CHAPITRE 37

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Ecarlate fixait Ethan de son regard prédateur pendant que tout son corps commençait à grésiller.

— Je crois savoir par où commencer, mais ce n'est pas sûr.

— Qu'est-ce que tu veux dire par là, Ethan ? demanda Barth.

— Il y a cette femme. Elle s'appelle Liv. Apparemment elle s'y connait en tout ce qui touche à l'électricité. Peut-être qu'elle a rencontré l'éclair, d'une certaine manière. Enfin, j'crois.

Ecarlate sembla se calmer à cette proposition.

— Qu'est-ce qu'on attend pour aller la chercher ?

— Je ne pense pas qu'à cette heure... si toi, tu ne connais pas le sommeil, nous, les êtres humains, avons besoin de dormir. Et déranger notre sommeil peut notre rendre ronchon. Autant attendre demain, tu ne trouves pas ?

— Mais...

— Ecarlate, reprit Barth. Tu dois comprendre que si nous agissons à ta manière, on ne trouvera pas cet éclair. Il y a certaines choses que tu peux faire alors que nous, nous en sommes incapables. Tout comme il y a certaines réactions de ta part qui peuvent jouer contre toi. Tu peux comprendre ça ?

— Oui...

— Alors, on verra ça demain, d'accord ?

— D'accord, acquiesça-t-elle à contrecœur.

— Demain, ajouta Ethan. J'irai en mer avec elle. J'essaierai de lui poser des questions. Comme elle aime beaucoup parler, ce ne sera pas compliqué de lui soutirer quelque chose. Tu peux attendre ?

— Okay, siffla-t-elle en réprimant son envie de se déchaîner.

Ethan s'en alla alors, tout en lançant des rapides coups d'œil en arrière afin de s'assurer qu'elle n'était pas prête à attaquer ; puis il disparut dans la pénombre de la nuit.

Arrivé devant l'entrée de sa parcelle, Ethan aperçut un Nils adossé contre la grille, bras croisés comme à ses habitudes.

— Ça fait un bon moment que je t'attendais... lui dit-il.

— Tu ne me feras pas changer d'avis. J'irai avec elle.

— Et je ne vais pas t'en empêcher. Tu peux donc te calmer.

— Hum...

— Je veux juste te parler. Est-ce mal ?

— Il se fait tard, et j'ai sommeil.

— Ça ne te prendra pas plus de cinq minutes.

— Je t'écoute, soupira Ethan.

— C'est assez délicat, mais j'aimerais savoir : As-tu été en contact avec une fille blonde par hasard ? Je sais qu'il y en beaucoup à Erland. Mais je parle d'une fille très particulière, si tu vois où je veux en venir.

— Pas que je sache.

— Ce n'est pas ce que les gens m'ont chuchoté... Beaucoup t'ont vu en compagnie d'une jolie petite blonde qu'ils n'avaient jamais vue. Et je pense que c'est elle.

— Ça peut être n'importe qui.

— Écoute, Ethan. J'essaie de t'aider, d'accord ? Et ce serait vraiment généreux de ta part que tu me facilites la tâche. Je n'ai aucune intention de m'opposer à ce que tu veux faire. Je veux juste t'aider.

— Comment ?

— J'ai été témoin de ce dont elle est capable.

— Tu l'as dit à mon père, n'est-ce pas ?

— Crois-moi, en ce moment, c'est la dernière des choses dont il devrait être au courant.

— Hum...

— Au tout début, je ne vais pas mentir, je voulais qu'elle maintienne une distance drastique de toi. Cependant, quand j'ai su que vous étiez connectés, je me suis remis en question.

— Comment tu sais que... ?

— Elle me l'a dit. Elle a l'air peut-être moins humaine, mais je sens qu'elle sait choisir les personnes en qui faire confiance. C'est cette sensation que j'ai eue quand je l'ai rencontrée. On a tendance à être plus dur envers nos proches ou une personne en qui l'on a confiance qu'envers de personnes qui nous sont indifférents. Si elle s'est connectée à toi, alors, elle a dû voir quelque chose que même toi ne voit pas encore.

