CHAPITRE 25

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— Ethan ! Ethan ! Ethan ! ne cessait de crier Mickaël en se laissant prendre par la panique.

Il essayait de réanimer son fils en l'agitant par le torse, mais ce dernier ne bougeait toujours pas.

Mickaël était effrayé, effrayé à l'idée que son fils n'ouvre plus les yeux. À travers sa fine et longue chevelure grise-argentée, un visage terrifié prenait le contrôle.

— Il n'est pas mort, lui rassura Nils en voyant les larmes couler le long de joues garnies de barbe de son ami. Son pou est toujours là.

Les deux puissants tonnerres s'étaient aussi fait entendre de leur côté. Leurs oreilles bourdonnaient énormément, à tel point qu'ils devaient hausser le ton pour se faire entendre.

Ethan était allongé sur le tapis, et ne bougeait plus. Sa température était anormalement en hausse et ses mains sentaient le brûlé.

— Aide-moi à le lever plutôt, lui proposa Nils. On va le plonger de l'eau, pour essayer de calmer sa température. Avec cette averse de pluie, on ne peut aller nulle part.

— Maman ? chuchota soudainement Ethan.

Mickaël en prit un coup, mais laissa couler.

Il souleva son fils et le posa sur le bassin d'eau que Nils venait de finir d'installer. Même effet que celle d'Ecarlate : une partie de l'eau s'évapora au contact de son corps.

— Ethan ! s'exclama Mickaël.

Avec une telle température, comment pouvait-il être encore en vie ? pensa Nils. De plus, la panique grandissante de Mickaël le gênait alors qu'il était le seul assez calme pour analyser la situation. C'était lui qui avait apporté le bassin rempli d'eau pendant que son ami sanglotait à côté de son fils, c'était maintenant lui qui apportait une serviette pour lui éponger le front pendant que Mickaël s'inquiétait toujours.

— Mickaël, lui dit-il enfin, tu pourrais aller un peu plus loin ?

— C'est mon fils, Nils, sniffa-t-il.

— En ce moment, ton inquiétude peut le tuer. Alors, soit tu te reprends, soit tu vas dans une autre pièce. Parce qu'à part sangloter et pleurer, tu ne fais rien pour lui venir en aide.

— Je te demande pardon, Nils, répondit-il en essuyant d'un revers de la main ses larmes.

Il se leva et essuya les dernières larmes, pendant que Nils épongeait son fils qui sifflotait au lieu de respirer normalement. Ce dernier repensa à la discussion qu'il avait eu avec la mystérieuse fille sur le pont, un peu plus tôt dans la journée. N'oubliant pas jusqu'aux moindres détails, le déroulement de sa rencontre avec elle.

Et c'est fut après avoir longuement réfléchi qu'il comprit le sens de la phrase : « On est connecté. » d'Ecarlate. Il supposa donc qu'il lui était arrivé quelque chose, à elle. Car aucun être humain ne pouvait supporter une température à faire évaporer l'eau. C'était la seule explication.

Mais comment l'expliquer à Mickaël ? Déjà que sa relation avec son fils n'était pas un bon témoignage. Et alors, apprendre que son fils fréquentait quelqu'un comme elle... s'il avait été capable de brûler les histoires que son fils chérissait le plus, "pour son bien", il serait tout-à-fait capable d'envenimer les choses.

Nils analysait : Ethan était un adolescent, et ce qu'il traversait était un peu comme un test. Peut-être qu'il en avait besoin pour se découvrir. Mais avec un père comme Mickaël, ce serait très difficile. Il se retrouva alors dans un dilemme profond. S'il expliquait tout à Mickaël, ce dernier se battrait corps et âme pour l'éloigner d'elle, faisant échouer son fils au test. Mais s'il ne lui disait rien, les choses pourraient être... arg...

Ses pensées furent brouillées par l'eau du bassin qui commença à bouillir littéralement, en laissant échapper de la chaude vapeur d'eau.

Mickaël, déjà sur les nerfs, ne put s'empêcher de perdre le contrôle de lui et laissa à nouveau la panique prendre le dessus. Et cela se vit quand il poussa brutalement Nils sur le côté.

— Ethan ! Ethan ! Ethan !

— Bon sang ! Mickaël, le sermonna Nils. Tu vas te calmer ?

Mais il n'écouta pas et toucha son fils au front. C'est là qu'il ressentit une profonde brûlure sur ses paumes.

Un troisième tonnerre furieux frappa Erland, assommant presque le père désemparé.

Nils se massa les oreilles quand il entendit un bruit métallique dehors. Il se redressa pour observer à travers la fenêtre. Mais avec l'abondance de pluie qui formait un rideau argenté dans toute la ville, il ne vit qu'une masse floue rougeâtre qui essayait de décoller. Il ne tarda pas à comprendre qu'il s'agissait d'une voiture, probablement celle du voisin, qui se faisait emporter par le vent. Et là un éclair surgit de nulle part et le foudroya, le démontant carrément.

L'éclair lui était familier, étant donné qu'il s'agissait de l'éclair écarlate. Etait-ce le même qui les avait attaqués le jour précédent ? Ce qu'il craignait se réalisait ? L'éclair circulait comme bon lui semblait à Erland, s'en prenant apparemment à tout ce qui bougeait dehors ; parce qu'il frappa par la suite un arbre déraciné par la tempête.

Son attention fut à nouveau déviée par une odeur de brulée. Il tourna son regard vers le bassin où était posé Ethan, et se rendit compte avec effroi qu'il fondait sous la chaleur, à côté d'un Mickaël sonné et étourdi par le troisième tonnerre.

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