Un autre mort

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Le lendemain matin, Nils avait eu du mal à se remettre du fait qu'il avait veillé toute la nuit à cause de ce dont il avait discuté au téléphone avec Karen. Cela l'avait en quelque sorte maintenu éveillé : Il était vrai qu'il n'avait jamais vraiment été proche d'elle – il la connaissait à travers Mickaël – et ce dernier, quand il parlait d'elle, n'évoquait que des pires souvenirs. Ainsi, inconsciemment, il en était venu à ne pas apprécier une personne qu'il ne connaissait même pas.

Allongé sur le dos, regard fixé sur le plafond, il ne cessait d'y repenser. Et quand son alarme sonna enfin, il se leva, se prépara et se mit en route.

En refermant la grille de la parcelle, il aperçut à l'autre bout de la route, Aaricia, la thanatopractrice. La morgue n'était pas loin de chez elle. Du coup, marcher ne lui posait pas problème.

— Aaricia ! fit-il en levant sa main pour attirer son regard. Aaricia !

Cette dernière s'arrêta et tourna son regard vers l'origine du bruit. A la vue de Nils, elle sourit et lui fit signe de venir à elle. Nils lança alors un regard sur les deux côtés de la chaussée pour s'assurer que la voie était libre. Par la suite, il traversa en trottinant et la rejoignit.

— Tu m'as l'air pressée, dis donc, fit-il en recevant une bise sur la joue de sa part.

— Quand le travail m'appelle, je me dois de répondre présent. (Ils reprirent la route ensemble.)

— Je croyais que tu n'aimais pas ton travail.

— Mais est-ce que j'ai le choix?

— Et que s'est-il passé ? Ne me dis pas que...

— Oui... la police a découvert un cadavre dans les bois. Près du domaine de Barthelemy Knut.

— Tu n'es pas sérieuse, là ?

— Je sais, soupira-t-elle. 2 morts en moins de six jours. Et ma prière est que celle-ci soit une mort naturelle.

— Mais tu n'en es pas sûr, n'est-ce pas ?

— Trop de choses bizarres se passent à Erland ces derniers temps. Tu ne trouves pas ?

— A qui le dis-tu ?

— La mort de Bertil Folk par exemple. Je ne dis pas qu'Erland n'est pas ne ville développée. Mais tu comprends qu'il n'y avait rien ici qui pouvait causer une telle mort ? Et même frappé par la foudre ?Je commence à penser qu'il y a un éclair particulièrement farouche qui nous a pris pour cible.

— Pourquoi ?

— Lors de la tempête, je me souviens des lueurs rouges sous la pluie. Avant que je ne sois assommée par le tonnerre.

— Anh... d'accord.

— Sinon, toi ? Tu t'en vas travailler au pont ?

— Pas exactement. Disons que je dois revoir quelqu'un.

— Ah... d'accord.

Ils continuèrent de discuter jusqu'à arriver à l'entrée de la morgue où ils durent se séparer.

Nils continua sa route jusqu'à la mairie, malgré la distance. Il s'était dit que cela lui ferrait du sport.

Arrivée devant le bâtiment nouvellement construit, il vit juste devant, un véhicule qui l'attendait en compagnie d'un agent d'entretien. Il s'agissait d'un quatre-quatre blanc de rayure noire et d'un parechoc gris sur lequel l'emblème d'Erland était étiqueté tout le long du flanc droit pour signifier qu'il s'agissait d'un véhicule municipal.

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