1.14 - Une arrestation corsée

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La résidence de Barthélemy Knut se faisait fouiller de fond en comble. La cabane, la grange et même les bois n'échappaient pas au ratissage. Pourtant, ils ne trouvèrent rien. Ce qui eut la manie d'arracher au shérif un profond soupir de frustration.

Elle s'approcha alors de Barth qui se tenait sur la véranda, observant la police faire son travail, sans sourciller. Son visage était bien sûr inquiet. Et cela ne tirait pas son origine de la fouille. Non. C'était le regard que lui avait lancé Ethan. Un regard qu'il connaissait bien.

— J'imagine qu'il s'agissait d'une fausse alerte, conclut Astrid en s'approchant de lui.

— Ah... ouais, répondit-il d'un ton évasif, il était ailleurs.

— Shérif ! Shérif ! lui cria soudain l'un de ses agents qui arrivaient en courant. (Elle se retourna vers lui.)

— Vous avez découvert quelque chose ?

Son sourire s'élargit. Elle avait enfin trouvé le prétexte parfait pour arrêter Barthélemy. Elle lui lança donc un regard accusateur et victorieux avant de rejoindre l'agent. Mais ce même sourire se brouilla quand elle vit ce qu'il lui présentait. C'était une mèche de cheveux d'un blanc gris qu'il tenait à travers son gant en caoutchouc, car un flux électrique y circulait.

— On l'a déterré dans un creux, dans la forêt. On a bien évidemment essayé de l'analyser, mais la mèche a grillé nos circuits de communication. On a aussi essayé de l'emballer dans un étui, mais il a brulé à son contact.

— Conservons-le. J'espère que la police scientifique pourra nous trouver quelque chose sur ce sujet.

Elle tourna son regard vers Barth, et d'un signe de main lui demanda de s'avancer. Ce dernier obéit. Il les rejoignit et vit la mèche de cheveux se tordre entre les gangs en caoutchoucs.

— Qu'est-ce que c'est ?

— Nous rêverions que vous nous donniez la réponse, monsieur Knut.

— Bah... madame Shérif. Tout comme vous, c'est la première fois que je vois un tel phénomène. Une mèche électrique, ça ne court pas les rues.

— Il ment ! rugit Bertil en sortant de nulle part.

Il venait d'arriver sur le lieu, tout rouge et suant. Ses joues avaient l'air encore plus bouffies que jamais. Et sa démarche estropiée avait encore empiré. Il perdait sa tignasse, laissant croitre sa calvitie.

— Il ment ! ajouta-t-il en les rejoignant. Il y avait une fille dans un creux dans la forêt. Ses cheveux brillaient. C'est une de ses mèches.

Astrid sourit et lança un regard victorieux voulant dire : « Vous avez intérêt à me dire la vérité. » à Barth. Ce dernier n'avait pas prévu un tel coup de la part de son compagnon de chasse. Et pourtant, il aurait dû s'en douter. Les lâches dans son genre sont toujours prévisibles.

— Vous n'allez pas me faire avaler que vous croyez à ce qu'il raconte ? reprit Barth en quête d'échappatoire. Depuis quand un être humain possède de tels cheveux.

— Le détenteur ou la détentrice de ça. (Elle lui montra la chevelure électrique). Vous allez maintenant me dire la vérité. Que savez-vous à propos de cette mèche ? Appartient-elle à une personne ou à quelque chose d'autre ?

— Je n'en ai aucune idée, shérif. Je vous jure.

— Il ment ! insista Bertil.

En ce moment, Barth n'avait plus qu'un besoin : sauter sur Bertil et l'étrangler. Mais il dut réprimer sa colère devant le regard ferme du shérif.

— Vous voulez vraiment que j'en arrive là ? demanda le shérif qui en jubilait déjà.

— Je vais vous dire, reprit Bertil. Cette mèche appartient à une fille. Et ce n'était pas que ses cheveux qui brillaient. Tout son corps brillait. Elle était blanche, à confondre avec de la neige.

— Je ne suis pas comme ma fille, dit Astrid en jetant un rapide coup d'œil à la mèche. Je ne suis pas rationnelle à l'extrême. Vu le stade où l'on est, je dirais que c'est possible ce qu'il raconte. Alors, je vais vous le demander encore une fois : « Que savez-vous de cette mèche ? »

— M... m... m... commença-t-il à balbutier. Je... je...

— C'est bien ce que je pensais. (Elle sortit son arme et le pointa vers lui) Monsieur Barthélemy Knut, vous êtes en état d'arrestation pour entrave dans une enquête policière.

— Pardon, Vous ne l'avez...

— Tout ce que vous direz pourrait être retenu contre vous.

— Mais je...

Sans plus tarder, deux flics se saisissaient de lui, et un troisième le menottait.

— Bertil... ! Bertil ! Qu'est-ce qui t'a pris... ? Commença-t-il à tenter de se débattre.

— Je ne veux pas aller en prison, sanglota-t-il. Je le fais pour ton bien.

Barth se faisait emmener maintenant, sous le regard suppliant de Bertil qui s'efforçait de ne pas crouler sous son propre poids. Ses os commençaient déjà à lui faire mal.

— Dis plutôt que tu le fais pour toi ! Espèce de lâche ! Espèce de lâche ! Espèce de lâche !

— Le lâche, c'est vous, lui reprit Astrid en entrant dans son véhicule. On se revoit au bureau, monsieur Knut. Et j'espère pour vous que l'affaire dans laquelle vous vous êtes jeté n'est pas grave. Vous risquez d'être pendu. Autant alléger votre peine tout de suite.

— Bertil, je reviendrai.

— Quoi ? Tu m'assassineras ? Comme tu as assassiné ta femme et ta fille ?

— Je ne les ai pas tuées !

— Tu les as brûlées.

— Je n'étais même pas là quand ça s'est passé !

— Tu mens !

— Tu vas arrêter de gesticuler ? lui ordonna l'un des policiers qui tentaient de le maîtriser. Il y en a qui essaie de faire leur boulot.

Barth fut entré de force dans l'un des véhicules de police qui démarra et s'en alla.

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