ECARLATE

Liv et le langage

78

Ethan se retrouvait dans une sorte de concon hyper espacé, d'un blanc pétillant. Il avait l'impression de marcher sur une étendue d'eau calme, et goutant à chacun de ses pas.

Que venait-il de se passer ? Il se souvenait seulement qu'il courait vers Ecarlate, la suppliant de s'enfuir, de se mettre à l'abris. Puis, Elle s'était entendue et l'avait enseveli, mais au lieu de mourir, il se retrouvait là. Dans ce vide blanc.

— Ethan, entendit-il soudain.

Au loin, le visage dévasté d'Ecarlate le guettait. L'être à l'apparence de petite fille qu'il avait connu.

— Ecarlate...

— J'ai mal, fit-elle en déformant son visage. J'ai très mal. Ça fait mal. Très mal.

— Tu aurais dû t'enfuir, lui dit-il d'un ton compatissant. Tu n'aurais pas dû les laisser te...

— Elle a tué Barth, Ethan. Je me devais de le faire. Maintenant, j'ai mal. J'ai... j'ai... J'ai aussi peur.

— Tu as peur ?

— Oui... j'ai peur. Mon éclair est ma seule famille.

Des larmes avaient envahi son visage attristé, abattu et implorant. Pour la première fois, il la voyait faible. Pour la première fois, il la voyait aussi faible qu'un être humain. Et cela s'accentuait par le fait qu'elle avait commencé à se larmoyer comme une gamine.

— Ethan... j'ai peur. J'ai mal.

Le garçon continua de la fixer.

Arrivée près d'elle, il retira son pull et la couvrit : elle était presque dénudée. Il lui essuya ensuite les larmes mais elles continuaient de couler à flot.

— Ecarlate... je suis là.

— Je veux... je veux... je veux être heureuse, lâcha-t-elle. Être aimée.

— Tu as beau être puissante, tu as aussi des sentiments. Et tu peux souffrir. Mais, le bonheur, tu peux l'obtenir.

Ecarlate lança son regard vers l'étendu vide et ajouta :

— Comment ?

— Je te rendrai heureuse.

— Comment, Ethan ? Toujours des promesses... tu n'as fait que tenir des promesses. J'aurais dû te tuer quand j'en avais l'occasion.

— Mais tu ne l'as pas fait. Et moi, j'aurais pu t'abandonner et m'allier à Liv.

— Mais tu ne l'as pas fait. Pourquoi ?

— Je te retourne la question.

— Tu m'avais promis de retrouver mon éclair.

— Et c'est à cause de cette promesse que tu as jugée bon de m'épargner? Regarde tout ce qu'on a enduré. Regarde-moi. (Ecarlate le fixa droit dans les yeux.) Tu veux que je te dise la vérité ?

— Hum...

— Ce jour où pour la première fois, nous avons réellement discuté. Tu t'en souviens ?

— Le jour où tu m'as accusée d'avoir ôter la vie de quelqu'un ?

— Oui, répondit-il, ne cachant pas le petit fou rire. Monsieur Folk.

— A partir de ce moment, tu as commencé à m'apprécier.

— Non... à partir de ce moment-là, j'ai commencé à t'aimer.

— Ethan... ça ne peut pas marcher, toi et moi. J'y ai déjà pensé.

— Ça me rappelle la première fois que j'ai vu tes jambes.