— Ce que tu essaies de me dire, c'est : « Prouve-lui que tu es digne de sa confiance. », c'est ça ?

— En quelque sorte. Je sais que je ne suis pas censé t'encourager à t'embarquer dans une histoire aussi dangereuse, mais je n'sais pas. J'ai comme le pressentiment que tu en as besoin.

— De qui ça ? D'elle ou de l'histoire dangereuse ?

— Les deux... Que tu veuilles l'admettre ou non, tu ne peux pas nier que par-delà la puissante manipulatrice d'éclair que tu lui connais, se cache un être juste inquiet. Elle n'est qu'en colère parce qu'elle cherche son bien. La chose la plus précieuse à ses yeux. Je ne suis peut-être pas le mieux placé pour tirer une telle conclusion mais... je me trompe peut-être ?

Ethan voyait où il voulait en venir. Nils n'avait jamais été un homme comme les autres. C'était un homme réfléchi qui savait jauger les situations. Et pour arriver à une telle conclusion, il avait dû se noyer dans un tumulte de questionnement. Pire, il avait raison. Lorsqu'Ecarlate l'avait attaqué pendant la tempête, il avait ressenti en elle une colère se rapprochant plus de celle provoquée par une blessure infligée par un proche. Ce qui lui avait prouvé qu'elle s'était, d'une façon ou d'une autre, attachée à lui. Et plus tôt dans la journée, quand ils s'étaient retrouvés dans la quincaillerie, elle faisait tout pour ne pas le perdre de vue car elle avait compris qu'elle avait été aussi fautive. Elle apprenait de ses erreurs.

— Oui, conclut-il. Elle est aussi sensible.

— Ethan, je ne veux pas que tu dises à ton père que tu la fréquentes. Je veux que tu l'aides à retrouver son éclair. Voilà... C'est dit. Ça fait bizarre.

— Mais je ne sais pas par où commencer.

— Au moins, tu as pitch de ton roman, maintenant. Pas vrai ? Trouver un éclair. Ça pourrait bien se vendre.

Et s'il essayait de finalement le commencer, ce roman ? pensa Ethan. Il y avait trop de coïncidence. Il était vrai qu'il s'était inspiré de Nils pour créer un des personnages du livre, mais là... il se demanda alors : peut-être que les réponses qu'ils cherchaient pouvaient s'y trouver.

— Bon... finit par lâcher Nils. J'espère que je t'ai donné une motivation à faire ce que tu dois faire. Et n'oublie pas, cette fois, sois le héros de ton roman.

Nils parlait avec une telle bienveillance et un tel calme contagieux qu'Ethan ne comprit pas ce que lui arriva à ce moment, car ses jambes s'élancèrent toutes seules. Quelques secondes après, il se retrouvait à enlacer Nils.

Ce dernier, surpris de se rendre compte qu'il était pris au dépourvu, lâcha un sourire pendant qu'Ethan reniflait dans ses bras. Il avait besoin de ces mots. Il avait besoin de quelqu'un qui lui dise quoi faire, et non qui lui réprimande de ce qu'il était. Nils ne l'avait pas qu'encourager, il lui avait montrer qu'il existait des adultes avec qui discuter était possible.

— Merci, Nils.

— Tu n'as pas à me remercier, répondit-il en lui tapotant le dos.

Une fois l'étreinte terminée, Nils s'en alla et Ethan rentra chez lui.

Il se battit pour ne pas rencontrer son père. Ce dernier piquait une somme sur le canapé à côté d'une lampe allumé sur la table. Il monta dans sa chambre, ferma la porte à clef puis alluma une bougie pour enfin la placer sur la table, utilisant une assiette en porcelaine comme support. Il rapprocha ensuite l'escabeau de la table et sortit une pile de papier de l'armoire.

Il prit enfin un stylo et entama finalement le roman qu'il avait depuis longtemps conçu dans sa tête. Et cette fois, les mots coulèrent.

ECARLATEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant