1.15 - Liv Ivar

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Le phoque que Kristina avait vu malade plus tôt dans la journée se retrouvait dans un bassin à tourner en rond, attendant patiemment que sa maîtresse trouve une réponse à ce qui s'était produit. Cette dernière jouait avec ses jambes dans l'eau, en y formant de doubles cercles. Elle était bien sûr secondée par les trois employés qui avaient été avec elle. Le premier était au bureau, tentant de réparer les machines encore réparable, la seconde (Ingrid) lui tenait compagnie en nageant avec le phoque et le dernier était allé à la recherche d'une personne qui pouvait aider.

— Il n'a plus l'air malade, lui fit remarquer Ingrid qui jouait avec l'animal. Il a l'air plutôt en forme.

— Oui, mais je ne veux pas prendre de risque. Je ne veux pas qu'il lui arrive quelque chose une fois libéré.

— Et qu'est-ce qui te fait croire qu'Anders pourra ?

— Je lui fais confiance, c'est tout.

Ingrid ne répondit rien sur le moment, mais repensa à la scène à laquelle elle avait assisté avant de reprendre :

— Il a grillé nos machines. Tu crois vraiment qu'on n'a pas besoin d'un spiritualiste ? Peut-être que ce fou de capitaine Turgis n'est pas si fou que ça. Peut-être que les dieux nordiques existent.

— Le courant avait surchauffé, Ingrid. C'est tout. Ce n'était rien qu'une coïncidence. (Elle fit un geste dans l'eau et le phoque vint poser son museau sur sa paume.) Tout a un sens.

— Il est là, lui dit une voix derrière.

Elle tourna son regard et vit Anders arriver. Il portait son habituel tenu de marin, surplombé d'un survêt contre le froid. Ses bottes en cuirs produisaient des bruits sonores sur la surface en bois.

Kristina se leva en sa direction et lui tendit nerveusement la main.

— Anders, fit-elle d'un ton timide. C'est un plaisir de te voir.

— Moi aussi. (Il tourna son regard vers le phoque.) Comment il va ?

— Je vais bien merci, et toi ?

— Euh... Kristina ? Je parlais du phoque.

— Anh quoi ? Okay. Excuse-moi.

Elle se frappa la tête et remit ses pieds dans l'eau, attirant le phoque vers elle. Anders l'imita en plongeant lui aussi ses pieds dans l'eau.

— Il n'avait pas de fièvre, reprit Kristina, mais il n'avait pas non plus l'air bien. Bizarre, non ? J'ai d'abord pensé à une grippe, mais je ne crois pas que les phoques aient des grippes. Pas vrai ? Ils sont habitués au froid, n'est-ce pas ?

— Bah, c'est ce qu'on va voir.

Anders approcha sa main du flanc du phoque et commença à le caresser, à la recherche de quelque chose d'anormal.

— J'ai appris que le bateau du Capitaine Turgis est mal en point, reprit-elle.

— Oui, lui sourit-il. Pas d'escape en mer pour un bon moment.

— Que comptes-tu faire alors ? Je veux dire : pendant ce temps ? Tu pourrais travailler avec nous en entendant. ? On prépare un spectacle de phoque pour les enfants.

— C'est gentil de proposer, mais le capitaine est un peu fou. Il a besoin de moi pour ne pas déraper. J'espère que tu ne m'en veux pas.

—Anh ! Pas grave, soupira-t-elle.

— Mais je viendrai assister au spectacle si ça peut te rassurer.

— Oh ! C'est gentil alors.

Ils se sourirent un moment avant qu'Ingrid ne leur interrompe.

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