ECARLATE

C'est un monstre

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La lune qui s'était montré d'une passivité à tout épreuve depuis le début de la soirée, commençait à se réveiller en transperçant les nuages qui le cachaient, de sa lumière. Celle-ci, allant à son tour zébrer à travers les arbres de la forêt. Des rayures faisant penser à la vision stéréotypée qu'ont les enfants vis-à-vis des criminelles en tenues de prisons, parcouraient la neige. De même, les ombres des arbres s'accroissaient par la même occasion et devenait dense.

L'équipe d'Astrid, qui sillonnait la forêt en ce moment, étaient bien obligée de faire appel à des lampes-torches pour avoir une vue éclairée dans cette zone rayée. De plus, à cause de la tempête de l'après-midi, la neige qui tapissait la forêt s'était épaissie, gênant considérablement leurs progressions.

Ils s'étaient divisés en quatre groupes.

Le premier patrouillait aux environs du lieu où avait vécu Barth, près des ruines de sa cabane et ses voisinages.

Le deuxième groupe, patrouillait près de la ville même, au cas où elle se pointerait là-bas.

Le troisième patrouillait au milieu d'Erland.

Et le quatrième groupe, qu' Astrid Sven dirigeait, patrouillait près de la montagne, vers où débouchait la forêt.

Du côté de la montagne, la neige était encore plus épaisse, arrivant à la hauteur des hanches à certains endroits.

Et quand ils marchaient, vue du ciel, on avait l'impression qu'un crayon invisible s'amusait à tracer des lignes zigzagantes qui s'entrecroisaient. A ajouter que le vent n'arrangeait rien à leur situation, les ayant déjà obligés à s'être vêtus chaudement en partant de la tête aux pieds.

- Il fait frisquet ici, se plaignit l'un des hommes.

- J'ai l'impression qu'on perd notre temps, ajouta son collègue. C'est clair qu'elle n'est pas ici. Sinon, on l'aurait su.

- Mais tout le monde en ville l'a déjà vu.

- Presque tout le monde, je te rappelle.

- Oui... mais Beaucoup pense que c'est la cousine du jeune Holger.

- Alors qu'en vrai, c'est une meurtrière.

- Oui mais elle est si jeune...

- Tu n'étais pas là quand cet éclair nous a foncé dessus. C'est elle qui le contrôle. Je suis sûr qu'elle veut nous détruire.

- Chut... j'ai cru entendre du bruit.

- Comment peux-tu entendre quelque chose au loin avec ce foutu vent qui nous gêne ?

- Bah... parce que moi, je fais mon travail.

- Nous aussi...

- Vraiment... alors, ne glandez pas... Si le shérif venait à apprendre que vous vous plaignez, vous seriez foutue...

- Tu ne lui diras rien, non ?

- Ne t'en fais pas...

Les interlocuteurs reprirent leur patrouille, en perçant les alentours des faisceaux de lumières de leurs lampes-torches.

Astrid Sven et trois autres officiers sortirent de la forêt et arrivèrent au pied de la grande montagne dont le sommet était masqué par les nuages. Toutefois, en levant leur regard vers ce sommet, ils aperçurent une silhouette qui descendait vers eux. Elle ne portait qu'un épais pull, arrivant jusqu'à ses cuisses comme seul vêtement.

- C'est elle, fit le shérif à l'intention de ses hommes.

L'officier qui se tenait à sa droite hocha de la tête, et appela à travers son talkie-walkie du renfort.

- Alors c'est toi qui as tué Bertil Folk ?

Ecarlate descendait vers eux, sa peau ainsi que sa chevelure avait pris une teinte écarlate. Mais d'une pâleur maladive. Toutefois, sa démarche était sereine et directe.

Arrivé à une soixantaine de mètre d'eux, elle s'arrêta et fixa Astrid. Cette dernière en frémit, car elle crut reconnaître le regard d'Ethan en elle. La même intensité. La même haine. La même colère.

Astrid Sven s'effaça l'idée de se faire intimider par elle. Elle était là pour mettre fin à un carnage avant qu'il ne commence. Elle leva donc son arme vers elle et dit :

- T'as intérêt à ne plus bouger, sinon je tire...

Ecarlate ne bougea pas et continua de la fixer comme si l'envie de la tuer la démangeait.

- Qui es-tu ? L'éclair qui s'en prend à Erland, c'est le tiens ? Réponds-moi (Elle frôla la détende de son doigt.) Sinon je te jure que je vais tirer.

Ecarlate fit cinq pas vers eux avant de lâcher :

- Assassin...

- Tu n'as pas la mieux placée pour me traiter d'assassin. C'est toi la meurtrière.

- Assassin... grogna-t-elle.

- Ne bouge pas, je te jure que je vais tirer.

- Assassin... assassin... assassin... tu es un assassin...

Sa chevelure s'hérissa, des filets d'éclairs se mirent à parcourir son corps de long en large, sous les regards pétrifiés d'Astrid et de ses hommes.

- On ne s'en prend pas aux personnes que j'aime...

- TIREZ !!!! ordonna-t-elle en remarquant que la situation s'apprêtait à dégénérer.

Ses hommes s'exécutèrent, mais Ecarlate avait décidé de se lâcher. Son corps tout entier avait laissé place à un concentré d'éclairs, à forme humaine d'où de la foudre formait une aura qui pulvérisa les balles avant qu'elles ne l'atteignent.

Les yeux d'Astrid s'écarquillèrent face au spectacle qui se présentait à elle maintenant. L'être à l'apparence de jeune fille s'était effacé pour ne laisser apercevoir d'elle qu'un concentré d'éclair dont les bruits stridents frappaient ses oreilles de plein fouet.

En levant son regard vers le ciel, elle vit qu'il prenait une teinte sombre et le vent qui l'accompagnait se transforma en rafale, leur balançant de la neige en plein visage.

- JE NE VOUS AI PAS DIT D'ARRÊTER ! TIREZ !

Ils continuèrent de tirer, mais même scénario. Les balles se faisaient pulvériser par l'aura d'Ecarlate.

Et quand cette dernière parla à nouveau, Astrid ressentit un frisson provenant du plus profond de ses entrailles. Ecarlate parlait mais dans un langage inconnu. Ça ressemblait plus à des fritures qu'on entend quand une radio déconne. Sans compter la foudre qui ne cessait de se mouvoir sur elle et autour d'elle, attendant patiemment son ordre pour frapper.

Et là, d'un coup, sans prévenir, une foudre tomba du ciel et fondit sur elle. Astrid eut à peine le temps de réagir qu'elle se retrouvait déjà projetée contre un arbre.

- Shérif ! lui cria l'un de ses officiers qui venait vers elle.

Astrid avait maintenant l'impression que son cerveau tournait au ralenti. Tous ses mouvements étaient devenus lents, sa vision aussi et même son ouïe qui sonnait fort dans ses oreilles.

- Qu'est-ce qui s'est passé ?

- Les renforts arrivent...

Ecarlate fit un pas vers eux, et le simple fait de déplacer une jambe, produit une onde de chaleur qui se propagea en moins de deux. L'onde était si forte qu'elle balaya ceux qui avaient du mal à maintenir leur équilibre après la première attaque.

- C'est un monstre...