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Les deux officiers, se rendant compte qu'Ethan ne leur prêtait pas attention malgré leurs provocations, crachèrent dans sa cellule puis s'en allèrent.
Quelques minutes plus tard, le gardien de cellule passa. Il tenait un balai à éponge et nettoyait le pavé du couloir. En tournant son regard, il fut surpris de voir le jeune garçon. C'était le deuxièmement emprisonnement le plus insolite de la journée. D'abord, la fille du shérif, et maintenant, un ado. Il remarqua aussi le cracha près de lui et soupira :
— Combien de fois vais-je leur dire qu'on ne crache pas sur les détenus. Tu vas bien, fiston ?
Ethan, comme réponse, redressa sa tête vers son interlocuteur.
— Je pourrais avoir une pile de dix papiers-rames et un stylo ? J'en aurais besoin pour tenir si je dois passer toute la nuit ici.
Face à cette demande imprévue, le gardien ne sut pas comment réagir. Il scruta d'abord à la recherche du moindre signe de piège et ajouta :
— Pourquoi ?
— J'ai un roman à écrire.
Ethan avait l'air plus calme. Très calme même. Il était vrai que son cercle d'entourage se limitait à pas grand monde. Et le gardien le savait. Mais là, il ne pouvait nier qu'il ressentit à la fois de la compassion et de la peur.
— Tu écris des romans, c'est ça ?
— J'essaie. Je peux en avoir ?
Le gardien de prison hésita, mais accepta quand même. Il fit passer à travers les barreaux, la pile de dix papiers-rames et un stylo qui étaient posé sur la table du bureau.
— Merci...
Le gardien continua son nettoyage pendant qu'Ethan cherchait une bonne position pour écrire quand soudain, il entendit une voix.
— Alors, elle a finalement réussi à t'avoir...
La voix venait de la cellule d'en face. Et il le reconnut sans trop de mal. C'était Kristina. Et quand son visage apparut, il put remarquer de la tristesse en elle.
— Elle l'a eue aussi ?
Ethan ne répondit pas, et préféra se concentrer sur ce qu'il s'apprêtait à écrire.
— C'est Anders qui a craché le morceau, ajouta-t-elle. Elle est au courant que c'est elle qui a commis le meurtre.
Ethan cessa tout de suite ce qu'il faisait et décida de lui prêter attention.
— Je savais qu'on n'aurait pas dû vous faire confiance, répondit-il.
— C'est Anders qui m'a trahie. Et jusque-là, j'ai du mal à m'en remettre. Comme tu le vois, je suis incarcérée, comme toi. On risque la prison, tous les deux.
Barth, de son côté, avait aperçu au loin la lumière des phares. Il avait déduit qu'il s'agissait d'Astrid et de son équipe. Il avait alors demandé à Ecarlate d'aller se cacher un peu plus loin et de ne faire aucun bruit. Ce qu'elle fit. Quelques minutes après, trois véhicules de police stationnèrent dans son domaine et Astrid en sortit.
— Il est un peu tard pour une visite nocturne, vous ne trouvez pas ?
— Taisez-vous, lui dit-elle en le fusillant du regard. Vous savez pourquoi je suis là, et n'essayez pas de me mentir. J'ai déjà arrêté Ethan pour ça.
— Vous l'avez arrêté ? (Il fronça sa mine.) pourquoi ?
Astrid lança un regard à la zone circulaire où la neige avait fondu et sourit ironiquement :
— C'est ici que la foudre a frappé alors ?
— Oui, je sais.
— Vous n'êtes vraiment pas chanceux, Barthélemy.
Barth lança un sourire gêné et répondit :
— Ces dernières années, je n'ai pas été gâté par la chance.
Astrid lança un autre regard à la cabane presque achevée.
— Vous avez construit ça, seul ?
— Je me suis débrouillé avec ce que j'avais.
— Vous êtes en bon terme avec Ethan ? c'est surement lui qui vous a aidé à vous procurer les outils nécessaires, n'est-ce pas ?
— Bien sûr...
— Ah bon... pourtant, au moment de l'embarquer, il a dit qu'il ne vous adressait plus la parole. Qui croire dans ce cas ?
Barth, se rendant compte que la situation lui échappait déjà, commençait à balbutier à la recherche des réponses.
— Je m'en doutais, fit Astrid en croisant les bras.
A ce mot, cinq officiers se pressèrent sur le feu de camp que Barth avait allumé plus tôt, et en sortirent les bois dont les extrémités en flammes.
— Attendez, fit Barth inquiet, que comptez-vous faire ?
— Vous n'êtes plus citoyen d'Erland depuis longtemps. Alors, j'ai le droit de faire ce que je veux pour obtenir la réponse.
Les cinq officiers se tenaient maintenant sur les corners de la cabane, la menaçant de la bruler.
— Attendez ! répliqua Barth dont les yeux commençaient aussitôt à rougir. Vous n'allez pas faire ça ?
— C'est à vous de voir. Où est-elle ?
— De qui vous parlez ?
— Faites-le...
— NON !!!!
Trop tard, les bois enflammés s'abattirent sur la maison en bois qui commença à prendre feu petit à petit.
— Vous n'avez pas les droits, protesta Barth en essayant d'éteindre les feux mais il fut bousculé à l'aide d'une matraque.
Le vieil voyait le fruit de son travail acharné se consumer lentement par les flammes. Et quand il pencha son regard vers le côté droit, il aperçut Ecarlate en proie à la colère. Elle avait pris une teinte rouge-écarlate et s'apprêta à frapper. Mais d'un geste de la main, Barth la supplia de ne pas interférer. Demande qu'elle ne comprit pas.
— Votre très chère construction se consume, Barth, lui rappela Astrid. Dites-moi où elle est sinon, il sera trop tard et vous devrez tout recommencer à zéro.
Impuissant et dévasté, Barth voyait un officier sortir d'un des véhicules de police avec un bidon d'essence.
— Vous n'êtes pas sérieux ?
— Où est-elle ?
— JE NE VOIS PAS DE QUI VOUS VOULEZ PARLEZ !!!!
Le tonnerre gronda dans le ciel, s'en suivit un flash marquant le passage d'un éclair. Les officiers, Astrid y comprit levèrent alors leur regard vers le ciel.
— On dirait qu'elle est en colère.
— Je vous en prie, la supplia Barth. Construire seul cette cabane m'a pris trop d'énergie. S'il vous plaît.
— Vous pouvez arrêter cela... (L'officier se mit en position pour balancer le liquide inflammable sur la maison.) dites-moi simplement où elle est.
— Dans les montagnes, cracha Barth les larmes aux yeux. Elle cherche son éclair dans les montagnes. S'il vous plaît.
— Hum... Toutefois, pour vous vous souveniez qu'on ne se paie pas ma tête, je vais devoir vous punir pour que cela ne se reproduise plus.
— Quoi ?
— Faites-le.
— Quoi ? S'IL VOUS PLAÎT !!
L'officier balança l'essence sur la maison en bois. Ce qui amplifia les flammes qui se rependaient beaucoup plus vite maintenant sous le regard abattu de Barth, couché par terre à cause de la matraque qui s'était abattu sur lui.

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ECARLATE
ActionEthan, jeune adolescent passionné d'écriture et ayant pour projet d'enfin commencer un véritable roman, voit ses plans changés par la venue d'une créature céleste à l'apparence féminine qui le soupçonne de savoir où se dissimule son éclair. Pendant...