suffisamment pour répondre à la demande de chaque territoire. L'accent serait mis sur la recherche et la prévention et de nouveaux modes d'accompagnement seraient mis en place, notamment pour les personnes âgées, les handicapés et les malades chroniques.

Enfin, concernant l'emploi, le système serait réformé et de nouvelles formations préparant à de nouveaux métiers verraient le jour. Ce système viserait à ce que chacun trouve sa place dans la société et à ce qu'aucun enfant ne se retrouve sur le carreau. 


Océane était inquiète : son périple touchait presque à sa fin et elle n'avait pas encore rencontré sa remplaçante. Ils n'avaient plus qu'une seule ville à visiter : soit la future souveraine y était, l'ayant fait languir depuis tout ce temps, soit elle n'existait pas encore ou n'était pas en âge de régner, soit elle l'attendait déjà au château. Dans tous les cas, elle serait fixée le lendemain.

Laurent, témoin de son inquiétude, la rassura en lui disant qu'elle finirait bien par la trouver. Ils fouilleraient la moindre parcelle de la ville si cela était nécessaire et ça tombait bien, car Laurent connaissait la ville comme sa poche, pour y avoir passé une partie de son enfance. Océane aussi la connaissait, mais pas aussi bien qu'elle ne l'aurait voulu ; c'était là qu'elle avait fait la connaissance de Guy et de Rolande. La jeune fille espérait pouvoir passer leur faire un coucou et les remercier pour leur lettre.

Lac [Terminée] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant