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Un rebeu, une renoie, un couple ? Jamais de la vie!
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- Je m'en contre fiche de tes problèmes, ce que je veux, c'est juste mon argent et ça tout de suite où sinon tu en payeras les frais.

Un cigare en main et une chaîne faite d'argent autour du coup, monsieur Samir est ce que l'on appelle communément le chef de la cité. Bien que dans la cinquantaine, son ton dur et méprisant d'autre fois fût toujours le même.

- Je sais bien que je vous dois mais comprenez moi, je n'ai pas de travail et je suis un pauvre homme. De plus ma femme vient de s'en aller me laissant avec la dernière de mes enfants, comment vais-je faire pour trouver cette somme dans ce laps de temps ?

De sa chevelure grise, son teint couleur chocolat et son boubou imposant, Oumar est un homme humble d'une soixantaine d'années. Veuf depuis pas moins d'un mois, il a su relever la tête même dans cette mauvaise passe.

- Je ne sais pas moi, débrouille toi à faire quelque chose mais j'ai besoin de mon argent, je t'ai laissé suffisamment de temps pour rembourser cette somme. Maintenant, je la veux et peu importe la circonstance dans laquelle tu te trouves.

Adossé fermement dans sa chaise roulante, monsieur Samir attendait patiemment la réponse du vieil homme à l'endroit de ses propos. Pourtant, Oumar ne fit que baisser la tête devant la supériorité de celui qui se trouvait en face de lui, n'ayant ni le temps ni la force d'obtenir ce gain il ne savait quoi rétorquer.

- Ou sinon j'ai une proposition pour toi, elle n'est pas la meilleure que je puisse t'offrir mais ça sera ça ou l'argent. Et comme je doute fort que tu puisses me rendre cette somme d'argent, alors je pense que cette proposition pourra t'aider.

Il tirait une taffe de son cigare et reportait la fumée sur le visage de son invité avant d'orner son visage d'un sourire rayonnant. Déconcerté par un soudain changement d'humeur, Oumar s'octroya lui même le droit d'ouvrir sa bouche.

- Je vous écoute Monsieur Samir, qu'elle est cette proposition ?

C'est donc, dans le blanc des yeux qu'il osa poser sa question. Brisant ainsi, le silence devenu roi depuis de nombreuses minutes.

Un sourire, qui se transforma assez vite en un rire époustouflant pour finir par un regard malicieux, naquit sur le visage du grand homme. Et à ce moment, Oumar savait que rien de bon n'allait en découdre.

- Quel âge a désormais ta petite dernière ?

- Hawa ? Tout juste 18 ans pourquoi ?

Le vieil homme osa rétorquer. Par peur, par instinct mais aussi par curiosité. Il se demandait tant pourquoi sa petite fille si précieuse, venait désormais être le sujet de leur conversation.

- Tu sais Oumar, elle est désormais en âge de se marier puis de fonder sa propre famille, et je sais qu'elle sera une épouse assez satisfaisante et soumise.

Debout devant Oumar, Monsieur Samir avait croisé ses bras derrière son dos déposant son précieux cigare dans son cendrier tout en fixant, sans retenue notre cher Oumar. Oumar quant à lui, ne comprenant pas ses paroles.

Alors, devant la mine glorieuse qu'abordait ce dernier il s'était mis à froncer les sourcils en signe d'incompréhension, incitant le doyen de leur cité à approfondir ses mots.

- J'aimerais dire par là qu'étant donné qu'il me reste un fils à caser, ta fille fera une très bonne épouse pour mon fils. Je pense qu'elle est assez bien garnie et bâtie comme une guitare. Après tout, vous les noirs c'est votre truc n'est-ce pas ?

La bouche grande ouverte et les bras ballants le long du corps, Oumar n'en revenait pas ses oreilles. Le grand Samir voulait faire de sa précieuse Hawa la femme à son fils. Lui qui était pourtant à cheval sur les traditions voulait faire de son fils la femme d'une noire.

- Mais... Monsieur, vous et moi savons que ce mariage n'aboutira à rien, vous savez très bien que ma famille est contre les mariages mixtes et la votre aussi. Alors je ne suis pas sûr qu'un mariage de cet envergure fera des heureux.

- Au diable toute cette foutaise et ces préjugés, je suis Samir le grand, et tout ce que je dis doit-être respecté donc si je dis que ce mariage se fera, il se fera et rien ni personne n'empêchera cela. Dans le cas contraire, j'aimerais avoir mon dû dans les deux jours à venir. Et cela, avant le coucher du soleil ou sinon ta précieuse fille deviendra la pute de mon fils et cela pour toute sa misérable petite vie.

- Ce n'est qu'une enfant Monsieur Samir, je vous en prie accordez moi encore un mois et vous aurez tout votre argent au complet. Je vous le promets.

Oumar joignait ses mains devant son interlocuteur. Il le fixait si faiblement qu'il espérait une telle indulgence venant de sa part. Il était même, à deux doigts de fléchir ses genoux devant lui. Mais le grand Samir avait déjà pris sa décision. Et lorsqu'il disait un mot, il ne revenait jamais sur sa parole et ça tout le monde le savait.

- Elle a arrêté d'être une enfant le jour où elle a vu ses menstrues alors cesse de raconter ta vie et fait ce que je te dis. Maintenant sors de mon bureau.

Oumar ouvrit aussitôt la porte du bureau et se dirigea de pied ferme vers l'immeuble où se trouvait le logement qu'il partageait désormais avec sa petite dernière.

En chemin, il eût le temps de réfléchir et d'analyser la situation. Sa proposition n'était pas si mal que ça, elle aurait même pu le rendre fou de joie. Seulement un détail faisait toute la différence, un renoi et non rebeu ne pouvait être son gendre.

Un brassage de culture était vu comme de la trahison par ses aînés.

Il aurait pû donné sa petite fille Hawa tout juste âgée de 18 ans sans hésitation, surtout qu'elle prenait de l'âge et qu'elle devait se trouver au plus vite un foyer avant de faire parler les rumeurs.

Mais Oumar ne voulait qu'une seule chose, le bonheur de sa princesse et ça ne serait sûrement pas un arabe qui allait le lui apporter. Le mieux pour elle était de se donner à un noir. Un homme pieux mais surtout, un noir. D'autant plus que les coutumes sont strictes et incontournables.

Noirs avec noirs, Arabes avec Arabes et pas de mixité sous peine de rejet.

Il ne lui restait plus qu'une chose à faire, trouver par tous les moyens possibles cet argent pour protéger sa fille dont l'avenir était menacé. Seulement, au cas échéant, il devait alors fermer les yeux sur ces coutumes...

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Vos avis seront les bienvenus pour cette fiction et j'espère que vous allez bien.

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Lady_Sy

PROMISEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant