CHAPITRE 23

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Astrid, bras croisés sur son bureau, ne cessait de ruminer la scène à laquelle elle avait assisté, et à divers moyens d'annoncer cela au maire. Mais le croirait-il ? Dans le monde des incrédules, il pouvait bien rivaliser avec sa fille sur le podium. Sans compter le fait qu'il avait une tendance particulière à prendre certaines choses sérieuses à la légère. Ce qui l'inquiétait depuis son ascension au poste de Shérif d'Erland.

Astrid se relaxa sur le dossier de son siège tout en poussant un profond soupire. Le téléphone fixe sur le bureau, tenant compagnie à des piles de documents et des crayons, la distrayait un peu. Mais la mèche... Elle n'arrivait pas à s'effacer l'image de la mèche de la tête. Si c'était bien ce qu'elle croyait, alors, la personne ou la chose à qui appartenait cette dangereuse brindille pouvait causer des dommages dont la ville ne se remettrait pas avant des années. Quitte à éliminer tout le monde.

Un tel être n'avait pas le droit de circuler ici, encore moins à Erland. Il faudrait mener l'enquête, circuler des maisons en maisons pour la dénicher, mais en même temps, cela éveillerait des soupçons. Personne ne croirait à son histoire, et le maire, comme à ses habitudes, s'amuserait à la contredire devant tout le monde.

Toc-toc-toc. Quelqu'un frappa à la porte. Astrid se ressaisit et leva sa tête.

— Entrez.

La porte s'ouvrit à quart, et une tête rouquine passa à travers.

— Shérif Sven ?

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— C'est Barthélemy, dit-il en entrant complètement. Il veut vous voir.

— Je viens de l'interroger et je... (Elle siffla de colère) Je viens.

Elle se leva et alla voir Barthelemy qui avait été déplacé de la salle interrogatoire à la cellule d'isolement.

Elle arriva en face de lui, et le vit à travers les barreaux, assis sur une sorte de banc condamné contre un mur.

— Tu voulais me voir ? lui demanda-t-elle en prenant un ton hautain.

— C'est quand je sors ? Vous en avez fini avec moi, je suppose.

— Oui. J'en ai presque fini avec toi.

— Vous avez vous-même vu que si j'avais séquestré la propriétaire de cette mèche, je ne serais peut-être pas en vie en ce moment ?

— La propriétaire. C'est une fille ?

— J'ai dit ça parce que la mèche était fine comme appartenant à la chevelure d'une fille.

— Pas faux.

— C'est quand je sors ?

Astrid tourna son regard le long du couloir en direction de la fenêtre où elle voyait des feuilles se brusquer par le vent prenant de la violence. Annonçant que la tempête était plus proche que jamais.

— Une tempête se prépare. Et vous n'avez pas de moyen de transport pour rentrer. Vous risquez de... Je vais devoir vous garder, au moins, jusqu'à la fin de la tempête.

— Vous pourriez me raccompagner ou demander à l'un de vos agents de... Il va bientôt faire nuit et...

— Leur vie a plus d'importance que la vôtre.

— Je vois, soupira Barth.

— Apportez-lui de l'eau. Il doit avoir soif.

— Ça ira pour moi, reprit Barth.

— C'est vous qui voyez. (Elle se tourna vers le gardien de la cellule.) Tu gardes un œil sur lui. Je vais devoir rentrer, pour faire face à la tempête avec ma fille. J'espère que ça ne vous dérange pas.

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