CHAPITRE 40

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Affalé contre la table, Ethan avait passé presque toute la nuit à écrire, et s'était rendormi aux alentours de 2h. Cela faisait longtemps qu'il ne s'était pas autant enthousiasmé à écrire.

Et alors qu'il se redressait, les rayons du soleil filtrèrent à travers la fenêtre, zébrant ainsi toute la pièce. Le feutre avec lequel il avait écrit, dormait sur la pile de cinq papiers rames.

Il prit appuie sur ses coudes et contempla la pile de papiers recto-verso inondée de son écriture. Était-ce aussi intéressant qu'il ne le pensait ? Il allait bientôt le découvrir. Mais il était encore trop fatigué pour lire. De plus, ces cinq pages ne constituaient que le prologue alors qu'il n'avait pas encore commencé le premier chapitre.

Il prit son sac, et y fourra la pile.

Il se leva ensuite et s'en alla prendre sa douche. Son père, était-il réveillé ? Il ne le savait pas. Il s'en foutait pas mal. Il se vêtit en conséquence en sentant la fraîcheur dehors. Il ne l'avait pas remarqué plus tôt, mais des cristaux de neiges se dessinaient à travers les vitres de la fenêtre fraîchement réparées de sa chambre. Lorsqu'il l'ouvrit, un vent glacial le fit frémir. Il dut d'ailleurs empêcher son bonnet de se détacher de sa tête.

Soudain, il entendit quelqu'un frapper à la porte.

— Ethan, lui dit son père, c'est moi.

— C'est ouvert.

Ce dernier entra et referma la porte derrière lui.

— L'écharpe, fit Mickaël. Je trouve que ça te va bien.

— Merci.

— Tu as pu parler à Nils, hier ?

— Oui.

— Tu peux me donner les détails de ce dont vous avez parlé ?

— Je n'ai pas... je n'ai pas envie d'en parler. Je veux juste sortir d'ici. Et n'essaie pas m'en empêcher.

Ethan avait remarqué que son père se battait pour ne pas craquer. Il s'efforçait de rester calme tout en donnant l'impression de vouloir exploser.

— C'est pour être loin de moi que tu veux aller en mer ?

— Oui.

Mickaël soupira et encaissa.

— Dis-moi ce que je dois faire pour...

— Me voir tel que je suis. Et non tel que tu voudrais que je sois. C'est un privilège réservé à Dieu. Maintenant (il s'engagea vers la porte.), je dois y aller.

Il mit son sac à dos et s'apprêta à sortir quand son père l'arrêta :

— Tu as encore écrit cette nuit, n'est-ce pas ?

— Au revoir.

Ethan s'en alla.

Il entra au garage et sortit son vélo sous le regard renfrogné de son père à travers la fenêtre, et disparut dans la rue bordée des dunes de neiges.

Arrivé à la plage, il aperçut des groupes d'une trentaine d'hommes en tout, embarquer dans quinze canoés en compagnie des quinze hommes de Liv. Ethan vit aussi ceux qui s'étaient porté volontaires pour réaménager le port se mettre à la tâche, en compagnie des professionnels engagés par le maire, venues d'autres villes. Il essaya d'apercevoir à travers une montée de roches saupoudrée de neige, ceux-là qui reconstruisaient les petits ligablos servant au commerce maritime. Apparemment, toute la ville était enthousiasme. Car il entendait des rire, des allusions taquines... Tout le monde se plaisait apparemment.

— Ethan, tu es venu ! l'interpella Liv au loin.

Elle était posée sur le bord d'un canoé, et l'attendait. En ce temps froid, elle avait porté un pull imposant, une écharpe d'un bleu rayé de blanc, et un bonnet en laine. Lorsqu'Ethan la rejoignit, il vit une sorte de boitier jaune au milieu de l'embarcation. Un boitier dont pendait un bout de câble.

— Ça tombe bien, je voulais former un duo avec vous.

— C'est... ?

— Nous nous sommes repartis par groupe de trois par canoë. Comme tu l'as toi-même remarqué, il n'y a pas assez de place pour plus. De plus, ça nous ferra des exercices. (Ethan vit les deux paires de pagaies.)

— Mais nous ne sommes que deux.

— Deux restants. Tout le monde a pris sa place. Il ne reste plus que vous et moi. Raison pour laquelle je jubile dans mon fore intérieur. On y va ?

Ethan acquiesça d'un geste d'épaule et monta.

Quelques minutes plus tard, il se retrouvaient à pagayer loin de la côte.

— Le maire n'a pas pu commander plus de canoë, puisque les financements allaient poser un problème. Mais vu le nombre de volontaire que nous avons à notre disposition, ça le fera.

— C'est quoi le plan, en fait ?

— Nous n'avons pas pu déterminer avec précision les points qui relient la barrière électrique, mais nous avons une idée de chaque zone. Il y en a quarante en tout. Pour la journée, nous allons tous essayé d'en détecter 15 puisque ce ne sera pas chose simple de les trouver. Possible même qu'on n'en trouve pas plus de dix aujourd'hui. Comme tu peux le voir, nous nous sommes coordonnés de sorte à ne pas chercher deux fois au même endroit.

Ce sourire déroutait Ethan. Pendant qu'il pagayait avec elle, que les vagues ricochaient contre le canoë, que le vent sifflait dans ses oreilles, il n'arrêtait pas de se demander comment on pouvait autant garder le sourire malgré tout ce stress.

Ils arrivèrent près des glaciers, où un troupeau d'iceberg se baladait passivement sur l'océan qui commençait à geler.

— Je crois que nous sommes dans la zone, fit Liv en tendant une sorte d'appareil de géolocalisation. Si je ne me trompe pas, c'est près de cette énorme banquise.

Ethan tourna son regard vers l'immense couche de glace qui se présentait à eux. A défaut d'être une grande couche, elle comportait une sorte de montée de neige, faisant penser à une montagne en formation.

Le canoë percuta des morceaux de glace dans l'eau, mais rien de bien dangereux.

— Ethan ?

— Hum...

— Ça va ? Vous m'avez l'air ailleurs.

— Ça va. Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?

— Ah... oui...

Elle se pencha vers le boitier jaune et tira sur le bout de câbles. Ce dernier déclencha l'ouverture immédiat du conteneur. Ethan vit une sorte de mini-bombe en circuit de câble, et une sorte de combinaison de couleur marine. Cependant, il crut aussi desceller une couleur Ecarlate au fond du compartiment de la boite.

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