À dix-huit heures, Laurent passa la chercher. Il s'était fait beau lui aussi : pantalon de smoking, chemise grise et nœud papillon rouge ; ils étaient tous les deux assortis, si ce n'est que Laurent n'avait pas de paillettes. Il lui prit le bras et la conduisit vers la salle. Ils n'étaient ni les premiers ni les derniers arrivés. Les prétendantes accoururent à leur rencontre.
- Alors, ça vous plaît ?
Océane prit alors le temps de détailler la salle avant de répondre. La décoration était blanche, grise et rouge, avec des paillettes ; elle était parfaitement assortie à Laurent et Océane. Il n'y avait pas de banderoles, mais les prétendantes avaient accroché des toiles représentant sous forme de dessin la reine, le Conseil, les prétendantes et les autres corps de formation. Des petites figurines étaient posées sur les tables et les serviettes étaient pliées en forme de bateau, de grenouille ou de nénuphar.
- C'est... très joli, souffla Océane. Vraiment. Pas trop surchargé, juste comme j'aime...
Laurent approuva.
- Ah, tant mieux. Nous, on voulait en faire plus, mettre des banderoles, des confettis en forme de cœur, des fleurs et des paillettes partout (encore plus que là), mais Luka nous a assuré que tu n'aimerais pas. Que tu préférais la sobriété. Quelque chose comme ça. Ça n'a pas été facile pour Coraline, Laurie et Angélique. Mais comme cette fête était pour toi, elles se sont résignées.
Océane regarda Luka avec un regard empli de gratitude, ce qui rendit Luka folle de joie. Ainsi, elle allait devenir la référente en tout ce qui concernerait la reine.
Ils profitèrent de la fête en discutant avec tout le monde et en mangeant des feuilletés aux chorizos, de la tapenade, des pizzas, wraps au thon, tartelettes aux poireaux, puis des coulants au chocolat, mousses à la framboise et meringues au citron. Ils avaient tant mangé qu'ils passeraient sans l'ombre d'un doute une mauvaise nuit, mais ne regrettaient rien.
Des groupes locaux jouaient, mais cette fois-ci, Laurent n'invita pas Océane à danser. Les prétendantes, elles, avaient attendu ce moment avec impatience et acceptèrent toutes les demandes des garçons. Vers minuit environ, Océane remercia tout le monde et monta se coucher. Laurent et la plupart des membres du Conseil partirent en même temps qu'elle. Thomas, lui, était contraint de rester : il devait surveiller la fête, s'assurer qu'elle ne finisse pas trop tard et que tout soit rangé et nettoyé. Il s'était fait avoir parce qu'il était le plus jeune (avec Laurent) et le dernier arrivé. Le jeune homme dut refuser de nombreuses propositions et fut soulagé lorsque la fête prit fin vers deux heures du matin. À sa grande surprise, tout le monde mit la main à la pâte : tout était nickel un quart d'heure plus tard. Il attendit qu'il ne reste plus personne dans les couloirs, inspecta les chambres afin d'éviter les fêtes clandestines, puis, comme il n'y avait rien à signaler, monta enfin se coucher.
Comme prévu, Laurent et Océane avaient mal dormi. Mais ce n'était pas grave, ils étaient prêts et, après une douche rapide, un peu plus réveillés. Ils avalèrent leur petit-déjeuner, mais avec bien moins d'enthousiasme que d'ordinaire. Ensuite, ils ne perdirent pas de temps et partirent. Malheureusement, la télétransportation nécessitant beaucoup d'énergie, Océane ne pourrait pas éviter les pauses et ils mettraient ainsi plusieurs jours pour arriver à destination. Ils espéraient tout de même ramener les disparus avant la date du mariage, prévu dans une semaine à peine. Ça risquait d'être compliqué : quatre étapes, quatre jours. Sans compter le retour...
Laura se mariait à Eglos, une ville située en plein centre du royaume. Cela leur prendrait donc un peu moins de temps qu'à l'aller, mais pas beaucoup moins. Enfin, plus vite ils seraient partis et plus vite ils seraient revenus. Océane déposa ses instructions sous la porte de Jules et ils partirent, sacs sur le dos. Ils se rendirent au lac pour se télétransporter plus facilement : il était en effet plus facile de le faire à l'extérieur qu'à l'intérieur, bien que personne ne puisse expliquer pourquoi. C'était parti, en quelques secondes à peine, ils se retrouvèrent à Vaïma.
Jour 1 : Vaïma
Le voyage avait été épuisant, pour Océane tout particulièrement, car elle avait dû pomper dans des quantités astronomiques d'énergie. Ils ne pourraient désormais plus se télétransporter ailleurs avant le reste de la journée. Ils avaient donc décidé de faire un peu de tourisme avant de se reposer. Au cours de leur visite, ils demandèrent aux habitants s'ils connaissaient un lieu pour camper. Ils pourraient ainsi y passer la nuit avant de repartir le lendemain matin.
