CHAPITRE 33

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Barth, dans sa cellule, attendait qu'on vienne enfin le libérer. Silencieux, il fixait le vide comme étant entré en transe. La minute d'après Astrid pointait déjà le bout de son nez. Elle se plaça ensuite devant les barreaux et l'observa.

- Vous aviez dit qu'une fois la tempête passée, je pourrais sortir... fit Barth en se levant lourdement vers elle.

- Je vous avais oublié... répondit Astrid d'un ton agacé.

Elle prit un trousseau de clef sur le bureau du gardien et lui ouvrit.

Muscles fatigués, Barth se relaxa avant de finalement poser les pieds hors de sa cage. Il ne souriait pas. Son visage était fatigué, et froissé d'inexpression.

- J'imagine que je serais raccompagné jusque chez moi, cette fois-ci ? Vous me devez bien ça.

Astrid frémit un moment en se rendant compte du ton grave de sa voix. On aurait dit une boule de rancœur qui se battait de toutes ses forces pour ne pas exploser.

Elle leva son doigt et l'un de ses agents vint à leur rencontre.

- Veuillez raccompagner monsieur Knut chez lui...

L'agent acquiesça à contrecœur et accepta de conduire le vieil homme avec lui. Ils prirent donc la route. Et durant tout le trajet, Barth demeura silencieux, sans lancer les quelques pics qu'il avait l'habitude de lancer à chaque fois qu'il se retrouvait dans une situation de ce genre.

Le véhicule arriva à bon port, et le vieil homme descendit. Le policier s'en alla, laissant Barth contempler ce qui restait de sa cabane. Un tas de planches difformes, éparpillé dans tous les sens. Il venait de se rendre compte qu'il n'avait plus de toit.

Il chancela vers les vestiges en bois et lança un regard panoramique à l'horizon pour contempler tristement les dégâts. Il tomba ensuite sur ses genoux, se cambra et commença à sangloter pendant quelques minutes.

En relevant sa tête, il partit fouiller dans les tas de bois, à la recherche d'une petite valise qui lui avait toujours été précieuse. Et finit par la trouver près de la forêt, brisée sur le côté mais son contenu était intact. Il l'ouvrit et vit la poupée de laine qui avait autrefois appartenu à sa fille et l'écharpe que sa femme lui avait cousu le jour suivant son mariage. Ils avaient pris un coup de vieux, mais ils étaient là. Il enfouit alors son visage dans ce qui restait maintenant de sa famille et laissa se déchainer les flots de ses larmes. Il avait tout perdu. « Je te tuerai, Bertil. » pensa-t-il au fond de son cœur.

Les premières neiges commencèrent à ce moment. Au-dessus de lui, flottait une nuée de flocon d'une blancheur éclatant qui descendaient et se posaient sur lui. Sa tête à la chevelure sèches, ses épaules, son dos n'échappaient pas à l'assaut. Rien n'échappait aux incrustations de la neige.

Lorsqu'il se redressa, il croisa le regard d'Ecarlate. Cette dernière sortait de la route, et tenait un livre dans sa main. Elle s'avançait vers le vieil homme posé sur ses genou, visage couvert de larmes, marqué d'une expression de désespoir profonde.

Elle s'arrêta devant lui, mais ce dernier continuait de sangloter.

A cet instant, elle le surprit en se mettant à genou puis, en le tira vers elle. Barth, déjà fragilisé, se laissa faire et compris qu'elle l'étreignait. Alors, il enfouit son visage dans la fine et blonde chevelure d'Ecarlate.

- Merci, lui dit-il en se lâchant.

Ecarlate ne réagit pas et continua de l'étreindre. Elle n'arrivait pas comprendre la raison pour laquelle elle l'étreignait. Elle ressentait juste le besoin de le faire. Ce qui la troubla encore plus.

ECARLATEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant