ECARLATE

Une autre attaque

48

Astrid Sven sillonnait la forêt. Précisément dans les environs de l'endroit où le corps avait été découvert. Elle était en compagnie de deux de ses hommes qui l' aidaient à ratisser la zone à la recherche d'un indice quelconque. Mais avec ce tas neige qui tapissait la forêt, la tâche semblait s'alourdir à chaque mouvement.

Lorsque le shérif s'approcha d'un des buissons couvert de neige, elle crut apercevoir une lueur dorée et étincelante en émaner. Intriguée, elle se pencha dessus et tomba sur une mèche, semblable à celle de l'autre fois. Vu l'expérience qu'elle avait eu avec la première, elle jugea prudent d'utiliser un gang en caoutchouc avant de saisir délicatement le brin entre ses deux doigts, cette dernière provoquant de minuscules crépitements d'étincelles.

— Shérif Sven, l'avertit l'un de ses hommes. On a trouvé quelque chose ?

Astrid alla le rejoindre et tomba sur une paire d'empreinte de pas particulière. Contrairement aux empreintes habituelles , celles-ci donnaient une petite impression de scintiller. On aurait dit qu'elle brillaient littéralement.

— Faites attention quand vous l'effleurez, leur dit-elle en s'accroupissant vers la paire d'empreintes.

Elle essaya de déterminer la trajectoire empruntée par les pas et constata alors, avec un sourire amer, qu'elle pointait vers le domaine de Barth.

Astrid soupira et eut la sale impression que le vieil homme se moquait d'elle. Comment l'avoir la main dans le sac ? se demanda-t-elle. Jusque-là, il avait réussi à lui cacher beaucoup des choses à l'aide des circonstances qui jouaient en sa faveur. Mais son instinct lui dictait de se méfier de lui. Et elle était sûr d'une chose. Il y avait une clandestine qui se promenait dans la ville.

C'est alors qu'elle repensa aux rumeurs et murmures qui circulaient à Erland à propos d'Ethan et d'une fille aux cheveux blonds. Était-ce elle ? Les blondes n'étaient pas ce qu'on pouvait qualifier de rare là-bas. Mais la rumeur disait aussi qu'on ne l'avait jamais vu. Qu'ils étaient peut-être cousin-cousine. Autant en être sûr, elle irait l'interroger après cette quête. Et il n'avait pas intérêt à lui mentir. Mais en même temps, elle devait garder un œil sur Barth. Elle plissa les yeux pour reprendre ses idées, et s'efforça à garder son calme.

— Shérif, vous allez bien ?

— Je vais bien, je... j'ai juste besoin de garder mon sang-froid et analyser la situation.

Elle se releva et posa ses mains sur ses hanches.

— J'ai horreur qu'on se paie ma tête, ragea-t-elle.

Soudain, elle entendit un grésillement entre les arbres en provenance de la montagne. Elle tourna en cette direction et vit entre les arbres et les buissons, une lueur écarlate qui grandissait, preuve que quelque chose d'un rouge brillant se rapprochait d'eux. Et par les grésillements assourdissants, elle comprit et sut la chose qui arrivait.

— Sortons de cette forêt au plus vite, lança-t-elle à l'intention de deux hommes.

Ces derniers furent pris au dépourvu.

— Mais shérif, nous n'avons pas...

— MAINTENANT !!!!!!!

A pas de course, ils se mirent en tête de sortir de la forêt. Mais l'épaisseur de la neige était telle qu'ils s'épuisèrent bien plus vite qu'ils ne l'auraient pensé.

L'éclair se rapprochait. Elle l'entendait.

Puis, elle sentit la lueur rouge passer au-dessus de leur tête.

— Arrêtez-vous ! ordonna-t-elle.

Ils étaient encerclés par des arbres, eux-mêmes encerclés par des buissons .

Astrid lança un regard panoramique à la zone, mais la lueur écarlate semblait les encerclait. Les emprisonnant dans son œil. Quand, tout-à-coup l'éclair fit son apparition. Il zigzaguait au-dessus d'eux en formant des cercles. Les grésillements étaient à la fois lourds et assourdissants.

Astrid sentit la mèche vibrer à travers sa main gantée. Elle se risqua un coup d'œil, et vit le brin de mèche se tordre entre ses doigts, comme aimanté par l'éclair furieux. Comprenant la situation, d'un signe de la tête, elle ordonna à ses hommes de se regrouper autour d'elle. Ils s'exécutèrent. Elle leva ensuite la mèche vers l'éclair, provocant l'intensification de la lueur.

— A trois, on fonce. Un, ... (Elle réduit la pression entre ses doigts.) deux... (Le brin de mèche était sur le point de s'envoler.) TROIS !!!!!

Elle lâcha la mèche, et à trois ils s'en allèrent à vive allure.

En sortant de la forêt, Astrid eut le temps d'apercevoir l'éclair fondre et pulvériser la mèche. La collision entre les deux provoqua une petite explosion d'un flash aveuglant avant que l'éclair écarlate ne s'en aille disparaître.

— Vous avez vu ce que c'était, dit l'un de deux hommes encore ébahi en ouvrant la portière de son véhicule.

Essoufflés par la course, ils se plièrent en deux pour reprendre des forces en respirant bruyamment.

— Vous croyez que c'est cet éclair le responsable ?

— Ne prenez pas de décision hâtive, répliqua Astrid. Évitez aussi d'ébruiter l'affaire. Vous risqueriez de déclencher la panique générale.

— Mais shérif... vous rendez-vous compte du danger que cet éclair représente pour la communauté ?

— C'est qui le shérif ?

— Vous, shérif.

— Alors tâche de t'en souvenir avant de commettre la plus grosse bêtise de ta vie en t'opposant à mon autorité.