Le temps était clément ; il faisait beau, ni trop chaud, ni trop froid. La ville n'en était pas vraiment une. En effet, il n'y avait quasiment pas d'habitants ; il semblait y avoir davantage de promeneurs. Les rares maisons se ressemblaient à s'y méprendre : elles étaient construites en pierres grises avec des portes et des fenêtres rouges. Personne n'avait de jardin à lui, mais perdus en pleine nature, c'était comme s'ils se partageaient tous un énorme terrain. Tout le monde œuvrait d'ailleurs en commun pour s'occuper des arbres, plantes, fleurs... Les habitants vivaient entre eux, sans dépendre des villes extérieures et ne faisaient appel à aucune technologie. Ils vivaient modestement, avec uniquement leurs ressources locales et leurs talents.
Les habitants étaient ahuris de voir la reine et un membre du Conseil et les invitèrent à dormir chez eux. Laurent et Océane leur désignèrent leurs tentes, mais ils insistèrent tellement qu'ils finirent par accepter. Ils étaient heureux de leur montrer leur patrimoine, leur jolie nature et leur manière si particulière de vivre. Ces derniers leur proposèrent une randonnée qui prit des heures ; les montagnes entouraient le village et ils gravirent la plus haute. Arrivés en haut, ils mangèrent des sandwichs. La vue était magnifique : un paysage infini s'étalait devant leurs yeux émerveillés.
Les habitants pointèrent du doigt le village qui ressemblait d'ici à un minuscule point. Lorsqu'ils eurent fini leur repas, ils entreprirent la descente. Il était aux alentours de dix-sept heures lorsqu'ils arrivèrent aux jardins du village. Les promeneurs en firent le tour en admirant la végétation, les fontaines, les cascades, mais aussi les statues et œuvres d'art. C'est avec des étoiles plein les yeux qu'Océane et Laurent retournèrent au village. Et là, ils furent invités à se reposer et à se doucher avant un apéritif en terrasse puis une paella maison et enfin, à un « bain de minuit » (en maillot bien évidemment) dans l'énorme piscine chauffée du village. Océane et Laurent approuvèrent ce programme et ne tardèrent pas à l'exécuter.
La sieste leur fit particulièrement du bien, de même que la douche. L'apéritif fut délicieux : sirop de mûre maison et limonade, olives des jardins, tomates cerises du potager, melon... Tout était frais et léger. La paella maison était excellente, épicée comme il le fallait (mais pas trop non plus), avec des calamars et des chorizos à la place des morceaux de viande.
Ensuite, tout le monde enfila un maillot et plongea dans la piscine. Cette dernière faisait cinquante mètres par vingt-cinq, ce qui était vraiment énorme et elle était à une température de trente degrés. C'était parfait. Tout le monde s'amusait, mais alors que Laurent venait de couler Océane, cette dernière prit conscience de la situation : elle était en maillot deux pièces avec un Laurent assez peu vêtu également et, essayant de lui résister, elle avait enroulé ses jambes autour de son bassin. Il était tout de même parvenu à la maintenir sous l'eau et elle avait dû relâcher sa prise. La jeune femme hésitait désormais entre partir se cacher, rouge de honte ou se venger. Elle avait décidé d'être adulte et de pardonner à Laurent sa petite trahison, mais lorsqu'elle eut une occasion parfaite de lui rendre la monnaie de sa pièce, elle la saisit sans réfléchir. Ils étaient à un point chacun et décidèrent de s'arrêter là ; ainsi, il n'y avait ni gagnant ni perdant. Les deux amis rentrèrent ensuite se coucher.
Laurent et Océane s'endormirent vite ce soir-là, mais ils rêvèrent l'un de l'autre : leurs petites gamineries dans la piscine les avaient remués. Le lendemain, ils furent invités à prendre un petit-déjeuner au restaurant du village : jus de myrtille maison, crêpes au sucre et fromage blanc au coulis de fruits rouges. Un délice. Ils repartirent avec un panier débordant de fruits et jus pour le reste de leur voyage. Heureusement qu'ils avaient un sac magique pour tout caser !
Les deux comparses remercièrent une fois de plus les habitants et leur proposèrent de venir leur rendre visite quand ils le voudraient. Océane leur demanda de lui adresser un courrier s'ils avaient besoin de quoi que ce soit. Après cela, ils se télétransportèrent jusqu'à leur nouvelle destination : Tenya.
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Lac [Terminée]
Historical FictionOcéane Flores est l'une des dix prétendantes au trône du royaume de la lumière. Elle est particulièrement douée en magie, création et combat mais n'a en revanche aucune élégance et la politique l'ennuie. Sa sœur Marine vit un passage difficile en ce...