— Aïe, ma tête, gémissait Kristina en reprenant conscience.
Elle s'était adossée contre l'une des jambes du lit, et sentait contre sa main, une patte du phoque. Ce dernier, étant toujours assommé.
Elle avait du mal à scruter la chambre, car la seule lumière qui entrait, était celle que procuraient la lune et ses étoiles dans le ciel noir. Elle en déduit donc qu'il n'était pas moins de 7h.
Elle prit appuie sur le lit, et poussa un long gémissement en se dressant sur ses jambes pour tomber sur le matelas sans pour autant comprendre ce qui lui arrivait. Ses jambes ne lui obéissaient pas. Ils ne voulaient pas se réactiver.
La lumière de lune zébrait à travers la fenêtre brisée, et rayait son visage d'ombre. Sa chevelure blonde paraissait plus pale, mais ça irait, selon elle.
Elle se souvint ensuite qu'elle avait une boite d'allumettes au chevet du lit. Alors, elle la chercha.
Quand elle finit par la trouver, elle alluma une tige et put voir près de la fenêtre, un paquet de bougies dont la majorité était brisée et broyée sur le pavé en compagnie d'une armoire renversée.
Elle s'avança alors vers le tas de bougies éparpillées sur le sol quand elle sentit quelque chose lui pénétrer la plante de pieds. Un morceau de verre. La douleur aiguë fut si violente qu'elle lui arracha un grand cri avant qu'elle ne retombe brutalement sur le pavé par les fesses, tout en lâchant l'allumette qui partit s'éteindre. Des larmes se joignirent à la scène, pendant qu'elle se cambrait vers sa plante pour retirer le bout de verre mais elle ne voyait pas grand-chose.
Elle grinça de plus belle en essayant d'atteindre le bout de verre, mais elle ne fit que tâtonner.
Quand elle sentit la surface dure et aiguisée du morceau de verre, elle plissa plus fort les yeux car elle s'apprêtait à la retirer. Ses larmes s'intensifièrent, et lorsqu'elle retira précipitamment le bout de verre, elle se mordit la langue pour grincer à nouveau de dents. Elle se mit ensuite à masser la plante du pied qui laissait couler maintenant un ruisseau de sang.
Puis, d'un coup, elle entendit Anders gémir à son tour. Il reprenait conscience. Elle rampa alors jusqu'à lui.
— Anders ?! Anders ?!
— Hein, souffla-t-il. Ma tête...
— Anders ! J'ai vraiment besoin de ton aide.
Anders sentit la voix déformée par la douleur de Kristina.
— Kristina ? Ça va ? T'as mal...
— Il y a une boite d'allumettes au chevet du lit, grinça-t-elle. Et des bougies près de la fenêtre.
Il se leva et tâtonna à la recherche du lit. Il percuta le bassin réduit à l'état de croûte, mais parvint à toucher le chevet du lit. Il le balaya de sa main et tomba sur la boite d'allumette.
— J'ai la boite d'allumette.
— Fais attention. Il y a des morceaux de verre près de la fenêtre. Passe par-dessus le lit, et ne brule rien.
— A vos ordres, cap.
Anders s'allongea sur le lit en direction de la fenêtre et alluma la tige. Il ne tarda pas à voir les morceaux de verres qui avaient pris d'assaut ce côté du pavé. Juste à côté, des bougies écrasés sous l'armoire attendant qu'on mette fin à leurs supplices. Alors, prudemment, il se pencha et ramassa une bougie en forme, contrairement aux autres qui étaient broyées et brisées.
Il parvint à l'allumer et put constater avec effroi l'énorme fissure sur la plante de pied de Kristina. La main qui massait cette zone était teintée en rouge, et le filet de sang circulait sur le pavé.
Il dirigea sa lumière vers le visage de Kristina, et se rendit compte qu'il était couvert de larmes et de morves. Preuve de la souffrance qu'elle ressentait à ce moment.
— Kristina !
Il posa la bougie dans un lieu sûr, de sorte qu'un minimum d'éclairage prenne le control de la pièce. Il se jeta ensuite sur elle, et appuya sur la zone ensanglantée.
— Un bout de verre, lui dit-elle.
— Une boite à pharmacie.
— Au salon... sous l'étagère de la radio.
— D'accord... je reviens tout de suite.
Anders prit la bougie et descendit en trombe les escaliers à la recherche de la boite à pharmacie.
Bien que la tempête se fût estompée, il pleuvinait néanmoins dehors. À ajouter que toute la ville était inondée d'eau d'une hauteur de talon. Mais il faisait trop noir pour qu'il voit quelque chose. Il ne pouvait qu'entendre les eaux ruisseler.
Il tomba sur la boite et remonta en vitesse avec vers la chambre de Kristina. Il posa la bougie et s'occupa d'elle.
— Merci Anders, fit-elle pendant qu'il la soulevait pour la poser sur le lit.
— C'est normal.
Le sang de Kristina suinta sur le sol avant d'atterrir sur le lit.
— Désolé pour ton lit, commenta Anders.
— Ce n'est pas grave, Anders.
Ce dernier se mit à la soigner, et banda son pied.
— Au lever du soleil, il va falloir aller à l'hôpital.
— Ce n'est pas grave, Anders. Juste une petite coupure.
— Une coupure qui va d'un bout à l'autre de ton pied ? Je préfère être sûr que la plaie ne s'est pas infectée.
— Tu l'as toi-même désinfectée.
— Mais je veux être sûr. Le capitaine Turgis m'a toujours dit que lorsqu'on pratique une chose alors qu'on n'en est pas professionnel, il y a plus de risque qu'on se trompe.
— D'accord, sourit-elle. Et la fille ?
— Je ne l'ai pas vue. Seulement Vigo qui est sous le lit ?
— Tu lui as donné un nom ? Pourquoi je n'ai jamais pensé à nommer mes phoques ?
— La bougie ne tiendra pas toute la nuit. Il faudra une lampe.
— Ne t'en fais pas pour ça. Que comptes-tu faire maintenant ?
— Il ne pleut plus. Je vais pouvoir rentrer chez moi. J'imagine d'avance, les dégâts.
Il s'assit près d'elle.
— Ta mère ne devrait pas tarder. Et si elle me trouve dans la même chambre que toi, je suis un homme mort.
— T'as peut-être raison. Je te raccompagne à la porte.
— Tu pourras marcher ?
Kristina posa lentement ses pieds sur le pavé. Elle froissa un moment la mine, mais la douleur était supportable maintenant.
— Qu'est-ce qu'on fait de Vigo ? Il doit peser, dit Anders.
— Ça va. Ma mère sait que j'adore les phoques. Elle comprendra... je l'espère.
Ils descendirent les escaliers jusqu'au pas de la porte.
— Bon... bah... On verra comment réagira tout le monde demain. A demain ?
— Prends soin de toi, Anders.
— Toi aussi.
En descendant les escaliers de la véranda, Anders sentit l'eau à la hauteur de son talon. Toute la ville était inondée. Il sortit sa voiture du garage et lança un dernier regard à Kristina qui refermait la porte avant que le véhicule ne dispatche en deux l'eau de la route en disparaissant dans l'horizon.
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ECARLATE
ActionEthan, jeune adolescent passionné d'écriture et ayant pour projet d'enfin commencer un véritable roman, voit ses plans changés par la venue d'une créature céleste à l'apparence féminine qui le soupçonne de savoir où se dissimule son éclair. Pendant...