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Est-ce mal d'avoir notre propre existence, ou est-ce mal d'être noir?
-------Je n'en revenais toujours pas de ma précédente soirée passée avec Bassir. Des propos infâmes qu'il avait osé tenir à l'égard de tout un peuple. Mon peuple! J'étais subjuguée par tant de mépris. Est ce si mal d'être noire ? D'avoir des cheveux crépus ou ne pas pouvoir s'exprimer avec autant de raffinement que ces gens?
C'était injuste, injuste d'être martyrisé alors que nous n'avons rien demandé. Injuste de recevoir plus de haine que d'amour alors qu'au yeux du tout puissant nous sommes tous les mêmes. Injuste de toujours devoir sourire alors qu'au plus profond de nous tout va mal. Injuste d'être dénigré à longueur de journée pour un rien. Tout nous est injuste car nous sommes différents, nous sommes noirs.
Mon cerveau tournait au gré de mes souffrances, m'enivrant de certains faits et gestes ayant marqués mon existence. Des souvenirs plus douloureux les uns que les autres et jamais resurgit jusqu'à présent. Des visions d'horreur, des paroles blessantes et déchirantes. Des faits marquants. Du harcèlement !
C'était comme un flux de données, que mon subconscient me faisait revivre sans même prendre état de mon cœur. Je m'autorisais à laisser couler une larme, cette larme de trop. Par un revers de main, j'essuyais cette dernière me rappelant de l'endroit ou je me trouvais.
Un humble sourire à l'encontre de ses différentes personnes qui me faisaient face et j'avais déjà retrouvé ces pensées qui me torturaient l'esprit, et dont mon cerveau ne cessait d'abdiquer. Et pourtant, Dieu seul savait combien de fois je priais pour ne plus vouloir y penser.
Mais après tout, ne dit-on pas que ne plus vouloir y penser c'est le penser au double de fois que le départ ? Je secouais doucement ma tête, chassant ces pensées indésirables de mon esprit avant de relever la tête. Une parole m'avait fait froncer les sourcils, et je lançais un regard maladroit à mon père.
Mais alors que j'essayais tant bien que mal de me reconcentrer sur la discussion qui se tramait sous mes yeux, les propos tenus par Bassir étaient revenus comme des éclairs dans ma mémoire.
<< Vous êtes des noirs, vous ne méritez pas d'être aimés!>>
Ces quelques mots avaient fait ressurgir en moi toute cette rage qui se cachait au fond de moi et qui faisait de moi une sauvage comme ils me le disaient chaque jour. Je repensais sans le vouloir à toutes ces moqueries, toutes ces représailles et tous ces jugements dont je faisais face.
Et tout ça, à cause de ma couleur de peau. Et aussi, à cause de lui, lui qui n'avait pas su tenir sa langue et avait réveillé en moi un mal que j'avais enfin pu cacher durant ses dernières années. Un mal qui faisait de moi un être vulnérable aux yeux des autres et une personne à dominer.
Je me mordais l'intérieur de la joue en me maudissant de ne pas avoir eu assez de courage durant cette soirée. Pour enfin oser lui cracher toute la haine que je consommais pour lui et toute son ascendance sur ce visage hautain qu'il possède.
- Mais voyant Oumar, tu sais aussi bien que moi que les coutumes sont faites pour être respectées et non transpercées ! Tu as toujours été celui dans cette famille qui criait haut et fort que la mixité n'a pas lieu d'être et que les coutumes sont strictes. Subitement tu te permets de changer d'avis. Moi je dis non ! Hawa ne sera pas la femme d'un arabe!
Je regardais mon oncle Djibril lever sa voix sans scrupules sur mon père. Il vociférait ses paroles depuis tout à l'heure sur mon père sans jamais se taire. Il criait et s'octroyait le droit de pointer du doigt à mon père sans se rappeler d'une chose.
Il s'adressait à son aîné, au premier né de Anta et donc un minimum de respect s'imposait obligatoirement dans ses propos. Ce qu'il ne réalisait pas où alors il semblerait l'oublier. Alors je regardais mes autres oncles lui dire de se calmer.
J'observais la scène, sans oser piper un mot à leurs différents discours. Préférant être spectateurs et non acteurs de cette frasque comédie.
- Alors, commença oncle Assane. Tu nous as convoqué ici Oumar pour nous parler du futur mariage de notre fille qu'est Hawa. Tu nous as bien spécifié qu'il s'agissait d'un marocain et en d'autres termes un arabe.
Il marqua une légère pose, le temps de prendre une gorgée de thé sans doute ayant la gorge trop asséchée par ses innombrables discours. Il se renforça un peu plus dans son siège et croisa ses doigts sous son menton en continuant ses paroles.
- Pour ma part, je n'ai rien contre cette mixité qui va bientôt naître dans cette famille. Et je pense aussi que Adama partage mon avis, si ce n'est Djibril qui persiste dans ces traditions dépassées. Ce n'est en aucun cas un péché de partager ses coutumes avec d'autres horizons, au contraire c'est un métissage culturel qui naîtra de cette probable union. Alors, moi je te donne tout mon accord mais, n'oublie pas une chose. Anta est une femme pieuse sur les coutumes, elle n'acceptera sans doute jamais cette union. Mais je serai là pour t'aider dans cette histoire.
À la fin de ses paroles, mon père lâcha un souffle qu'il noya par un rire de soulagement. Les rires fusaient de partout dans cette pièce et j'étais comme mitigée. Je savais qu'il fallait que je refuse ce mariage et que je siège au côté de mon oncle Djibril qui campait sur ses positions, mais pourtant mon coeur se réjouissait à cette annonce.
Je ne pouvais pas partager leurs pensées, je ne pouvais pas être d'accord avec le fait d'épouser cet arabe. Je ne voulais pas, je ne pouvais pas faire celà. Je devais respecter les traditions et celà selon la condition de Anta.
Je savais d'or et déjà que je détruirais mon avenir si jamais je restais au côtés de cet homme. J'en étais sûre, ses pupilles m'avaient clairement montré la haine qu'il éprouvait pour moi et son mécontentement pour ce mariage mais comme moi, il en était obligé.
Un bruit lourd se faisait entendre à travers la porte principale que contenait le salon. C'était oncle Djibril, il venait de partir en claquant violemment la porte sous l'effet de la colère qu'il ressentait à présent. Et cet instant précis je réalisais l'impact de ce mariage non seulement dans ma vie mais aussi dans ma famille. Mon Dieu quel désastre.
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Vos avis seront les bienvenus pour cette fiction et j'espère que vous allez bien.
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PROMISE
RomanceElle n'avait jamais pensé être mariée à cet âge, un âge où l'on profite abondamment de sa jeunesse, un âge où l'on vit et on mûrit. Mais le plus intrigant était qu'elle allait appartenir à un arabe, un rebeu. Elle pour qui la famille était contre c...